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Elections YCDC: débrief avec le candidat Alex Aung Khant

Elections YCDC- débrief avec le candidat Alex Aung KhantElections YCDC- débrief avec le candidat Alex Aung Khant
Écrit par Sébastien Lafont-Frugier
Publié le 7 avril 2019, mis à jour le 7 avril 2019

Les élections pour la ville de Yangon viennent de se terminer après un mois de campagne intensive et les résultats sont déjà annoncés ; et cela ressemble à un raz de marée de la part de la Ligue Nationale pour la Démocratie (NLD).
Les six postes du Comité pour le Développement de la Ville de Yangon (YCDC)  lui sont acquis ainsi que les 83 des 99 postes restants. Les positions restantes, soit 16, sont allées à des candidats non affiliés. C'est ainsi presque un carton plein pour le NLD qui présentait 90 candidats et dont 89 sont ressortis vainqueurs.  Six ont donc été élus au Comité même, 51 dans les districts de la ville et 32 aux postes de présidents de ces districts municipaux. Se présentaient en tout 273 candidats dont 160 étaient indépendants ou non affiliés. 23 candidats représentaient le Parti pour le Développement et la Solidarité de l'Union (USDP). C'est donc une victoire écrasante du NLD qui ne laisse aucun poste à son rival politique principal, le USDP, allié inconditionnel de l'armée, et seulement 16 sièges aux candidats libres. Le plébiscite est cependant à relativiser. En effet, selon l'organisme indépendant qui surveillait les élections, l'Alliance du Peuple pour des Elections Crédibles (PACE), un peu moins de 10% des trois millions d'électeurs enregistrés se sont présentés devant les urnes. Il y a également eu quelques irrégularités, comme des personnes non-enregistrées qui auraient été autorisées à voter mais ces irrégularités, selon les organismes de surveillances, seraient plus de l'ordre de l'anecdotique.

Lepetitjournal.com Birmanie a rencontré l'un des plus jeunes, sinon le plus jeune et très certainement le plus

francophone des candidats à ces élections, Alex Aung Khant, 25 ans, qui s'est donc présenté pour un des sièges du Comité dans la troisième circonscription électorale représentant 12 'townships', ce qui en fait la circonscription électorale la plus grande de Yangon et pour laquelle 10 candidats s'étaient déclarés. Aung Khant n'a pas gagné le siège qu'il convoitait mais se dit très satisfait d'avoir terminé 2ème avec 20 000 votes en sa faveur. C'est la candidate NLD Soe Lwin qui a remporté cette circonscription avec 28 780 voix. 
Aung Khant, 25 ans, se présentait pour la première fois en tant que candidat libre et ce bien qu'il soit membre du NLD depuis 2010. En effet, lorsque les candidatures ont été ouvertes, tous les membre du NLD ne pouvaient pas représenter le parti tout en étant autorisés à concourir aux élections. Puis un changement survenu trop tard a prévenu le jeune candidat de changer son statut. Mais cela n'est pas un problème selon lui : “Au départ des élections, les membres du NLD ne pouvaient pas être candidats NLD et puis ça a changé mais c'était trop tard. Mais je pense que ça m'a aidé d'être candidat indépendant.” En effet, Le jeune homme se satisfait de ce score : “Je suis jeune, je n'ai pas de grande boîte derrière moi. Je suis un technocrate, éduqué à l'étranger, urbaniste et je suis le seul candidat libre a avoir recueilli 20 000 voix. 20 000 votants, c'est la preuve que les gens attendent ce genre de candidat.” Il insiste : “quelqu'un qui est technocrate et jeune et éduqué à l'étranger, c'est quand même quelque chose qui manque dans ce pays.”

Aung Khant se dit différent et s'en est servi durant sa campagne malgré “la discrimination de l'âge qui persiste dans ce pays”. En effet, l'ancien candidat se dit “Jeune et je pense comme un jeune. J'ai fait ma campagne en ligne. Il faut utiliser le boom technologique. Je n'ai pas fait de grosses conférences ni organisé des gros speakers dans la rue... J'ai dépensé, je crois, 18 lakh sur les 200 lakh autorisés.” Econome par nécessité, le jeune urbaniste, ancien étudiant boursier de Science Po Paris au Havre pendant deux années, voit cela comme une fierté, comparant les candidats des partis à des “Goliath avec leurs moyens financiers et la couverture médiatique” dont ils bénéficient et les candidats libre à des “David”. Il prévoit d'ailleurs que cela fera bientôt débat et attend de voir comment le NLD va adresser ce problème d'inégalité entre candidats, rappelant que “dans le voyage vers la démocratie, la Birmanie n'est pas encore arrivée.” Il se veut cependant optimiste, notamment sur la place des jeunes en politique et dans la société : “Ici  la discrimination d'âge est persistante. L'âge est plus discriminé que le genre ou même que la religion. Quand tu sers la main, on ne sait pas ta religion, par contre on voit ton âge tout de suite. Mais je pense que ça va changer bientôt. Un changement culturel et de mentalité qui va arriver maintenant.”

Un changement qui s'est déjà opéré, c'est l'ouverture des votes à toutes personnes de plus de 18 ans, ce qui n'était pas le cas lors des dernières élections, durant lesquelles seul un représentant du foyer avait le droit de vote. Démarrage timide ou rejet de cet appel à plus de participation civile, il est certainement trop tôt pour en juger, en revanche, le fait que presque un quart des postes aient été attribués à des femmes montre que celles-ci n'attendent pas la jeunesse pour faire bouger les lignes.  

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Publié le 7 avril 2019, mis à jour le 7 avril 2019

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