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Les tenailles de Bagan

Les tenailles de Bagan en BIrmanieLes tenailles de Bagan en BIrmanie

A l’intérieur de l’une des nombreuses pagodes de Bagan, il y avait autrefois une paire de tenailles gigantesques. Les juges royaux avaient l’habitude de convoquer les deux parties d’un procès dans cette pagode, et chacune d’entre elle devait plaider sa cause les deux mains entre les tenailles. S’il arrivait qu’une personne fasse une fausse déclaration, les tenailles lui coupaient alors aussitôt les mains. Si bien que plus personne dans le pays n’osait rompre un contrat ou commettre un tort, et que les juges royaux vivaient la belle vie sans plus aucun jugement à rendre.

Un jour, un marchand confia un kilo d’or à un moine Ari avant de partir en voyage. Ce dernier était également l’intendant du monastère, auquel le commerçant avait l’habitude de faire des donations. Durant l’absence du marchand, le moine Ari se creusa la tête afin de trouver le moyen de tromper non seulement le commerçant mais également les tenailles. Finalement, il parvint à mettre au point un plan redoutable. Il évida son bâton et y versa l’or qu’il avait fait fondre au préalable. Puis, il ferma l’ouverture avec un cachet de cire. Quand le marchand revint et réclama son kilo d’or, le moine Ari mentit en disant que l’or lui avait déjà été retourné. Le marchand nia, le moine insista. Et chacun demeura sur ses positions sans que la dispute ne puisse être tranchée.

Le marchand alla donc porter plainte contre le moine Ari et tous deux se retrouvèrent face aux juges royaux et aux tenailles. Le marchand, en qualité de plaignant, alla faire sa déposition le premier. Plaçant ses mains entre les tenailles, il déclara sous serment : « Je jure avoir confié un kilo d’or au moine et je jure également que cet or ne m’a pas été rendu ». La foule, qui était venue assister en masse au procès, observa les tenailles avec attention. Mais celles-ci restèrent immobiles. Le moine Ari s’avança, en s’appuyant sur son bâton. Arrivé à hauteur du marchand, il lui demanda : « Mon ami, peux-tu tenir mon bâton pendant que je mets mes mains entre les tenailles ? ». Le marchand accepta et tint le bâton, sans rien soupçonner. Le moine Ari fit donc sa déclaration : « Je jure que le marchand m’a bien confié un kilo d’or, mais je jure également lui avoir rendu son or, qui est maintenant en sa possession ». La foule regarda attentivement les tenailles, s’attendant à les voir se refermer sur les mains du moine. Mais celles-ci demeurèrent immobiles. Le juge resta abasourdi, alors que la foule commençait à crier : « Les tenailles sont inutiles, les tenailles sont injustes ! L’une des deux parties a forcément menti et pourtant les tenailles les laissent aller tous deux impunis ! ». Ils continuèrent ensuite à se moquer des tenailles.

Le juge, cependant, réfléchit longuement au cas et, finalement, parvint à comprendre le tour que leur avait joué le moine Ari. L’enquête qu’il commanda par la suite prouva qu’il avait eu raison. L’or fut rendu au marchand et le moine Ari fut condamné pour vol. Mais les tenailles n’avaient maintenant plus que du mépris pour les affaires des hommes, à la suite de ce procès, et elles refusèrent de collaborer plus longtemps à l’administration de la justice. Les tenailles ne coupèrent plus jamais les mains des témoins, mêmes si ceux-ci mentaient grossièrement.

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Publié le 14 novembre 2019, mis à jour le 14 novembre 2019

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