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J’ai testé pour vous : le trekking à Hsipaw

Trekking à Hsipaw en Birmanie_1Trekking à Hsipaw en Birmanie_1
Écrit par Marie-Sophie Villin
Publié le 19 décembre 2018

Le trekking en Birmanie est souvent associé à celui, très touristique, partant de Kalaw dans l’état de Shan pour arriver au lac Inle. Il y a pourtant de nombreuses autres possibilités à travers le pays, notamment aux alentours de Hsipaw, dans le nord de ce même état de Shan.

La destination est ouverte au tourisme mais encore moyennement fréquentée. Pour y accéder depuis Yangon, il faut prendre au choix un bus direct qui peut prendre de 12 à 16 heures ou un bus jusqu’à Mandalay ou Pyin Oo Lwin et continuer en train. Cette ligne de train est réputée pour passer au-dessus du viaduc de Gokteik  et offrir une expérience de taille. La vue du côté gauche du train est imprenable et donne directement sur le vide. Il faudra toutefois compter 8h de bus jusqu’à Mandalay puis 11 heures de train ou 12 heures de bus jusqu’à Pyin Oo Lwin suivies de 6h30 de train.
J’ai choisi l’option bus jusqu’à Pyin Oo Lwin puis train jusqu’à Hsipaw. Ce fût ma première expérience en train en Birmanie et je ne l’ai pas regrettée. En début de période de mousson, les paysages montagneux étaient d’un vert incroyable tranchant avec le rouge surprenant des rivières et les nuages donnaient une profondeur incomparable au ciel.

Avant d’arriver à Hsipaw, nous avions contacté Mr. Bike par Facebook. Il nous avait été conseillé pour le trekking. Pas de problème, il est disponible ce week-end-là. Dans le train, nous trouvons un couple de Britanniques qui ont aussi prévu de faire le même trekking de deux jours et une nuit. C’est à notre avantage à tous : à deux, le prix est de 80 000 kyats par personne ; à quatre il est de 40 000 kyats. Le lendemain de notre arrivée à Hsipaw, rendez-vous à 8h. En toute saison, pensez à prendre de vraies chaussures de marche. Durant la mousson, n’oubliez pas une veste de pluie ou même un poncho qui vous couvrira entièrement. Le reste du temps, prenez plutôt lunettes de soleil et crème solaire. 
Mr. Bike nous présente Mr. Forest, qui sera notre guide pour les deux jours. Son anglais n’est pas excellent mais largement suffisant. Mr. Bike, avant de littéralement nous lâcher dans la nature, nous raconte qu’il a ouvert cette agence de trekking il y a trois ans. Lorsque je lui dis que je suis Française, il s’exclame "il y a beaucoup moins de Français que ce à quoi je m’attendais !" Puis il me donne des chiffres, plutôt approximatifs : les Français ne représenteraient qu’un quart de ses clients. Cela me paraît déjà énorme. Un pick-up vient nous chercher. Mr. Bike nous dit à demain. En chemin jusqu’au village qui est le point de départ du trekking, Mr. Forest nous explique son histoire : il a travaillé pendant plus de 30 ans pour le département des Forêt du ministère des Ressources Naturelles et de la Conservation de l’Environnement. Voilà de quoi nous rassurer : il connaît les environs comme sa poche. Nous arrivons au premier village. Le guide nous répète plusieurs fois qu’il est à notre disposition si jamais nous avons la moindre question. Puis il commence à nous expliquer des traditions Shan. Par exemple, il y a toujours deux portes d’entrée aux chaumières : une pour les invités, une pour les hôtes. Très vite, nos pas nous mènent hors du village et nous nous retrouvons au cœur de champs de thé puis arrivent des rizières en étage. L’humidité est constante et il pleut régulièrement mais cela ajoute un charme particulier aux paysages. Au bout de deux heures de marche, nous arrivons dans un autre village Shan où nous nous arrêtons pour boire un verre de thé. Une nouvelle personne nous rejoint : un porteur, transportant notre nourriture pour le reste de la journée et le lendemain. Lui ne parle pas un mot d’anglais.

En sortant du village, nous nous retrouvons vite dans la forêt. L’ambiance est différente, nous passons des grands espaces de plantations à vue dégagée offrant une vue sur les autres montagnes au loin, à un chemin abrité par d’immenses arbres et bordé de buissons. Mr. Forest est toujours là pour nous raconter des anecdotes. Il nous fait également goûter une figue qu’il vient de cueillir : sans nous en rendre compte, nous commencions à avoir faim. Et ça tombe bien, car nous arrivons dans la hutte qui nous accueille pour le déjeuner. Au menu, riz avec plusieurs accompagnements de légumes. Typiquement Shan. Après cette pause de réconfort, la partie la plus difficile du trekking commence : l’ascension. Nous passons à travers des forêts sublimes de pins et de bambous. La montée est ardue mais l’ambiance hors du temps : les arbres nous entourent et les nuages entourent les arbres. Après quelques heures de marche, Mr. Forest nous montre, au loin, une tâche rouge. C’est le toit de la cabane dans les arbres dans laquelle nous allons dormir. Encore 45 minutes de marche et nous y sommes. 
Il y a deux cabanes. La première avec une grande terrasse et une chambre au-dessus. La deuxième, dans laquelle nous allons dormir, comporte deux chambres. La vue est à couper le souffle. Entièrement dégagée, elle nous permet de voir les villages dans la vallée et les multiples collines des environs. Les nuages volumineux envahissant le ciel transforment la profondeur du paysage selon la quantité de soleil qu’ils laissent passer. Le paysage est comme en mouvement, il évolue à chaque seconde. Nous passons un long moment sur les chaises longues à en profiter. Le lendemain, le petit-déjeuner est déjà prêt lorsque nous nous réveillons.
En raison du mauvais temps, nous n’allons pas prendre le chemin prévu pour redescendre. Il faudrait franchir beaucoup de rivières dont le niveau, à cause de la pluie, a trop augmenté. Nous prenons donc le même chemin qu’à l’aller. La descente s’avère, comme souvent, plus simple que la montée. Au bout de quatre heures entrecoupées par quelques pauses, nous nous arrêtons au village où nous avions bu du thé la veille. Une salade de feuilles de thé nous avait été préparée. Nous repartons, repassons par les mêmes rizières que la veille qui nous éblouissent une nouvelle fois et, bientôt, nous voilà de retour dans le village qui était notre point de départ. Le pick-up nous ramène à Hsipaw où nous buvons un dernier verre de thé en compagnie de Mr. Forest. Nous ne nous attardons pas, notre bus pour Yangon nous attend après un week-end de trois jours aux antipodes de l’agitation de la plus grande ville du pays, dans une nature qui semble encore préservée de toute activité humaine. 

photo moi
Publié le 19 décembre 2018, mis à jour le 19 décembre 2018

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