« Les Etats-Unis craignent sérieusement qu'un stock d'armes chimiques soit toujours présent dans une infrastructure historique de Birmanie ». C’est en ces termes que Thomas DiNanno, haut fonctionnaire au Secrétariat d'Etat américain pour la défense, s’est exprimé lundi 25 novembre lors de l’ouverture de la réunion annuelle (du 25 au 29 novembre 2019) de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), basée à La Haye.
D'après Thomas DiNanno, Washington dispose d'informations selon lesquelles la Birmanie « avait un programme d'armes chimiques dans les années 1980, qui comprenait un programme de développement de gaz moutarde au soufre et une infrastructure de production d'armes chimiques ». Ce qui amène « les Etats-Unis à certifier que la Birmanie n'est pas en conformité avec la Convention sur l'interdiction des armes chimiques, en raison de son échec à déclarer son ancien programme sur les armes chimiques et à détruire son infrastructure d'armes chimiques », a conclu Thomas DiNanno. En 2015, la Birmanie a été le 191ème pays a adhéré à cette convention qui interdit la production, le stockage et l'utilisation de telles armes et est entrée en application en 1997, sous le contrôle de l’OIAC. Le haut fonctionnaire étasunien a tenu à préciser que son pays avait été en contact avec le gouvernement civil et les hauts gradés birmans sur ce sujet sensible et que les Etats-Unis « se tenaient prêts à aider la Birmanie » à détruire ces armes chimiques si Nay Pyi Taw en faisait la demande.
Ce qui a priori ne sera pas le cas puisque le général Zaw Min Tun, porte-parole de l’armée birmane, a déclaré dès le lendemain mardi que « l’armée birmane n’avait jamais eu de programme de recherches ou de production d’armes chimiques, pas plus d’ailleurs que d’armes biologiques ou nucléaires. L’armée birmane n’a pas la moindre idée de ce dont parle les Etats-Unis ou de ce à quoi ils font référence ».
L’accusation n’est pourtant pas nouvelle pour le pays. En 2005, des défenseurs des droits Humains basés à Londres avait affirmé que la dictature birmane utilisait des armes chimiques contre la guérilla karen. En 2013, un rapport parlementaire affirmait que la police birmane avait fait usage de phosphore en 2012 et gravement brûlé plusieurs des manifestants s’opposant à la mine de Letpadaung, dans la région de Sagaing. Il y a également eu des affirmations d’un usage d’armes chimiques en 2013 contre la rébellion de l’Armée de l’indépendance Kachin, dans le nord du pays, et en juillet 2014, cinq journalistes birmans ont été condamnés à dix ans de prison avec travaux forcés pour un article accusant un complexe militaire de produire des armes chimiques.