Pour avoir essayé d’exporter en fraude pas loin d’un millier de tonnes de teck, bois de rose, bois noir de bas en 2017, neuf hommes ont reçu chacun une peine de 10 ans de réclusion.
La nouvelle a de quoi réjouir lorsque l’on sait que le trafic de bois exotique est un mal endémique de la Birmanie, à l’origine bien sûr de beaucoup de déforestation et donc de perte de biodiversité et de catastrophes naturelles : après une longue attente, neuf trafiquants de bois exotiques ont été condamnés à 10 ans de réclusion chacun par un tribunal de Yangon après que la Direction des forêts de la région de Yangon les avait arrêtés en flagrant délit au port international de Ahlone en janvier 2017. A l’époque, les autorités avaient saisi 13 containers en instance de départ qui renfermaient 33 tonnes de teck et 163 tonnes de bois transformé, le tout de la manière la plus illégale qui soit.
Le coup de filet organisé par la Direction régionale des forêts faisait suite à un « tuyau » obtenu par les officiels. Aussi, après la saisie en flagrant délit, les forces de l’ordre ont continué à fouiller les divers entrepôts liés aux trafiquants, pour récupérer au final 400 tonnes supplémentaires de bois de contrebande du côté de Mingaladon, 263 tonnes de bois de rose à Shwe Pyi Thar et encore 38 tonnes de bois de rose, de teck et de bois noir des Bas à Hlaing Thar Yar, tous ces sites se trouvant au nord de Yangon dans les principales zones industrielles du pays, couvertes d’usines et ne suscitant donc pas d’attention particulière lors du stockage et du transport des containers. La cour a ordonné la confiscation de tout le bois saisi et l’a octroyé à la Direction régionale des forêts afin qu’elle en fasse ce qu’elle souhaite, ce qui est le plus souvent une vente aux enchères.
Le trafic de bois exotiques constitue, avec l’exploitation minière illégale - notamment de jade et de gemmes - et les divers trafics de drogues, une source majeure de revenus pour les mafias de Birmanie. L’état a bien essayé à un moment de lutter, en déclarant en 2014 une interdiction absolue d’exportation de teck brut par exemple, ce qui facilitait considérablement la surveillance, mais sous la pression de divers lobbies, une autorisation partielle a été remise en place mi-2019 pour les exploitations légales enregistrées. Or, l’essentiel du trafic repose sur un principe de confusion entre les abattages légaux et illégaux puisque seuls quelques documents prouvent l’origine des troncs et qu’il est particulièrement facile de fabriquer des faux ou d’acheter la complaisance d’un responsable pour qu’il ferme les yeux sur des arbres abattus illégalement, dont la principale destination est la Chine voisine.
En 2017, alors même que l’interdiction d’exporter était absolue, la Direction régionale des forêts a saisi plus de 40 000 tonnes de bois illégal. Entre janvier 2016 et juin 2019, la quantité de bois coupé et vendu illégalement est estimée a plus de 140 000 tonnes… La déforestation en Birmanie est à l’origine de glissements de terrains et amplifie les conséquences des inondations aujourd’hui annuelles. Elle est en outre un facteur de réchauffement climatique et de perte de biodiversité.