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Mort pour la France en Birmanie

Le caporal Methia, mort pour la France en BirmanieLe caporal Methia, mort pour la France en Birmanie

En 2014, le Délégué général du Souvenir Français pour la Chine et l’Asie, Monsieur Claude Jaeck, alors en mission professionnelle à Yangon en Birmanie, découvrait avec étonnement la tombe d’un soldat français au beau milieu du cimetière militaire anglais de la ville.

 

Sauvé de l’oubli grâce au Commonwealth, Philibert Methia repose au cimetière militaire de Yangon. De Philibert Methia nous savons peu de choses si ce n’est qu’il est né le 29 mai 1916 à Bourbach le Haut (Haut-Rhin) et était célibataire. Le caporal Methia faisait partie du 10ème Régiment Mixte d’Infanterie Coloniale (10ème RMIC). Il est décédé le 27 octobre 1945 à Yangon dans des circonstances inconnues.

 

Plusieurs hypothèses sont envisagées, en lien avec trois contextes différents :

 

1/ La Birmanie, théâtre de la Seconde Guerre mondiale : l’offensive victorieuse de 1945.

L’offensive victorieuse de 1945 en Birmanie vient de deux fronts : au nord, les divisions chinoises et anglo-indiennes enfoncent les lignes japonaises en quelques semaines tandis qu’au centre du pays, à Mandalay, les troupes alliées provenant d’Inde immobilisent de nombreuses divisions japonaises. Ces dernières se battent avec ardeur. Elles profitent de la situation pour détruire une grande partie des édifices religieux de la ville. Bientôt, à cours d’artillerie et de munitions, laissant des milliers de morts, elles se retirent vers l’est.

Une nouvelle fois avec l’appui de l’aviation américaine, Winston Churchill, Premier ministre britannique, ordonne à Lord Mountbatten d’envoyer des milliers de soldats à la reconquête de la capitale d’alors Yangon. Au printemps 1945, des commandos, ceux de la Force 136 (principalement des Anglais, mais aussi plusieurs dizaines de Français), participent à cette offensive. Il s’agit d’être à Yangon avant la mousson. Comprenant qu’ils n’obtiendraient rien des Japonais, les nationalistes birmans dont Aung San changèrent de camp. Avec leur soutien, les Britanniques regagnèrent le terrain. Le caporal Methia a pu être tué lors de cette offensive.

 

Une autre hypothèse envisagée est celle de la jungle. En effet, dès mars 1945, des membres de la force 136 se sont joints aux Karens afin de tendre des embuscades aux troupes japonaises qui essayaient de s’enfuir en Thaïlande en passant par les montagnes. Ces combattants européens, donc facilement reconnaissables, se cachaient dans la jungle où ils enseignaient aux Karens à se servir d’explosifs et s’assuraient de la liaison radio avec le quartier général de la section birmane du SOE basé à Calcutta. Beaucoup de ces agents souffraient de dysenterie et de paludisme. Le caporal Methia aurait pu mourir dans la jungle dans le cadre de ces opérations et sa sépulture aurait été rapatriée au cimetière de Yangon.

 

2/ L’Indochine française durant la seconde Guerre Mondiale.

Une autre explication pourrait être que le caporal Methia accompagnait le rapatriement "manu militari" de l’amiral Decoux en France. En effet le 1er octobre 1945, sur ordre du général de Gaulle, l’amiral Decoux et une vingtaine de personnes de son entourage sont embarqués dans un avion Dakota pour la France. Le convoi a fait escale à Yangon où un détachement anglais a rendu les honneurs à l’amiral. Le caporal Methia aurait pu succomber à une fièvre locale contractée durant le voyage.

 

3/ La proclamation de l’indépendance du Vietnam.

Nous savons que le caporal Methia faisait partie du 10ème Régiment Mixte d’Infanterie Coloniale (10ème RMIC) et que ce régiment, stationné à Haiphong au Vietnam, avait reçu pour tâche la défense de tout l’Annam, alors une région de l’Indochine française. Le 2 septembre 1945, Hô Chi Minh proclame l’indépendance du pays au nom du gouvernement provisoire de la République démocratique du Viêt Nam. Les troupes du Royaume-Uni, au sud, et de la République de Chine, au nord, investissent ensuite le pays. Le 12 septembre, suivant de peu le commando de l’OSS du lieutenant-colonel Albert Peter Dewey, les troupes de la 20e division indienne du major général Douglas David Gracey de l’Armée des Indes britanniques, marchent sur Saïgon. Elles sont suivies par les premiers soldats français sous uniforme britannique à avoir pu débarquer à savoir les hommes du 5e régiment d’infanterie coloniale, du Corps Léger d’Intervention. Les Britanniques entrent les premiers et les Français ne reçoivent l’autorisation de réinvestir la ville qu’à la fin septembre. Lors des violences anti-européennes qui éclatèrent dans Saïgon fin septembre/début octobre 1945, des britanniques et des soldats français blessés dans les combats auraient été évacués à l’hôpital militaire britannique de Yangon car l’hôpital était grand et neuf et bénéficiait d’équipements modernes. Il se peut donc que le caporal Methia y soit décédé des suites de ses blessures. Tout soldat étranger décédé dans un hôpital militaire britannique était enterré dans les cimetières de guerre du Commonwealth.

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Publié le 14 août 2019, mis à jour le 14 août 2019

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