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Portrait d’un artiste philanthrope: Aung Ko Ko

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Crédit: Camille Pennec
Écrit par Camille Pennec
Publié le 6 janvier 2019, mis à jour le 6 janvier 2019

Aung Ko Ko est un jeune manager d’hôtels à Mandalay. Originaire d’Amarapura, circonscription du sud de Mandalay, fameuse pour la fabrication de Longyi et pour son pont en tek vieux de plus de 170 ans, il s’initie enfant à la peinture en observant son père et ses amis artistes peindre. Sans jamais suivre de formation artistique, il améliorera plus tard sa technique en regardant des vidéos YouTube. 

Ses envies l’ont amené à étudier les langues (il parle un peu français après un passage à l’Université des langues étrangères de Mandalay) et à voyager, notamment en Angleterre et à Singapour. Il est finalement revenu travailler à Mandalay où il a décoré de scènes et paysages birmans les hôtels où il travaille. Il jongle avec le management de trois hôtels et circule dans un triangle urbain plein de vie où il a commencé à remarquer certains visages dans la rue. De fait, en face d’un hôtel qu’il manage une femme est assise dans ce qu’il semble être sa “maison”. Un toit en bambou, une seule pièce, et une planche posée au-dessus du drain noir en guise de patio. Son magasin et son garage sont là, sur la rue. Elle répare les vélos et les pneus de moto, elle vend de l’essence dans des bouteilles en plastique, et elle ramasse les déchets qu’elle revend ensuite. En somme, une habitante des rues comme on en voit fréquemment dans les villes birmanes, là où la place le permet. 

“The Iron Bike Lady” 

Elle nous sourit, son âge est indéfinissable. Elle est assise à croupie “à la birmane”, genoux pliés et les pieds complètement à plat au sol. Elle n’a rien mais nous offre à manger. Mais comment est-elle arrivée là, seule ? C’est ce que veux savoir Aung Ko Ko, il veut connaître son histoire avant de peindre son portrait. C’est peut-être pour cette raison qu’il arrive à capter son regard triste et souriant à la fois dans le portrait qu’il intitule “The Iron Bike Lady”, “la femme au vélo de fer” qu’il décrit ainsi : “ Cette adorable grand-mère s’appelle Ma Tin Htae, mais tout le monde l’appelle Ma Htae. Son oncle la nomma ainsi paraît-il parce qu’elle apparaissait trop petite et mal portante étant bébé. Enfant, elle tomba en effet gravement malade et ses parents la jetèrent à la poubelle pensant qu’elle était morte. Il s’avéra qu’elle n’était pas morte mais ne fut jamais autorisée à revenir au village à cause de croyances traditionnelles superstitieuses. C’est ainsi qu’elle arriva à Mandalay pour vivre avec son oncle. “Htae” signifie petite en birman, et non pas morte. Elle ne reçut jamais d’éducation et habitat à de nombreux endroits différents à Mandalay au fils des péripéties de sa vie. Elle fut mariée à 13 ans à un homme de la rue qui la quitta il y a une vingtaine d’années. Elle répare les vélos dans la rue 89 à Mandalay, elle a appris à faire ça depuis qu’elle est petite. Elle ne peut plus travailler autant qu’avant du fait de son âge, mais elle continue de se battre pour vivre.” 

Aung Ko Ko met en lumière ceux qui vivent dans l’ombre des rues brûlantes et poussiéreuses de Mandalay. Il s’agit seulement d’un des aspects philanthropes des portraits d’Aung Ko Ko car il reverse l’argent de la vente de ses tableaux directement à ses sujets d’art. Il a récemment vendu la peinture de Ma Htae à un client de son hôtel, qui a pu la rencontrer, et lui verser directement l’argent.
Si vous passez par Mandalay, retrouver Aung Ko Ko à l’hôtel Royal Yadanarbon (rue 89 entre la rue 22 et la rue 23) il aura peut-être de nouveaux portraits à vous montrer. En attendant, vous pouvez consulter sa page facebook : “Philanthropic Artistic Soul”. 

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Publié le 6 janvier 2019, mis à jour le 6 janvier 2019

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