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Le Liban, plaque tournante du Captagon au Moyen-Orient

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Wikipédia
Écrit par Rédaction LPJ Beyrouth
Publié le 17 avril 2019

Samedi, les Forces de sécurité intérieure libanaises ont annoncé avoir saisi plus de 800 000 comprimés de Captagon d'une valeur de 12 millions de dollars. Cette saisie pharaonique montre une fois de plus que le Liban est une plaque tournante dans le trafic régional essentiellement à destination des pays du Golfe.

Surnommé « la drogue des jihadistes » depuis qu'il est apparu au grand jour pendant le conflit en Syrie, le Captagon est, à l’origine, le nom d'un médicament crée en Allemagne dans les années 60 servant à traiter la dépression et la narcolepsie. Essentiellement composé de fénétylline, une puissante amphétamine de synthèse, ce produit a été interdit deux décennies plus tard en raison de la dépendance qu'elle créait chez les consommateurs.

Ces pilules, produites en masse dans des usines en Bulgarie pendant vingt ans, ont alimenté ensuite un trafic illégal en Europe de l'Est qui s'est progressivement étendu par la suite à la Turquie voisine et au Moyen-Orient.

Le déclenchement du conflit en Syrie, qui a effacé les frontières du pays avec la Turquie, a déplacé la production de cette substance illicite à l'intérieur du territoire en guerre. Une aubaine pour les trafiquants qui convoitent les zones de non-droit.
Les combattants au front sont, eux, friands de cette substance aux vertus euphorisantes et désinhibitrices. Ces pilules, dont la couleur varie du blanc au jaune selon la concentration de caféine, ont pour effet d'augmenter la vigilance et la concentration, d'accélérer le rythme cardiaque et de réduire la sensation de fatigue.

L'enlisement du conflit en Syrie, la porosité de la frontière ouest et l'afflux de déplacés a conduit les trafiquants à déplacer la production de Captagon vers le Liban. Toutes les semaines, la police anti-drogue libanaise saisit des quantités impressionnantes de pilules dans des entrepôts, des camions ou des cargos de marchandises.

Des saisies similaires ont lieu dans les pays du Golfe, principalement en Arabie saoudite, destination privilégiée de ces pilules pouvant se vendre entre un et 20 dollars l'unité, selon la dangerosité du produit et les fluctuations du marché.

En octobre 2015, le prince Abdel Mohsen ben Walid ben Abdelaziz, un petit-fils du roi fondateur du royaume d'Arabie saoudite, a été arrêté à l'aéroport de Beyrouth (AIB) alors qu'il tentait d'embarquer à bord d'un avion privé deux tonnes de pilules de Captagon. Il s'agit, à ce jour, de la plus grosse saisie de drogue à l'AIB. En mars dernier, ce prince a été condamné par la justice libanaise à 10 ans de travaux forcés.

 

 

 

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Publié le 17 avril 2019, mis à jour le 17 avril 2019

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