Le 26 juin 2021, désignée Journée internationale contre l'abus et le trafic de drogues, la Birmanie, la Chine, le Laos et la Thaïlande ont repris officiellement leur système de patrouilles conjointes sur le Mékong afin de lutter contre le trafic de drogues et la contrebande endémiques de la région. Selon l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la région autour du Mékong et de ses principaux affluents, parfois qualifiée de Triangle d’or, constitue la plus grande zone productrice de méthamphétamine et d'opiacés au monde. Et ce même ONUDC affirme que les institutions multilatérales et le partage des renseignements sont les moyens les plus efficaces de contrer ces genres de trafic.
Pour la Chine, il s’agit aussi d’un enjeu d’influence car les 600 km navigables du Mékong représentent un axe de pénétration commerciale et de de croissance économique vers les pays riverains et plus largement vers l'Asie du Sud-Est. La valeur annuelle des échanges de la Chine avec les pays du Mékong a dépassé les 215 milliards d’euros en 2018. Quant à la Birmanie, cette reprise est un gage de bonne volonté sur des aspects – la lutte contre le trafic de drogue - que les puissances occidentales, dont l’Australie et les Etats-Unis, considèrent comme essentiels et de ce fait, ces patrouilles apportent une pierre de plus à l’édifice de la reconnaissance internationale du nouveau pouvoir à Nay Pyi Taw.
Au point de vue pratique, cette coopération transfrontalière a été entamée en décembre 2011 et la patrouille qui a commencé le 26 juin est la 106ème du genre. Sur plusieurs navires, dont trois chinois partis du port de Jingha, dans le Yunnan, des policiers et douaniers des quatre pays vont naviguer durant plusieurs jours sur les plus de 600 km navigables du fleuve. De plus, comme la saison des pluies a commencé et qu’en conséquence la montée des eaux du Mékong aussi, les équipages assureront également un travail d'information auprès des navires marchands ou civils afin de garantir la sécurité de la navigation.
Annoncées à l’avance et limitées dans le temps, ces patrouilles sont avant tout symboliques et n’ont pas d’impact significatif sur les trafics régionaux. Elles forment cependant un levier important de l’influence régionale de Pékin.