L’histoire birmane nous a transmis de nombreux contes, issus de tout le pays. Guillaume Rebière, auteur passionné de la Birmanie, en a fait la traduction. Nous vous proposons de les découvrir.
Il était une fois un roi qui régnait sur tous les hommes et tous les animaux. Un jour, il décida que tous ses sujets devraient lui payer des impôts et il envoya des centaines de collecteurs à travers le royaume pour inspecter ses domaines. Il ordonna que les impôts seraient collectés espèce après espèce. Le premier jour, les percepteurs commencèrent donc à collecter les impôts parmi les hommes. Le deuxième jour arriva le tour des éléphants, puis des tigres, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’arrive le tour des chauves-souris.
Or, les chauves-souris sont des animaux très malins et trompeurs. Repliant leurs ailes, elles s’assirent dans le noir jusqu’à ce que les percepteurs viennent leur rendre visite. « Vous, les chauves-souris, c’est maintenant votre tour de payer l’impôt au Roi ! », leur déclarèrent les collecteurs. « Nous ne sommes pas des chauves-souris », répondirent-elles, « regardez bien et vous verrez que nous sommes des rats ». Les percepteurs observèrent alors avec attention les animaux qui se tenaient devant eux dans le noir, puis ils déclarèrent : « comme vous voulez, mais il vous faudra bien payer lorsque le tour des rats arrivera ». Et ainsi s’en allèrent-ils collecter les impôts auprès d’autres créatures du royaume.
Arriva un jour le tour des rats de payer l’impôt. Les percepteurs collectèrent l’impôt auprès de tous les rats, puis se rendirent de nouveau chez les chauves-souris. « Ecoutez les gars », leur dirent-ils, « vous avez dit être des rats la dernière fois et vous avez refusé de payer vos taxes en tant que chauves-souris. C’est aujourd’hui le tour des rats de le faire, et vous allez payer vos impôts maintenant ! ». « Mais nous sommes des chauves-souris », répondirent les malignes en déployant leurs ailes, « et nous n’avons pas par conséquent à payer d’impôt aujourd’hui ». « Si vous ne payez pas, nous ferons notre rapport au Roi », menacèrent les percepteurs. « Vous auriez dû le faire lorsque nous avons refusé de payer la première fois, lorsque c’était notre tour », répondirent les chauves-souris. « Maintenant, si vous rapportez au Roi que les chauves-souris refusent de payer l’impôt au moment où c’est le tour des rats, le Roi pensera que vous êtes de imbéciles. Et si vous lui expliquez que nous avons refusé de payer la première fois, il vous tiendra coupables de négligence pour ne pas l’avoir rapporté plus tôt ». Les percepteurs se rendirent compte que les chauves-souris disaient la vérité et s’en allèrent. C’est ainsi que les chauves-souris réussirent à éviter de payer des taxes.
L'annuaire 
