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Michel Ocelot : «Des femmes sensationnelles ont fait du bien au monde»

dilili à parisdilili à paris
Écrit par Léa Balézeau
Publié le 14 décembre 2018, mis à jour le 18 décembre 2018

Après Kirikou et Azur et Asmar, Michel Ocelot sort son dernier long métrage  Dilili à Paris. Le réalisateur était de passage au Liban pour la sortie de son film délibérément féministe, prochainement en salles au Liban.


Votre nouveau film raconte l’histoire d’une petite fille franco-kanake dans le Paris de la Belle époque. Qu’est-ce qui vous a poussé à réaliser ce film ?
Le point de départ terrible, c’est ce que certains hommes font aux femmes et aux petites filles. Lorsque vous voyez ce qu’il se passe, vous en perdez le sommeil. C’est une suite d’abominations, même dans les pays réputés civilisés. Il y a un chiffre effarant : les 50 dernières années, il y a eu plus des femmes tuées parce qu’elles étaient des femmes que d’hommes ayant péri dans toutes les guerres du XXème siècle. On parle des morts mais souvent, la vie est pire que la mort. Il me semblait que je me devais de traiter ce sujet. J’en ai fait un conte de fées parce que c’est comme ça que je fonctionne.

Ensuite, j’ai choisi Paris à la Belle époque pour une raison frivole et superficielle : c’est le dernier moment où les femmes en Occident porte des robes jusqu’à terre. C’est comme ça qu’on fait rêver. Je me suis penché sur cette époque et j’ai vu des choses sensationnelles. Le film a changé et est devenu plus riche parce que je pouvais ainsi montrer deux manières de vivre. D’un côté, montrer que la moitié de la population piétine l’autre et qu’aucune des deux moitiés n’est véritablement heureuse. De l’autre, montrer qu’à cette époque, tout le monde ouvre les fenêtres, grandit, fleurit et s’occupe de toute sortes de choses. On a le droit de tout faire, de parler, d’imprimer, de lire…

 

dilili à paris


A propos de la violence faite aux femmes, aviez-vous une volonté de vous emparer du sujet d’actualité ?
Non, je n’ai pas surfé sur l’actualité. Je mets 6 ans à faire un long métrage et auparavant, je l’écris. A mesure que le temps passait, tout ce dont je parlais arrivait. Ce sont des choses qui existent, et c’est normal que ça sonne juste parce que je ne fais que des choses vraies. J’en fais quand même un joli film et on en sort plutôt heureux parce que je montre des antidotes qui existent.

 

L’histoire de Dilili c’est aussi celle d’un parcours à la rencontre de personnalités comme Pablo Picasso, Marcel Proust ou Louise Michel…Ce film a-t-il vocation à leur rendre hommage ?
C’est plus qu’un hommage. J’offre tous mes copains aux gens. J’offre le talent, le travail bien fait, je donne toute mes adresses. Comme je montre les beautés architecturales de Paris, je montre les beautés humaines de notre civilisation et j’invite les gens à faire pareil. C’est aussi l’époque où les femmes commencent à s’affirmer et à briser les barrières que l’on a mis autour d’elles. Je fais l’énumération de quelques femmes sensationnelles qui ont vraiment fait du bien au monde, et les brèches qu’elles ont créées dans les lois. En ce XXIème siècle, il faut faire attention à ne pas faire marche arrière. Tous ces grands hommes et ces grandes femmes continuent à nous aider et il faut qu’on les imite, qu’on continue sur cette lancée.

 

Au niveau artistique, avez-vous gardé dans Dilili la simplicité qui vous caractérise ?
J’ai tendance à la simplicité, à aller droit au but. Pour chacun de mes films, je savais ce que je voulais faire et je l’ai fait avec l’argent que j’avais. Les premiers films, c’était du papier découpé parce que je n’avais pas l’argent pour faire autrement. Kirikou, c’est du vrai dessin animé avec ce que l’on savait faire à l’époque. Pour Azur et Asmar, c’est de la 3D informatique. Dilili à Paris, c’est de la 3D et du 2D parce que nous n’avions pas assez d’argent, mais l’ensemble se mélange bien. J’ai pris soin de ne pas faire de décor peint mais de montrer des choses.

 

dilili à paris


Avez-vous un autre film en préparation ?
Je n’avais pas le droit de faire autre chose que du Dilili pendant six ans, et puis mon cerveau a eu le droit de penser à autre chose. J’ai écrit deux moyens métrages que j’ai envie de faire tout de suite. Ça sera beaucoup moins grave que Dilili à Paris. Ce sera agréable, un peu insolent et très beau.  Ça se passera à Constantinople au 18eme siècle.

 

Vous êtes au Liban pour la sortie de votre film Dilili à Paris en salle. Est-ce que vous avez un message à faire passer à vos spectateurs libanais ?
Je suis venu au Liban à chaque fois que je finissais un film. Je me trouve bien au Liban. Je viens de la Côte d’Azur et je me sens bien au bord de la Méditerranée. J’y rencontre des gens charmants. Au Liban, il s’est passé tellement de choses et il y a des gens tellement différents ; c’est un lieu exceptionnel. Soyons bien différents et entendons-nous bien.

 

Léa Balézeau
Publié le 14 décembre 2018, mis à jour le 18 décembre 2018

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