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PATRIMOINE - Le directeur du Goethe Institut nous parle de la Goethe Villa

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Écrit par Lepetitjournal Birmanie
Publié le 24 novembre 2016, mis à jour le 24 novembre 2016

S'il est un commentaire qui revient souvent lorsque l'on évoque Yangon, c'est qu'il y est plus facile de se restaurer que de se cultiver. Vrai ou pas, c'est à vous de juger. Ce qui est sûr, c'est qu'il y a une vague d'amoureux des arts qui se battent pour inverser la tendance. Le directeur du Goethe Institut, Franz Xaver Augustin, est l'un d'entre eux. Régulièrement la villa ouvre ses portes pour accueillir expositions, artistes et associations d'artisanat local. Mais pour l'année à venir, la Goethe villa se refait une jeunesse et ne pourra pas, ou très peu, se laisser envahir par artistes et public en tout genre.

Pour l'occasion, nous avons demandé à Franz de nous parler de la villa. " Elle a été construite pendant la période coloniale. Il est important de se rappeler que le premier quart de siècle fut une période faste pour Yangon. C'était par exemple le plus gros port au monde d'exportation de riz. Et ce sont les Anglais qui ont décidé de développer Yangon, avant cela, il n'y avait pas grand-chose ici. Donc la villa a été construite à cette époque, pour des Européens, sans aucun doute, on le voit au plan de la bâtisse et au blason sur la façade. C'est le style colonial typique, c'est d'ailleurs la plus grande de Yangon dans ce style. Par contre, on ne sait pas qui la faite construire exactement. Puis au début des années 20, la villa a été achetée par une riche famille chinoise, très connue ici puisqu'il s'agissait du beau-frère de Lim Chin Tsong, constructeur du palace du même nom ".
Lim Chin Tsong était notoirement très riche et des rumeurs courent toujours sur comment sa fortune a été faite cependant, comme le rappelle notre hôte " ce qui est sûr, c'était un marchand travaillant dans le bois et les pierres précieuses ". D'ailleurs on remarque assez facilement les petites modifications que la famille a fait dans la villa, comme par exemple l'ajout de cloisons au style chinois entre certaines pièces? 

Puis il y a eu la grande crise de 29. Le prix du riz a chuté et beaucoup de paysans ont dû vendre leurs terres, beaucoup se sont endettés auprès des Indiens venus avec les Anglais. Le pays était à l'arrêt. Puis il y a eu Pearl Harbor en 41. En 42, l'armée japonaise attaque la Malaisie et se divise en deux, une partie marche sur Singapour, l'autre part pour Yangon. Les Anglais quittent le pays et avec eux, tous ceux qui ont su profité de la situation. En partant, les anglais pratiquent la politique de la terre brûlée, ils ont fait exploser le port, les réservoirs d'eau, détruit les réseaux d'électricité. Ca a été très dur pour la population qui est restée. La villa, elle, a bien sûr était abandonnée et à la fin de la guerre quand Aung Sa revient, il fait de la villa coloniale le quartier général de son parti politique qui regroupait différents mouvements de gauche. Elle l'est restée un certain temps, même après sa mort.
Puis en 64, la villa est devenue l'école des Beaux-Arts sous la direction de Soe Tint Naing, un sculpteur traditionnel ayant été formé en Allemagne de l'Est. Aujourd'hui encore, il y a des anciens élèves qui viennent à la villa. En 2001, l'école des Beaux-Arts devient l'université de la culture et bouge à South Dagon donc la villa se retrouve à nouveau abandonnée mais devient rapidement une galerie pour l'Association des Artistes de Yangon et ce pendant 7 ans. " La première fois que je la vois, c'est en 2012. Je l'ai tout de suite voulue. Il a fallu convaincre du monde mais nous avons réussi à avoir un bail de 30 ans avec les rénovations à notre charge, en plus, bien sûr, d'un loyer ".

Parlez-nous un peu de ces rénovations
" Elles ont commencé en novembre. Le Ministre des Affaires étrangères est venu pour lancer les travaux. Au début c'était un combat mais maintenant, tout le monde est d'accord. Les rénovations vont durer 1 an et la villa sera fermée. Si on peut rouvrir à la fin de la saison des pluies, je seraii content, on fera une expo peut-être pendant la fin du chantier mais ce n'est pas sûr. Ce n'est pas facile? Il faut être partout, convaincre pour l'argent, les autorités locales, le propriétaire? Au dernier moment, ils ont rajouté des clauses? mais finalement, c'est bon ! Je pourrais écrire un livre là-dessus ! Mais le vrai chantier est la grande salle que nous prévoyons car il n'y en a pas pour le moment? donc il y aura un auditorium de 170 m2 qui sera construit dans le fossé. Il y aura donc des annexes extérieures qui vont être détruites mais la bâtisse principale restera intacte pour la plus grande partie. Le ministre de la Culture, un général, est venu, il était très ouvert. Il a regardé les plans et a dit que c'était bien, que ça allait mettre la villa en avant "

Mais quid donc de la scène culturelle et des aficionados des évènements artistiques du Goethe institut !?
Franz Xaver Augustin se veut rassurant " nous allons ralentir l'activité ". 
Preuve en est, ce samedi 26 à 19h30 au Kandawgyi Palace Hotel est organisé par le Goethe Institut ?Classic on Kandawgyi' regroupant le violoniste Iskandar Zidjaja, le pianiste Itamar Golan and the AOC-Orchestra Yangon. Avis aux amateurs, les places sont limitées (250) et gratuites.
Sébastien Lafont-Frugier - Vendredi 25 Novembre 2016

 

 

 

 

lepetitjournal.com birmanie
Publié le 24 novembre 2016, mis à jour le 24 novembre 2016

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