Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Sylvie Devigne, directrice de l’antenne de l’ULF à Beyrouth

Sylvie%20Devigne%203Sylvie%20Devigne%203
Écrit par Hélène Boyé
Publié le 10 mars 2017, mis à jour le 17 janvier 2019

Installée au Liban depuis 2003, elle se définit comme une casanière qui n'a pas du tout l'âme d'une expatriée.

 

L'existence de Sylvie Devigne commence il y a 46 ans dans un petit village rural dans le département de l'Aisne, dans le nord de la France. Sa route l'emmène à Paris où elle suit une formation d'ingénieur géomètre. Après un premier emploi dans une entreprise nantaise, Sylvie part en mission pendant quatre ans à Yaoundé, au Cameroun, pour gérer les terrains d'un grand propriétaire foncier. 

 

« Pas du tout une âme d'expatriée »

De retour en France, elle débute un master spécialisé en systèmes cadastraux et aménagement foncier. Dans ce cadre, on lui propose de rédiger un mémoire sur le cadastre libanais. Elle se rend au Liban en 2003. Sylvie ne le quittera plus.

Elle devient directrice de l'école supérieure des géomètres  et topographes au CNAM Liban. « Les opportunités sont venues à moi. A l'origine, je souhaitais repartir en Afrique francophone. Je ne suis pas versée en langues étrangères. Je n'avais aucune connaissance du Liban avant d'y venir. J'aime bien débarquer dans un pays sans le connaitre au départ. J'aime l'idée d'être perdue », explique Sylvie.

« Je pense que je n'ai pas du tout une âme d'expatriée. Je dis tout le temps que je suis un escargot. Je suis une casanière pure et dure. C'est pour cela que je ne bouge pas beaucoup. Je n'ai pas une âme de baroudeuse », poursuit-elle.

 

Contrats locaux

Sa première expérience du Liban, Sylvie la décrit comme « horrible ». Elle se souvient de ses difficultés pour se déplacer, trouver son chemin ou travailler avec les institutions libanaises? « Un étudiant qui était venu avec moi est reparti en courant », se souvient-elle, amusée.

Si Sylvie reste au Liban, c'est parce qu'elle a un emploi. Depuis qu'elle travaille au Liban, Sylvie a toujours signé des contrats locaux. Elle a souvent dû jongler avec l'administration pour légaliser son séjour entre deux emplois.

Sylvie reste en poste au CNAM, à Jnah, dans la banlieue sud de Beyrouth, jusqu'en 2009, année au cours de laquelle l'école dans laquelle elle était employée a fermé, faute d'effectif. « A ce moment-là, je préparais mes bagages pour partir, convaincue qu'en étant que francophone, je n'avais aucune chance de trouver un poste ailleurs au Liban », explique-t-elle. « J'ai appris par hasard qu'un poste était disponible à l'Agence universitaire francophone (AUF). J'ai postulé sans conviction. J'ai été engagé 15 jours après », ajoute-elle. Elle y reste jusqu'en 2014.

Ensuite, elle reçoit une offre de l'Université Libano-française (ULF) qui lui demande de diriger son antenne à Beyrouth. Elle est également coordinatrice des formations à distance et responsable des relations internationales.

 

« Peu d'arabe »

L'arabe ? Sylvie ne l'a jamais appris. « J'ai longtemps essayé d'apprendre l'arabe mais j'ai usé quatre professeurs. J'ai développé des stratégies de contournement dans lesquelles j'excelle. Comme j'habite dans un quartier où personne ne parle français, je n'achète que les produits dont je peux me servir, sans passer par un intermédiaire ». 

Sylvie se déplace en taxi service. Elle doit indiquer au chauffeur sa destination en arabe. Au début, c'est le propriétaire francophone de son appartement qui lui écrivait en arabe sur des bouts de papiers la destination mais certains chauffeurs ne lisent pas très bien l'arabe. C'est avec les chauffeurs de taxi, « habitués à entendre plusieurs accents », que Sylvie exerce son « peu d'arabe ».

« Au travail, ce qui me manque le plus, c'est de pouvoir échanger en arabe avec les collègues à « la pause-café », explique-t-elle, précisant qu'elle n'a pas d'amis français, mais Libanais francophones.

Rester au Liban ? Vu son âge, Sylvie s'est posé beaucoup de questions, n'ayant jamais cotisé en France. « Mais je me suis dite : 'Tant pis, je reste là, on verra bien ce qu'il se passe' », dit-elle.

 

Tariq Jdidé

Depuis son arrivée au Liban, Sylvie loue un appartement dans le quartier de Tariq Jdidé, un quartier populaire et dés?uvré de Beyrouth, où le fuel qui alimente les générateurs électriques est livré à cheval chose qui a presque disparu partout ailleurs. 

Tariq Jdidé est également un foyer de radicalisme religieux où on tire à balles réelles lorsque Saad Hariri fait un discours national.  

Sylvie raconte que la physionomie de son quartier a beaucoup changé depuis l'arrivée des réfugiés syriens qui ont ouvert de nombreux commerces dans le quartier. « Ce quartier, qui était replié sur lui-même, a vécu un renouveau », décrit Sylvie.

 

Hélène Boyé, directrice de la publication de LPJ Beyrouth
Publié le 10 mars 2017, mis à jour le 17 janvier 2019

Flash infos