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Les principales ethnies de Birmanie soutiennent la plainte gambienne

Les associations posant après avoir déposé leur lettre de soutien à la Gambie au bureau des Nations-Unies de Yangon, en BirmanieLes associations posant après avoir déposé leur lettre de soutien à la Gambie au bureau des Nations-Unies de Yangon, en Birmanie
Les associations posant après avoir déposé leur lettre de soutien à la Gambie au bureau des Nations-Unies de Yangon
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 15 décembre 2019, mis à jour le 16 décembre 2019

Ce fut l’information de la semaine, certains médias poussant la démagogie ou la flatterie jusqu’à diffuser « en direct » - en fait depuis des bureaux dans Yangon – les trois jours de session : le déplacement de Daw Aung San Suu Kyi à La Haye afin de défendre la Birmanie contre la plainte pour « génocide » déposée devant la Cour internationale de justice, une instance des Nations-Unis, par la Gambie, au nom de l’Organisation de coopération islamique, le 10 novembre 2019.

Les différentes parties attendent maintenant la décision de la cour mais le choix de la principale dirigeante du pays, icône déchue des droits Humains, de plaider elle-même l’absence de génocide a suscité de multiples commentaires internationaux et surtout une vague de propagande orchestrée par son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), à travers tout le pays. Spots publicitaires dans les bus sous le slogan « Tous ensemble derrière Daw Aung San Suu Kyi », manifestations de soutien dans certaines villes du pays, et utilisation des médias d’état – mais pas que… - pour donner un sentiment d’union sacrée derrière une dirigeante charismatique.

Las, si cette impression superficielle peu satisfaire un observateur non-averti, les manifestations de soutien n’ont pas mobilisé les foules attendues – des milliers de personnes dans le pays mais pas les dizaines ou centaines de milliers espérées – ce qui corrobore la perte d’influence de la LND auprès des populations déçues de l’absence d’améliorations tangibles de leurs situations sociales et économiques, et pointe surtout le clivage de plus en plus patent entre la majorité ethnique des Bamas (ceux que les Occidentaux appellent birmans) et les autres communautés du pays : Chin, Kachin, Karen, Arakanais, Mon, Karennis, Shan…

C’est ainsi qu’une coalition d’associations ethniques et d’organisations de défense des droits Humains a officiellement déposé une lettre en faveur de l’action de la Gambie au bureau des Nations-Unies à Yangon. Une lettre déclarant ouvertement que ces organisations « soutenaient totalement les poursuites lancées par la Gambie contre les dirigeants de l’armée régulière birmane (la Tatmadaw) qui viole la convention des Nations-Unies sur le génocide et contre ceux qui protègent ces militaires ». Ces associations, dont le Réseau des femmes en faveur de la démocratie et de la paix, l’Union des femmes karens, la Fédération ethniques des agriculteurs et les Jeunes pour une nouvelle société, disent que « en Birmanie, les communautés ethniques n’ont pas la possibilité d’agir légalement contre les exactions des militaires, nous soutenons donc ceux qui ont cette possibilité au plan international ».

Le 9 décembre dernier, à la veille du début des auditions à La Haye, 17 associations Shan avaient elles-aussi rendu public une déclaration de soutien à l’initiative gambienne, affirmant que « tant que les militaires seront dans l’impunité, les atrocités systématiques contre les minorités ethniques persisteront ». La semaine précédente, 48 organisations karens avaient publié un document similaire, condamnant de même la Tatmadaw, réclamant justice et soutenant l’action de la Gambie. Des représentants du Comité de coopération nationale de la diaspora des Mons ont également annoncé soutenir la plainte « parce que la communauté des Mons souffre aussi des exactions de la Tatmadaw ».

Pour l’un des dirigeants de ce comité, la LND induit les gens en erreur en prétendant qu’il s’agit « d’un pays poursuivant un autre pays. En fait, ce sont ne sont pas des poursuites contre la Birmanie mais contre certains Birmans qui violent les droits Humains ». Une opinion que partage la présidente de l’Union des femmes karens, Naw Ohn Hla, quand elle considère que « les manifestations en faveur de Aung San Suu Kyi peuvent donner l’impression que la population soutient un génocide, mais ce n’est pas le cas. Aung San Suu Kyi et la LND utilisent les gens et leur mentent, et comme la plupart ne comprennent pas la situation, ils se font manipuler ».

Il est en effet clair qu’une grande partie de la population soutient aveuglément Daw Aung San Suu Kyi, même si le nombre de ces soutiens décline et que dans l’ensemble la majorité des gens se focalise surtout sur les grandes difficultés du quotidien et ne s’intéresse finalement guère – au mieux – à ce qui se passe dans l’Arakan ou à La Haye.

Sur le plan politique, les divers groupes armés se sont divisés sur la question de qui soutenir dans la plainte devant la Cour internationale de justice. La puissante Armée de l’état wa uni appuie Nay Pyi Taw lorsque l’Armée de libération nationale karen se place du côté de la Gambie. Mais nouvelle pierre dans le jardin du gouvernement birman, les groupes armés ethniques signataires de l’Accord national de cessez-le-feu – le document de référence dans les négociations pour la paix qui périclitent depuis quatre ans maintenant – ont appelé officiellement « la Birmanie à adhérer et à respecter les traités internationaux afin de progresser vers la paix ».

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Publié le 15 décembre 2019, mis à jour le 16 décembre 2019

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