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Trash Hero Myanmar part en guerre contre les déchets

Trash Hero BirmanieTrash Hero Birmanie
Écrit par David Hardillier
Publié le 20 décembre 2017, mis à jour le 20 décembre 2017

Aujourd’hui plus qu’auparavant, les questions écologiques sont au coeurs des débats un peu partout dans le monde. Mais dans les pays dits "émergents", les priorités ne sont pas les mêmes qu’ailleurs, les habitudes non plus et la gestion des déchets est souvent problématique. Rencontre avec Phone Kyaw Moe Myint, le fondateur de Trash Hero Myanmar, qui combat les mauvaises pratiques birmanes et tente d’élever les consciences.

L’endroit est calme, le soleil rayonne et les arbres en bordure du chemin procurent une ombre et une fraîcheur providentielles en ce début d’après-midi où le soleil est au plus chaud. Je me trouve au Yacht Club de Yangon. J’ai rendez vous avec Phone Kyaw Moe Myint, le fondateur de la section birmane de Trash Hero. 
Trash Hero est une initiative née en Thaïlande en 2013. Là-bas comme ailleurs, le problème du plastique n’est plus à démontrer, pas plus que ses ravages sur les plages et les paysages. Un groupe de personnes concerné par la cause s’est donc attelé à former des volontaires sur les effets nocifs de la présence de déchets dans la nature lors de campagnes de nettoyage de plages. Depuis, le mouvement s’est étendu à 42 pays, partout dans le monde, avec une forte présence en Asie.

C’est en 2016 que le mouvement à débuté en Birmanie. Phone Kyaw Moe Myint, vice-président de la fédération birmane de yachting et directeur du club de voile de Ngwe Saung, cherche à dynamiser la base nautique de Yangon. Il met pour cela en place une activité de stand up paddle et propose donc ainsi à tous une nouvelle manière de découvrir les beautés du lac Inya. Mais très rapidement, un constat s’impose: le lac Inya n’est plus le beau lac d’antan et les déchets plastiques s’accumulent de plus en plus sur les berges du lac. Pour les découvertes touristiques, ce n’est pas du plus bel effet. Il est important de rétablir l’ordre des choses et de nettoyer le site. C’est un ami de Phone Kyaw Moe Myint qui lui parle de Trash Hero et l’idée est rapidement mise en oeuvre. Ainsi donc, de manière régulière, à raison d’une fois par mois à Yangon, est organisée une session de collecte de déchets à laquelle tout le monde est convié. Le moment est convivial et c’est muni d’un masque, de gants de protection et de sacs poubelles que le ramassage peut commencer. Il ne faut que quelques heures aux plusieurs dizaines de bénévoles pour amasser non pas plusieurs dizaines mais plutôt plusieurs centaines de kilos de déchets. Vous reconnaitrez facilement les bénévoles de Trash Hero; tous portent le t-shirt jaune de l’organisation.

Pour le moment, aucune filière de traitement et de recyclage des déchets n’existe en Birmanie. Les déchets ramassés finissent donc dans l’une des trois décharges de la ville. Au delà des sessions mensuelles, il est possible de contacter Trash Hero pour une opération de ramassage dans son quartier ou autour de son entreprise. Une session de sensibilisation est alors organisée avant le ramassage afin de bien comprendre les pourquoi de la nécessité de faire attention à ses déchets et de consommer de manière plus responsable. La même chose est proposée pour les écoles. En effet, c’est dès le plus jeune âge qu’il faut sensibiliser les enfants afin que jeter un papier de gâteau dans une poubelle ne soit plus un fait exceptionnel mais un geste automatique. C’est ce que m’explique Phone Kyaw Moe Myint "le problème vient d’abord de l’éducation des enfants". Aucun programme n’est prévu pour parler aux enfants des problèmes du plastique sur l’environnement ni de l’importance de ne pas rejeter ses déchets dans la nature. Personne ne voit réellement l’impact. Et personne ne prend non plus la responsabilité, chacun pensant que c’est le travail de l’autre de ramasser une bouteille en plastique. Certains déchets sont cependant valorisés comme les canettes en métal, les bouteilles en plastiques (qui souvent leur état ont plus ou moins de valeur), les bouteilles en verre ou encore le matériel électronique. Une fois récoltés et triés, ils peuvent être modestement revendus pour être revalorisés. Mais il ne s’agit pas là de filière officielle de recyclage mais plutôt de petits marchés qui permettent à leurs acteurs de survivre, le plus souvent, des enfants de familles pauvres.

Le ramassage des déchets est une chose mais le mieux serait encore qu’il n’y en ait moins, voire plus du tout. Ceci est utopique bien entendu mais une des solutions qui existe pour consommer et donc produire moins de déchets est de réutiliser au maximum, notamment nos contenants. En effet, utiliser une gourde en métal ou un sac en tissu plutôt qu’une bouteille en plastique ou un sac à usage unique permettent de moins générer de déchets. Et donc de moins produire également! Il est préférable de remplir un contenant durable que d’utiliser à chaque fois un contenant jetable. C’est le prochain cheval de bataille de Phone Kyaw Moe Myint. Apprendre à réutiliser.

L’initiative Trash Hero Myanmar à certes débutée à Yangon mais elle est également présente à travers la Birmanie: à Ngapali, Inlay, Lashio, Mandalay par exemple et d’autres sites sont en train de se préparer à ouvrir une section locale. "Les Héros sont importants mais ils nous faut aussi des Champions, des personnes pour ouvrir de nouvelles antennes à travers le pays. Ceci peut être au niveau de sa rue, de son quartier, de sa ville ou de son district!" m’explique Phone Kyaw Moe Myint. L’important étant le fait d’agir. Et le terme Champion n’est hélas pas inapproprié car il n’est pas évident de rassembler les gens pour ramasser des déchets. Et le champion, comme les autres, est un bénévole. Les frais de fonctionnement et l’achat des protections et outils sanitaires pour les bénévoles sont couverts par des donations privées. Personne n’est rémunéré et Phone Kyaw Moe Myint a souvent dû mettre la main à la poche. Mais tout ceci n’est pas le problème principal, Trash Hero n’existe pas pour amasser un trésor mais bien pour tenter d’éduquer les gens aux problèmes du plastique et de la gestion de nos déchets. D’ailleurs dès que de l’argent reste dans les caisses après une intervention, il est aussitôt réinvestit dans le cadre d’une autre intervention dans une des autres antennes du pays si les fonds viennent à manquer.

Je vous invite à suivre Trash Hero Myanmar sur Facebook, vous aurez ainsi accès à toutes les informations nécessaires et notamment les dates des prochaines sessions de ramassage.

David Hardillier lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 20 décembre 2017, mis à jour le 20 décembre 2017

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