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Le média Mizzima fait un appel au financement participatif

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La clef de la campagne de Mizzima
Écrit par Rédaction lepetitjournal.com Birmanie
Publié le 1 juillet 2019, mis à jour le 2 juillet 2019

Comme tant d’entreprises en Birmanie, le média indépendant Mizzima fait face à un obstacle majeur pour son développement : disposer de ses propres bureaux et pouvoir les adapter ou les transformer à sa guise. En Birmanie, louer un espace, que ce soit un appartement, une maison ou des bureaux, met le loueur dans une situation d’infériorité, les bailleurs ne respectant souvent pas les lois et considérant que tous les frais relatifs à la location quels qu’ils soient... sont à payer par le loueur. De plus, les baux se signent pour six mois au minimum et un an au maximum dans l’immense majorité des cas, sans renouvellement obligatoire et sans garantie de loyer sur la durée, le montant de la location se payant en intégralité en une fois. Conséquence : si vous faites des travaux d’amélioration de votre location, le risque est grand que le propriétaire exige un loyer supérieur pour l’année suivante ! En outre, La Birmanie, malgré une percée récente des paiements numériques, reste un royaume de l’argent liquide, et parfois dans le paiement de son loyer le plus difficile est de trimballer les kilogrammes de billets, le billet de 10 000 kyats étant la plus haute valeur faciale dans le pays.

Dans le cas de Mizzima, le problème est avant tout l’augmentation régulière de son loyer - environ 15% par an - et la pérennité, pouvoir investir sans avoir à se préoccuper du risque de non-renouvellement d’un bail qui lui ferait alors tout perdre puisque toutes les modifications restent la propriété du bailleur. Or les médias en Birmanie sont dans un processus de transformation rapide et profond : si la presse écrite circule et se vend encore considérablement, l’argent se déplace vers les informations en ligne et la télévision. Pour cela, Mizzima nécessite de vrais studios, et des locaux professionnels permettant à ses journalistes et autres salariés de travailler dans des conditions correctes.

Pour se sortir de cette nasse financière du loyer annuel qui requiert une énorme trésorerie et limite considérablement les capacités de développement des petites et moyennes entreprises, le fondateur et directeur général de Mizzima, U Soe Myint, a décidé de recourir au financement participatif. Dans une campagne intitulée “La clef de Mizzima”, il propose à chacun de prendre une part active dans la lutte de son média pour sa survie et son indépendance en achetant une clef symbolique sur laquelle le nom de l’acquéreur sera gravé. Un double de cette clef pendra à l’entrée des futurs bureaux de Mizzima. L’objectif de la campagne est de récupérer de l’ordre de 750 millions de kyats (environ 450 000 euros) et la collecte de fond a commencé le 21 juin dernier, allant jusqu’au 21 juin prochain. Les contributions vont de 30 000 kyats (environ 18 euros) jusqu’à 150 000 kyats pour les personnes, et de 750 000 kyats (environ 450 euros) à 3 millions de kyats pour les institutions et entreprises. Au moment où nous écrivons, une centaine de clefs sont vendues pour un montant d’environ 4,5 millions de kyats.

Mizzima est né à New Delhi, en Inde, en 1998, créé par des réfugiés birmans fuyant la dictature de leur pays. Lorsque la Birmanie s’est ouverte de nouveau, Mizzima a été le premier média indépendant à revenir d’exil, début 2012, pour devenir aujourd’hui l’un des deux principaux médias indépendants de Birmanie. Mizzima compte aujourd’hui plus de 100 salariés, dont la moitié a moins de 30 ans, la plupart des dirigeants ayant eux-mêmes moins de 40 ans.

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Publié le 1 juillet 2019, mis à jour le 2 juillet 2019

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