La directrice de l'Institut français du Liban et conseillère de coopération d'action culturelle dresse le bilan de l'action de l'IF cette année et se projette sur les événements à venir.
Véronique Aulagnon (photo prise du compte twitter)
LPJ Beyrouth : quels sont vos champs d'action ?
Véronique Aulagnon : Nous agissons dans des domaines d'expertise extrêmement variés qui vont de la coopération éducative à la programmation culturelle, en passant par le soutien aux associations. En ce moment, nous préparons la Fête de la musique, la visite prochaine de Valérie Pécresse, présidente de la région ïle-de-France, des séminaires de médecins et de juristes français et libanais et beaucoup d'autres choses !
Quelles sont vos priorités dans le domaine de l'éducation ?
Il y a des attentes très fortes vis-à-vis de la jeune génération qui n'est pas forcément autant tourné vers la France que la génération précédente. C'est cela l'enjeu et le cadre général de notre action. Comment continuer à donner envie de la France aux jeunes Libanais ? Et bien, en menant et impulsant des actions en priorité en direction de la jeunesse, principalement dans les domaines culturel et éducatif.
L'IF compte neuf antennes sur le territoire. Cela participe de notre engagement à travailler avec tout le monde et dans toutes les régions en faveur d'une francophonie ouverte sur la jeunesse et l'universalité.
L'éducation est un domaine central. Nous nous basons sur un réseau extrêmement développé. Cette année, nous avons organisé le bac français dans des établissements certes homologués, mais dirigés par des Libanais. Nous oeuvrons pour un renforcement du partenariat et l'appropriation, par les Libanais, du système éducatif français.
Comment décririez-vous votre action sur le plan culturel ?
Nous essayons d'être audacieux. On a innové dans certains domaines, et nous essayons de proposer des choses qui peuvent surprendre. C'est aussi cela, le rôle de l'art. Nous proposons une programmation hors des sentiers battus. Nous devons certes faire honneur aux beaux et grands textes mais aussi encourager les nouveaux talents.
Quels sont les événements qui ont déjà marqué la première moitié de l'année?
La Nuit des idées, qui a mêlé discussion philosophique et atmosphère festive, a été un immense succès. La Nuit de la francophonie a montré que l'on peut innover en français en lien avec des incubateurs en France et au Liban.
Et il y a la Fête de la musique représente de ce que le France sait faire, à savoir créer un concept qui s'adapte à tous les terrains. Au Liban, faire de la musique dans la rue ne va pas nécessairement de soi. Cette année, nous aurons de nouvelles scènes et en dehors de Beyrouth.
Et dans les mois qui viennent ?
Nous aurons le Salon du Livre. Cette année, nous allons faire venir des grands noms de l'écriture en France et proposé une nouvelle programmation bande dessinée et débats. Nous aurons une très belle programmation.
Il y aura aussi un événement autour du street art, l'art des fresques urbaines. Nous allons inviter El Seed, un célèbre graffeur franco-tunisien qui, avec la jeune scène libanaise de cet art, vont investir l'espace urbain de Beyrouth.
A l'automne, nous organiserons La Belle saison, destiné aux jeunes enfants. Faire un bel événement, c'est important, mais laisser à un jeune enfant un souvenir qui marque l'est tout autant. A cet âge-là, une expérience culturelle peut être déterminante.
Et puis, je ne peux pas vous en dire plus, mais il y a quelque chose à faire autour de la musique française contemporaine. On réfléchit à quelque chose pour 2018. On aimerait faire venir de jeunes talents comme Christine and the Queen.
Quelle est, selon vous, la particularité du Liban ?
Au Liban, nous avons un acquis exceptionnel dans tous les domaines. Avec le Liban, terre de francophonie, nous avons tissé des liens d'intimité sans équivalent à travers le monde. Nous faisons des choses dans ce pays ce que nous ne faisons nulle part ailleurs.
Quels ont été les moments les plus forts que vous avez vécu dans le cadre de vos fonctions ?
J'ai plusieurs souvenirs de moment forts. Je visite pas mal d'écoles, et j'ai beaucoup d'admiration, comme d'autres, pour la soeur Mariam au Carmel Saint-Joseph, à Mechref, près de Damour. Elle a un discours extrêmement fort sur la laïcité. Elle explique que la laïcité, ce n'est pas l'uniformité, c'est la reconnaissance d'autrui dans toute son altérité.
J'ai rencontré beaucoup d?autres personnes. Ici, il y a des gens qui ont beaucoup souffert et beaucoup vécu. On se sent assez privilégié de pouvoir entendre leurs témoignages. Le Liban est riche de ces gens qui sont prêts et ouverts à partager leur expérience. Ils portent un regard certes exigeant, mais aussi bienveillant sur les Français.
Véronique Aulagnon, en bref « J'ai un profil de diplomatie tout-terrain », explique-t-elle. Après des études de lettres, elle suit un cursus à Sciences-Po. Après être entrée au Quai d'Orsay en 2005, elle multiplie les missions à Paris, Bruxelles, Washington et en Afrique. Elle occupera le poste de conseillère auprès de Laurent Fabius et de Jean-Marc Ayrault, ministres des Affaires étrangères, dans les domaines du développement et de l'environnement avant de venir au Liban en octobre dernier. |
Retrouvez le programme d ela prochaine fête de la musique ICI FÊTE DE LA MUSIQUE 2017 ? Le programme du 21 juin à Beyrouth et dans le reste du Liban
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La Rédaction (www.lepetitjournal.com/Beyrouth) samedi 17 juin 2017