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"Beautiful Trash" ou comment sensibiliser à la pollution par l’art

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Crédit: Myat Thiri Kyaw
Écrit par Marie-Sophie Villin
Publié le 10 mai 2018, mis à jour le 10 mai 2018

Au sud de l’écrin de verdure qu’est People’s Park, la Yangon Gallery héberge toutes sortes d’évènements artistiques, du concert de musique au festival cinématographique en passant par l’exposition de photographie. Ou d’œuvres d’art de toutes sortes. Le week-end du 5 au 6 mai, elle a accueilli "Beautiful Trash" de l’artiste birmane Mon Halsey, qui crée de l’art à partir de ce qu’elle trouve dans ses poubelles.

"Je veux créer quelque chose de nouveau, d’unique. Passer des ordures à l’art." Mon Halsey, de son vrai nom Myat Thiri Kyaw, s’est lancée depuis quatre ans dans ce défi artistique. Diplômée en gestion des affaires puis professeure de langue et de culture birmane au lycée international de Yangon jusqu’à sa démission en juin dernier, elle partage aujourd’hui son temps entre son art et ses travaux d’écriture. Elle a notamment publié un livre sur Aung San Suu Kyi et son époux, The beautiful spirit of a giver. Avant, elle ne créait et ne montrait ses installations que dans son appartement ; elle s’est décidée à exposer poussée par ses amis. C’est sa cinquième exposition en quatre ans, toutes à Yangon. Elle songe à en faire à Mandalay, mais ce n’est pas aussi simple d’y trouver une galerie pour l’accueillir.

Crédit: Myat Thiri Kyaw

Après entre autres "All about love" (Tout sur l’amour) et "Our beloved world" (Notre monde bien-aimé), "Beautiful Trash" (Magnifiques déchets) est là pour faire prendre conscience de la présence envahissante des déchets dans notre quotidien. La première installation, "Stupa", majestueuse, surprend le visiteur dès l’entrée. Une imposante pagode faite de plus de 1 000 bouteilles d’eau nous rappelle l’ampleur de la consommation de bouteilles d’eau en Birmanie et surtout l’absence de recyclage de ces bouteilles. Toutes sont remplies d’un liquide vert, couleur de l’herbe, de la nature, et généralement utilisée pour renvoyer aux questions environnementales. Ce genre d’installation est courant en Asie : Mon explique s’être inspirée de ce qu’elle a pu voir en Thaïlande. Une autre œuvre marquante est "E-waste", sous forme de branches d’arbre auxquelles sont accrochés des objets électroniques et des CD. "Apartments" est constitué de 400 emballages en carton récupérés dans la cuisine de l’artiste. Ils sont disposés de sorte à créer un paysage urbain d’immeubles. La ville n’est plus représentée que par des déchets et ce n’est pas si loin de la réalité, selon Mon Halsey : où que l’on regarde, il y en a.

Crédit: Myat Thiri Kyaw

Ces trois installations ont un but clair : montrer l’omniprésence des déchets dans notre quotidien. Ils emballent chaque objet que l’on achète et une fois jetés, sont oubliés. Et pourtant, des évènements comme l’incendie dans la décharge de Hlaing Tharyar, qui s’étend sur 200 hectares au nord-ouest de Yangon, nous rappellent que les ordures ne disparaissent pas aussi vite. Il y a la partie visible, les déchets qui traînent sur le sol de la moindre rue de Yangon, et la partie invisible, les ordures qui sont transportées loin de nous mais ne cessent pas d’exister pour autant. C’est le message que Mon Halsey veut faire passer : "Si on ne réutilise pas, si on ne recycle pas tout ça, on va avoir des soucis." Elle appelle chacun à regarder autour de lui et à essayer de réduire sa consommation d’emballages, à nettoyer son environnement des objets à utilité périssable. "Si les gens commencent à y réfléchir, je suis heureuse."

Vous vous demandez peut-être ce que vont devenir ses œuvres d’art, si elle va les jeter. Ce ne sont que des déchets après tout. Figurez-vous que certaines sont à vendre et ont été repérées par des acheteurs durant l’exposition. Les bouteilles d’eau de la "Stupa", elle les a données à un groupe d’artistes. Et le reste, elle l’a ramené chez elle. Elle réutilisera la matière première pour faire de nouvelles installations. La boucle est bouclée. La prochaine exposition de Mon Halsey est prévue pour décembre 2019. En attendant, si le sujet vous touche vous pouvez vous rendre sur le groupe Facebook "Beat Plastic Pollution in Myanmar" pour en savoir plus sur ce que vous pouvez faire à votre échelle.

photo moi
Publié le 10 mai 2018, mis à jour le 10 mai 2018

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