Clap de fin pour la 6ème édition du Memory International Heritage Film Festival, après dix jours de projections et d’évènements autour de films de Birmanie et du monde entier.
Plus de 32 000 spectateurs, dont 80% de birmans, ont afflué dans la sombre salle du plus ancien cinéma de Yangon, le Waziya, et la pelouse du Mahabandoola Park, pour quelques séances inédites en plein air. Un bilan très positif pour une édition placée sous le thème de la presse et de la démocratie, qui offre ainsi une forme de continuité au thème de l’année précédente, “Films interdits et censure”. Ce sont plus de cinquante films qui ont été diffusés, du culte “A trip the moon” de George Méliès, à “All the President’s Men”, film de 1975 sur l’affaire Watergate. Une sélection spéciale a également été proposée, pour mettre en lumière le cinéma colombien, avec la projection d’œuvres contemporaines comme “El abrazo de la serpiente”, film de 2015 par Cirro Guerra. Le clou du festival, le plus vieux film birman encore en existence, intitulé “Mya Ga Nain”, a été restauré pour l’occasion et a attiré de nombreuses personnes curieuses de découvrir ce classique du cinéma local.
“J’ai trouvé cette œuvre absolument dingue”, raconte Clothilde Courau, marraine de cette édition. “Avoir un tel cinéma en 1934, ça révèle beaucoup sur l’état d’esprit d’un pays, et sa puissance intellectuelle”. Le festival a également été le cadre d’une conférence d’une journée tenue au Secrétariat, immense bâtiment de l’époque coloniale en cours de restauration. Son panel de discussion autour des liens entre les œuvres projetées et la situation politique actuelle de Birmanie a rassemblé journalistes, réalisateurs et spécialistes du cinéma du monde entier, tels que Mr Howard Besser, professeur d’étude du cinéma à l’Université de New York, Mr Suresh Chabria, ancien directeur de la National Film Archive of India, et le fondateur du journal Frontier au Myanmar, U Sonny Swe.
Pour la deuxième année consécutive, un atelier "journalisme et culture" organisé en partenariat avec le Myanmar Journalism Institute, a formé de jeunes étudiants birmans à la couverture d’un évènement tel que le Memory! Festival. “Les résultats ont dépassé nos espérances avec une grande liberté de ton et de choix de sujets et une motivation intense de la part des étudiants qui représentaient de nombreuses ethnies du Myanmar. C'est la nouvelle génération de journalistes et nous espérons bien qu'ils resteront marqués par cette expérience hors du commun”, raconte Séverine Wemaere, cofondatrice du festival.
Festival dans le festival, la troisième édition du Myanmar Script Fund (MSF) a été élargie ; une section MSF Advanced a permis d’accompagner les projets des promotions précédentes, en plus de mettre en lumière des réalisateurs locaux émergeants, en récompensant les productions qui ont séduit un jury présidé par le réalisateur vietnamien Phan Dang Di. Deux projets ont notamment retenu leur attention, “The beer girl of Yangon” par Sein Lyan Tun et John Badalu, et “She called it freedom”, par Khin Warso. “Ces jeunes auteurs, ont une curiosité, et une envie d’aller vers les autres, et pour ce faire reviennent à ce qu’ils ont de plus profond, de plus riche dans leur histoire quotidienne”, explique Clothilde Courau. “Nous avons tout à apprendre d’eux, nous occidentaux, de cette nouvelle génération, et de ce qu’ils ont vécu”.
Cette édition du Memory! Festival marque un tournant important, puisque le festival semble avoir trouvé son public et ses partenaires. “Nous allons continuer à développer le festival et ses programmes associés en tissant des liens toujours plus solides avec l'industrie du cinéma birman”, explique Séverine Wemaere. “Enfin, nous devons continuer d'emmener et de surprendre les spectateurs. Le public birman est très exigeant !”.