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On rembobine le temps en musique chez Super Out Discotheque

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Roy Hayek, 39 ans de musique
Écrit par Paul Chigioni
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 août 2018

Dans son magasin situé rue d’Arménie, dans le quartier de Mar Mikhaël, Roy Hayek a rassemblé bientôt 40 ans de musique. Reportage dans un lieu où le Liban se révèle à travers ses chansons et les souvenirs d’un disquaire.

 
Sabah, Feyrouz et les frères Rahbani au même endroit, c’est possible. Les disques des plus grandes étoiles de la musique libanaise se côtoient en vitrine, assez dégagée pour que le maître des lieux Roy Hayek puisse saluer ses amis sans quitter son comptoir. Le va et vient est incessant depuis l’ouverture du magasin en 1979. Roy Hayek avait 19 ans. Malgré la guerre civile (1975-1990) qui a ravagé le Liban, Super Out n’a pas fermé ses portes. « J’avais protégé la façade du magasin avec des sacs de sable pendant la guerre. Grâce à mon père qui travaillait à l’Electricité du Liban juste en face, j’avais pu relier un câble pour avoir du courant », explique t-il.

Malgré les bombardements, les cassettes, vinyles et CDs continuaient de s’accumuler, au point de cacher le papier-peint défraîchi du magasin. Au même moment, les grands magasins de musique au centre-ville de Beyrouth étaient fermés.

 

Le disquaire possède une collection impressionnante de musique orientale, dont des pièces rares. On y trouve des originaux des albums de Dalida et de Charles Aznavour. « Ma sœur habitait à Paris, donc je ramenais souvent de la variété française que j’aime beaucoup. Cette musique est appréciée à Achrafieh parce que beaucoup de gens parlaient français. »

 

Collection de cassettes de musique orientale
Collection de cassettes de musique orientale


Puis la crise du secteur de la musique face au numérique est arrivée. Comment expliquer que Super Out s’en sorte alors que des nombreux autres disquaires mettent la clé sous la porte partout dans le monde ? Notamment en diversifiant son offre en vendant également des timbres et des compilations de musique qu’il fait lui-même.

 

Mais la réponse ne réside pas seulement dans diverses techniques de survie en temps de guerre armée ou marchande. Elle est aussi humaine. Roy a pignon sur rue dans le quartier. Il représente fondamentalement « l’accueil à la libanaise » comme on aime l’imaginer. Chantant tout en rangeant ces trésors, une énième connaissance franchit le seuil du magasin. Roy s’arrête un moment : « C’est mon vieil ami George, mon technicien pendant la guerre. A n’importe quelle heure, il pouvait venir réparer mes machines d’enregistrement cassette. » Les deux compères commencent alors à discuter en allumant une cigarette tout en montant le son.

 

Paul stagiaire
Publié le 9 août 2018, mis à jour le 9 août 2018

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