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Chiens errants : une invasion urbaine hors de contrôle

Chiens de rue à Yangon en BirmanieChiens de rue à Yangon en Birmanie
Écrit par Marie-Sophie Villin
Publié le 26 septembre 2018, mis à jour le 26 septembre 2018

Impossible de ne pas remarquer les centaines de milliers de chiens errants qui peuplent les rues de Birmanie. Ils font partie du paysage urbain, des chiens squelettiques qui boitent dans une rue sombre aux chiens trop bien nourris qui traînent aux alentours d’un restaurant. Les passants les nourrissent parfois, les parents craignent qu’ils n’attaquent leurs enfants. En général, chacun tente de les éviter : la crainte de la rage est dissuasive.

Combien sont-ils ? Difficile de donner une réponse précise. La dernière enquête faite par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en dénombrait 3,48 millions à travers le pays. Mais ce chiffre date de… 2003. En 2017, The Guardian annonce dans un de ses articles 120 000 chiens, pour la ville de Yangon uniquement. Il faudra donc se contenter de ces informations, qui donnent toutefois une idée du défi que représentent ces animaux parfois dangereux pour un pays pauvre comme la Birmanie. Car le problème n’est pas seulement leur nombre mais surtout leur état de santé et le risque d’être infecté en cas de morsure ou de contact avec un animal malade. Le principal risque que représentent ces chiens errants est avant tout la transmission de la rage. Selon l’OMS, 95% des morts humaines liées à la cette maladie qui s’attaque au système nerveux ont lieu en Afrique ou en Asie. En Birmanie, ce nombre de décès s’élèverait à 1 000 personnes par année, toujours selon l’organisation mondiale. Un vaccin préventif est fortement conseillé par l’OMS  et en cas de morsure il faut laver la plaie avant de se diriger au plus vite vers un hôpital afin de recevoir le traitement adéquat. Une fois que les symptômes – de la fièvre, de l’hydrophobie, des hallucinations ou des paralysies – apparaissent, la maladie est toujours mortelle. La solution la plus simple et la plus efficace pour contrer cela serait de vacciner les chiens directement. Aux yeux de certains, l’abattage systématique, certes plus rentable, est préférable. C’est le point de vue des autorités et de ceux qui ont perdu un proche ou ont été blessés à cause d’une attaque de chiens de rue. L’empoisonnement des chiens de rue est autorisé en Birmanie selon une loi datant de 1922. Et le Comité de Développement de la Ville de Yangon (Yangon City Development Committee, YCDC) ne s’en est pas privé, servant de la nourriture empoisonnée aux chiens errants depuis des années. C’est le moins cher et le plus rapide. En 2016 cependant, sous la pression des habitants et d’associations de protection des animaux, le YCDC s’est résolu à créer des zones dans lesquelles tuer des chiens est interdit : ce sont les quartiers de Sanchaung à l’ouest de la ville et de Mingalar Taung Nyunt à l’est. Cette décision fait partie d’un accord mis en place en 2016 avec l’organisation américaine Humane Society International et la thaïlandaise Soi Dog Foundation afin de remplacer les opérations d’abattage par des programmes de stérilisation. Personne n’a toutefois entendu parler de telles actions, qui auraient dû faire suite à cet accord. 

chiens en Birmanie

Des initiatives citoyennes ont aussi été mises en place. Le Yangon Animal Shelter (Refuge pour Animaux de Yangon) a été créé en 2012 afin de s’opposer à l’abattage des chiens de rue. Selon eux, cette pratique, en plus d’être inhumaine, détruit tous leurs efforts de stérilisation et de vaccination. L’abattage est en effet aléatoire et concerne autant des chiens infectés par la rage que des chiens traités. Le Yangon Animal Shelter appelle donc aux dons pour pouvoir soigner le plus grand nombre de chiens et rendre inutile l’abattage. Pour pouvoir contrôler la population des chiens, il faudrait en effet selon l’OMS stériliser et vacciner 70% d’entre eux. Terryl Just, fondatrice de l’association, s’occuppe de 500 chiens errants. Certains d’entre eux sont ensuite adoptés, notamment par des expatriés ou, plus surprenant, par des touristes qui les ramènent ensuite chez eux au Canada ou aux Etats-Unis. Le Yangon Animal Shelter n’est pas un cas unique. D’autres personnes ont lancé des initiatives pour venir en aide aux chiens errants, comme par exemple May Thazin. Elle est la fondatrice du White Heart Animal Rescue and Shelter (Refuge et Secours pour les Animaux Cœur Blanc) à Magwe, capitale de la région de Magwe, qui vient en aide aux chiens errants des divisions de Magwe, Bagan, Popa, Kyauk Pa Taung et des environs. Ingénieure civile à l’origine, elle a fondé son association en janvier 2016 après avoir appris à Yangon comment attraper les chiens errants et s’en occuper. A ce jour, elle explique avoir environ 150 chiens blessés dans son chenil. Elle les soigne, les vaccine et les castre ou les stérilise, avec l’aide des vétérinaires de Magwe, voire des vétérinaires chirurgiens de Yangon pour les plus gravement blessés. "J’aimerai aider tous les animaux. Mais aujourd’hui je ne m’occupe que des chiens. J’ai pensé qu’en ouvrant un refuge, je pourrai les aider. Plus besoin d’empoisonner les chiens errants à Magwe" explique May Thazin. Une fois qu’elle les a soignés, elle aide à leur trouver un nouveau chez-eux.

Pour faire un don ou signaler un chien errant blessé au White Heart Animal Rescue and Shelter : 09971485988.

photo moi
Publié le 26 septembre 2018, mis à jour le 26 septembre 2018

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