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Excursion à Pyay avec Gulliver Travels

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Écrit par Gulliver Travels
Publié le 8 novembre 2016, mis à jour le 25 septembre 2017

Ce mois-ci, Gulliver Travels vous présente la ville de Pyay, par un voyageur qui a utilisé les services du spécialiste du voyage sur mesure.

Ce weekend, nous partons en direction de Pyay (ou Prome), à environ 6h de route de Yangon. Capitale du premier royaume de Birmanie fondé par les Pyus vers le 1er siècle avant J-C, cette paisible ville située au bord du fleuve Irrawaddy et à environ 300 km au nord de Yangon, mérite qu’on y consacre du temps.

Direction Pyay
Une fois passé le péage de Htaukkyant au nord de Yangon, nous ne croisons que très peu de voitures. On dirait que tout le parc automobile de ce pays est concentré dans les villes de Yangon et de Mandalay. Par contre, à part quelques rares sortes de motoculteurs à trois roues entraînés par des moteurs à deux temps, nous dépassons régulièrement des engins non motorisés poussés ou tirés grâce à la force des bras, des jambes ou des pattes. Des charrettes entrainées par des buffles et pilotées par des couples de paysans, des femmes cyclistes acrobates tenant leur guidon d’une main et leur parapluie de l’autre, une variété incroyable de piétons et de piétonnes coiffés de jolis chapeaux pointus traditionnels pour se protéger de la pluie. D’autres encore se couvrent la tête de sacs plastiques, mais tous et toutes portent, tirent ou poussent des charges de poids variables. Sur les bords de la route on vend et on achète des fruits, des légumes, des poulets, du riz, des sacs, des bouteilles d’essence, des chapeaux, des tongs, de l’eau, de la bière et du bétel.

Des rizières, regorgeant d’eau dans lesquelles travaillent des hommes et des femmes l’échine recourbée, s’étendent à perte de vue. De temps en temps, des oasis de verdure abritant des monastères et leurs moines habillés de robes safran se détachent. Malgré un daltonisme congénital et handicapant, je ne peux que ressentir une forme de ravissement à la vue de ce spectacle de couleurs sur fond de ciel nuageux gris-bleuâtre et menaçant.

Le Bouddha aux lunettes dorées
Après environ 4 heures de route nous faisons un premier arrêt dans la ville de Shwedaung, connue pour ses longyis, ses nouilles et surtout pour son Bouddha aux lunettes dorées (shwemyehman) célèbre dans tout le pays. C’est effectivement le seul Bouddha en Birmanie à être affublé d’une paire de lunettes géantes. Selon la légende, l’histoire de cette pagode remonte au premier royaume Pyu du Roi Duttabaung. Le Roi se déplaçait souvent dans son pays et un jour il établit son campement près de la ville de Shwedaung. La Reine Beikthano fit un rêve au cours duquel elle vit le Bouddha entouré de lumières très vives. Les serviteurs du Roi partirent à la recherche du lieu décrit par la reine, et ils finirent par trouver un endroit avec un monticule d’où jaillissaient des rayons de lumière. Ils creusèrent à cet endroit et découvrirent les vestiges d’une pagode très ancienne que le Roi Duttabaung et la Reine firent reconstruire. De nouveau, la pagode tomba en ruines et ce n’est qu’à l’époque des anglais que les habitants de Shwedaung décidèrent de la reconstruire et y placèrent une statue du Bouddha. Un jour la femme d’un officier anglais fit un rêve suite auquel elle décida d’offrir ces lunettes géantes afin de retrouver la vue. Depuis lors, de nombreux pèlerins se rendent régulièrement dans cette pagode qui aurait le pouvoir de guérir des maladies et notamment celles des yeux.

Sans avoir eu le temps de goûter aux nouilles locales, nous repartons vers Pyay où nous trouvons un sympathique hôtel situé au bord du fleuve. La nuit tombe et c’est l’heure parfaite pour assister à l’envol de milliers de chauve-souris qui se reposent la journée la tête en bas, dans deux ou trois grands arbres qui bordent l’Irrawaddy. Je pique une tête dans la piscine sous une pluie battante, et me prélasse quelques instants dans le jacuzzi avant de sombrer dans un sommeil peuplé de Bouddhas à lunettes mangeant des nouilles dorées.

Le village d’Akauk Taung
Le lendemain matin nous reprenons la route, cette fois-ci pour le village d’Akauk Taung, situé à environ 30 km de Pyay. Nous traversons la rivière sur le très long pont de Nawadé, après avoir franchi la barrière rouge et bleue du péage et glissé quelques billets de 100 kyats dans la main de l’employé. La route est très mauvaise et ce sont les villageois qui la réparent, plus exactement les villageoises, car dans ce pays il semble que le travail de réparation des routes soit réservé aux femmes. On les voit transformer des pierres en graviers en les concassant à l’aide de marteaux sur le bord de la route, et porter de lourds seaux de bitume, avec lesquels elles remplissent les trous qui déforment la route. Quelques vieux rouleaux compresseurs jonchent le sol et je suppose qu’elles les feront rouler sur le bitume afin d’en égaliser la surface. A part quelques troupeaux de buffles et une mobylette transportant quatre personnes dont deux femmes assises en amazone, nous ne croisons pas grand monde. Il nous faudra bien une heure et demie de slalom entre les nids de poules pour enfin arriver au village.

Le village d’Akauk Taung est situé sur l’Irrawaddy en aval de Pyay et était un poste frontière important au 14ème siècle séparant le Royaume Mon au sud, du Royaume Inwa au nord. Les bateaux étaient obligés de s’y arrêter quelques jours et leurs propriétaires devaient s’acquitter d’une taxe, d’où le nom d’Akauk Taung qui signifie colline des taxes. Pour tromper l’ennui qui ne devait pas manquer de saisir les occupants des bateaux, ceux-ci sculptaient des Bouddhas dans les parois des falaises longeant l’Irrawaddy.

A cette époque de l’année, le niveau de l’Irrawaddy est très haut et le courant très fort, et après une vingtaine de minutes nous finissons par découvrir les dizaines de Bouddhas couchés ou en méditation, sculptés à même la falaise. Nous ne pourrons malheureusement pas nous y arrêter et les observer de plus près, l’accostage étant rendu dangereux par la vitesse du courant. Nous faisons donc demi-tour, rentrons vers le petit village que nous traversons à pied cette fois, et repartons vers Pyay dans le minibus.

La légende autour de la ville de Pyay
Selon la légende, Pyay était la capitale du Royaume Pyu établi par le Roi Duttabaung. Le mot Pyay en birman signifie "pays" et viendrait du mot "Pyu". La ville de Pyay constituait une des premières communautés urbaines de Birmanie et présentait une civilisation assez avancée, décrite dans les chroniques chinoises de l’époque. Les Birmans croient d’ailleurs que les Pyus étaient des descendants directs d’un des clans du Bouddha. À quelques kilomètres de Pyay on peut également visiter les ruines de l’ancienne cité pyu de Thayekhettaya ou Sri Ksetra (du pali khetta = endroit où ksetra en sanscrit) qui signifie "lieu élégant", et qui aurait été construite par le Roi Duttabaung.

Selon les archéologues, Thayekhettaya serait la plus grande cité ancienne de Birmanie, et présente la particularité d’avoir une forme ovale. Elle est entourée des vestiges de murs que nous longeons en minibus, le parcours total faisant plusieurs kilomètres. La porte de Nagathar comporte trois couches de murs non-alignés et ressemblants à un dragon qui se tortille, permettant ainsi de protéger l’entrée de la ville. Le site est le lieu idéal pour y admirer de magnifiques stupas dans le style pyu, dont celle de Bawbawgyi à forme cylindrique qui est vraiment impressionnante. La nuit tombe déjà, et nous n’aurons malheureusement pas le temps de continuer nos explorations pour aujourd’hui.

Le lendemain matin, nous nous rendons dans la pagode de Shwesandaw, érigée au centre de la ville. C’est une des pagodes les plus visitées de Birmanie et elle attire beaucoup de pèlerins. Selon la légende, elle aurait également été construite par le Roi Pyu Duttabaung, et elle abriterait (comme la pagode Shwedagon à Yangon) des mèches de cheveux du Bouddha. Cette pagode présente la particularité unique en Birmanie d’être ornée de deux htis, l’un construit par les Mon quand la ville de Pyay était entre leurs mains, et l’autre ajoutée par les Birmans quand ceux-ci l’ont reprise aux Mons.

Le temps passe, et malheureusement il est temps de prendre la route vers Yangon.
Pour plus d’informations, contactez Gulliver Travels : infos@guliver-myanmar.com / www.gulliver-myanmar.com
 

 

gulliver
Publié le 8 novembre 2016, mis à jour le 25 septembre 2017

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