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Police et justice dans le box des accusés

Le procès du moine Wirathu commencera cette semaineLe procès du moine Wirathu commencera cette semaine
Le moine Wirathu, en fuite, est-il vraiment recherché par la police ?
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 7 novembre 2019, mis à jour le 7 novembre 2019

L’arrestation en Thaïlande mercredi 6 novembre du PDG en fuite de l’entreprise National Prosperity gold mining, après plus d’un an de cavale pour de nombreuses malversations et pour l’exploitation illégale de mines d’or, suscite des remous au sein du pouvoir birman. Le 14 octobre dernier, Soe Tun Shein avait été reconnu dans Suvarnabhumi, le principal aéroport international de Bangkok, et la personne qui l’avait identifié avait alors pris la peine de le photographier ainsi que le véhicule dans lequel il avait quitté l’aéroport. Sans arrestation immédiate. Et même si finalement l’homme a été interpellé, pour U Tun Tun Oo, député de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) actuellement au pouvoir, la question reste ouverte et importante d’identifier dans les détails comment un fugitif notoire sous mandat d’arrêt international a pu ainsi ouvertement et en toute impunité se promener dans la région, prendre l’avion, passer des contrôles de sécurité, sans être inquiété ? Pour l‘élu la réponse est simple et claire : connections, protection, corruption. Soe Tun Shein aurait bénéficié de la bienveillance au mieux passive des forces de sécurité et de la justice.

Et malheureusement, poursuit U Tun Tun Oo, ce PDG véreux n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de malfrat se moquant de la loi avec la complicité de ceux censés la dire et la faire respecter. Le député d’ainsi remarquer que le moine raciste et ultra-nationaliste Wirathu ou l’ancien député et ex-lieutenant-colonel Hla Swe ne sont toujours pas en prison bien qu’ayant été accusé de « sédition » et étant l’un comme l’autre sous le coup de mandats d’arrêt. La police était probablement trop occupée à arrêter les artistes se moquant des militaires, cas précis où les inculpés sont toujours pourchassés et trouvés avec diligence… A noter qu’en Birmanie, la police relève du militaire et non du civil.

U Tun Tun Oo note encore que, selon une publication de juin dernier par la police elle-même, une vingtaine de suspects de haut rang – juges, commissaires, procureurs, hauts fonctionnaires… - sont « recherchés » sans succès depuis 2014 ou 2015 pour certains. Le cas le plus emblématique étant celui de l’assassinat de l’avocat U Ko Ni à la sortie de l’aéroport de Yangon, en plein jour, et dont le commanditaire supposé, l’ancien lieutenant-colonel Aung Win Khaing, a pu s’enfuir sans souci après l’émission d’un mandat d’arrêt contre lui. Il est même prouvé que l’ancien militaire a dans un premier temps rejoint Nay Pyi Taw avant de disparaître des radars ; Nay Pyi Taw, qui dispose du plus sophistiqué et onéreux des systèmes de surveillance et de vidéo-surveillance de toute la Birmanie… Et le parlementaire de rappeler que le refus d’arrêter un suspect est passible de poursuites…

U Myo Tint, juge de la Cour suprême, a réagi à cette mise en cause, en mentionnant devant le parlement les diverses lois dont le pays dispose pour lutter contre cette passivité et cette connivence. « Nous avons tout l’arsenal juridique nécessaire pour combattre ceux qui essaient d’échapper à la justice. Mais il faut bien comprendre que le rôle des tribunaux est de juger et éventuellement condamner, pas de pourchasser et trouver les accusés ; cela c’est le rôle de la police. Il ne faut pas tout confondre ». Le juge ajoute qu’en Birmanie, tout citoyen peut procéder à l’interpellation d’un individu sous le coup d’un mandat d’arrêt, que cela n’est pas la prérogative de la police. « Pour sa part, la justice agit en émettant les mandats d’arrêts, en saisissant ou mettant sous scellés les biens des accusés, et éventuellement en revendant ces biens. Nous avons un cadre judiciaire clair pour tout cela et ceux qui refusent de se présenter devant la cour doivent être jugés in absentia. Les enquêtes et les arrestations relèvent de la police, avec l’aide des citoyens. »

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Publié le 7 novembre 2019, mis à jour le 7 novembre 2019

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