Imaginée par une jeune entrepreneuse française, la plateforme en ligne met en relation parents et professionnels pour développer l’accès aux activités périscolaires pour les enfants. Lancement prévu dans les prochaines semaines.
Hiwayati répond aux besoins des parents qui cherchent des activités culturelles, sportives et éducatives pour leurs enfants en dehors des heures de cours. A l’origine du concept de Hiwayati, une jeune Française, Solène Le François, 25 ans, installée au Liban depuis plus de deux ans durant lesquelles elle a matérialisé son idée. La plateforme sera disponible sur internet et sur smartphone fin mars-début avril.
Le modèle des ARVEJ
L’idée de Solène a germé il y a quatre ans. De mère libanaise, elle passe régulièrement ses vacances au Liban où elle constate que les enfants rentrent plus tôt de l’école, dont certains vers 13 heures. Les parents qui travaillent ont deux options : confier les enfants aux grands-parents ou les mettre à la garderie quand ils ont moins de 5 ou 6 ans maximum. Très souvent, la mère est contrainte d’arrêter son activité professionnelle. De plus, le Liban manque cruellement d’espaces verts, de terrains de sport et, plus globalement, de structures d’accueil pour permettre aux enfants de faire des activités à l’extérieur de la maison. « L’enfant, la maman ou la grand-mère sont pris en otage. Malheureusement, la solution, c’est l’écran » déplore Solène.
A partir de ce constat, Solène fait son enquête. Elle discute avec plusieurs parents d’élèves et se rend compte qu’une majorité de familles libanaises sont dans ce cas. Solène se souvient alors que, petite, elle avait participé en France à tout un tas d’activités culturelles et sportives grâce au dispositif Aménagement des rythmes de vie des enfants et des jeunes (ARVEJ), un dispositif crée par le ministère français de l’Education depuis de nombreuses années.
Dans le cadre de sa majeure entrepreneuriat à l’école de commerce Audencia de Nantes, Solène lance Myafterscool. L’idée de départ est de faire venir les activités périscolaires dans les écoles pour se faire connaitre pour proposer des activités à des tarifs plus bas que la moyenne. « Le principe des ARVEJ, c’est de faire connaître des activités, pas forcément donner des cours sur du long terme », indique Solène.
De MyAfterscool à Hiwayati
Solène débarque à Beyrouth en mai 2017, avec son associé Louis Munoz, étudiant-entrepreneur issu de la même école, avec ce projet incubé par l’Ecole centrale et Audencia dans les valises. Avec Myafterscool, ils font le tour des écoles au Liban mais ils se heurtent à un mur. « Chaque école a son propre mode de fonctionnement », note Solène. Les initiateurs du projet réorientent alors le projet que l’incubateur libanais Berytech accompagne à partir de novembre 2017.
La mission de départ reste la même, aider les jeunes à s’épanouir au travers des pratiques artistiques, sportives et culturelles, « c’est-à-dire interagir avec les autres, ce qui n’est pas possible quand on est seul devant son écran de télévision chez soi », précise Solène. « Dans un pays comme le Liban, avec différentes communautés, c’est aussi s’ouvrir à la différence », ajoute-t-elle. Mais pendant ces premiers mois d’étude de marché au Liban, Solène et Louis font un deuxième constat. « On a rencontré beaucoup d’artistes ou de sportifs qui n’arrivent pas à se faire connaitre, par manque de moyens ou d’outils de communication adéquats », révèle Solène.
Pour allier ces deux missions, les deux jeunes entrepreneurs s’inspirent de ce qui fonctionne ailleurs, les plateformes de mise en relation. Le projet change de nom. MyAfterscool devient Hiwayati, “mes activités“ en français.
Le fonctionnement de la plateforme
Sur le modèle de Citizenkid en France ou Kidpass aux Etats-Unis, l’idée est de proposer une interface très simple, sur le modèle d’« un site moteur de recherche », explique Solène. « Lorsqu’on tape ‘musique‘ à ‘Badaro’, on trouve toutes les écoles de musique dans le quartier de Badaro, ainsi que tous les professeurs de musique qui sont prêts à se déplacer à domicile dans le quartier », détaille-elle. L’expérience utilisateur, c’est la tâche de Louis.
Du côté des parents, le site fonctionne comme “Airbnb“. On crée un compte gratuit pour accéder à la liste des cours disponibles. « Pour créer un compte, on demande certaines informations. On a besoin de s’assurer de l’identité des parents parce que le professionnel qui se déplace à domicile a besoin de savoir chez qui il va se déplacer », précise Solène. Les réservations s’effectuent sur la plateforme ; le paiement, lui, directement entre parents et professeurs.
Du côté du professionnel, la plateforme n’est pas qu’une simple page Facebook ou un profil Linkedin. Elle fonctionne comme un outil de gestion. « Le prix du référencement sera de l’ordre de 25 dollars par mois, ce qui correspond au budget mensuel moyen que les professionnels consacrent à leur publicité sur les réseaux sociaux avec une efficacité beaucoup plus aléatoire », souligne Solène, qui assure qu’elle rencontre « au préalable » tous les professionnels qui s’inscrivent sur le site.
Les activités qui seront proposées sur le site sont très variées. « Notre but est universaliste. On souhaite qu’il y ait des activités à tous les tarifs et dans tous les domaines » explique la jeune entrepreneuse. « On essaye d’avoir des activités autour du développement, du patrimoine libanais et de la citoyenneté libanaise », revendique Solène. L’objectif est d’avoir une centaine de professionnels référencés.
Le pré-lancement de la plateforme aura lieu fin mars-début avril. Le lancement officiel est prévu pour le mois de septembre. Cet été, Solène et Louis comptent lancer cet été une campagne de crowdfunding pour financer une campagne de communication à la rentrée.
Par ailleurs, Hiwayati propose des solutions business to business (B2B) auprès de professionnels. « A un artiste qui a des œuvres mais pas de portfolio, on va lui créer un site web », explicite Solène. Des artistes et des propriétaires de structures « se tournent vers nous pour organiser des événements parce qu’on sait le faire » affirme-t-elle. « Au Liban, il existe de nombreux talents qui n’ont pas assez de visibilité pour se faire connaitre ».