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Gregory Buchakjian expose les meurtrissures de Beyrouth

Gregory BuchakjianGregory Buchakjian
prise du compte Instagram du musée Sursock
Écrit par Manon Richez
Publié le 10 février 2019, mis à jour le 11 février 2019

Pendant trois mois, le musée Sursock a accueilli l’exposition du photographe et historien d’art « Abandonned Dwellings : Display of systems », proposant un autre regard sur la capitale libanaise et ses bâtisses abandonnées. 


Les deux pièces du rez-de-chaussée du musée Sursock n’ont exposé qu’une infime partie des pièces de Gregory Buchakjian. L’exposition montre pourtant 760 maisons abandonnées, 800 objets archivés ainsi qu’une typologie des 10 777 photographies. Cette œuvre protéiforme, accumulée pendant près de 10 ans, offre un fragment de l’histoire et un autre souvenir de Beyrouth.

Présentées en 3 phases de création, ce simple échantillon du travail monumental de M. Buchakjian  donne le sentiment d’entrevoir ce que pouvait être le pays avant 1975. L’exposition débute par la diffusion d’une rétrospective du travail de collecte, de recensement et de classement des objets trouvés. Ces séries de lettres, d’objets, de documents racontent le quotidien du pays avec ses protagonistes, ses décors et son atmosphère d’avant-guerre.

L’exposition se poursuit avec une vingtaine de clichés qui offrent aux visiteurs le plaisir de déambuler dans les maisons désolées de Beyrouth. Ces photographies aiguisent la curiosité et l’envie de partir découvrir ces bâtisses éplorées. C’est un travail de redynamisation de la conscience collective qui s’exprime dans ces fissures immortalisées. Chaque photo est traversée par un faisceau de lumière. Ces femmes fixées sur objectif appellent l’espoir et révèlent la beauté de ces lieux oubliés.

Enfin, les fiches techniques des bâtiments abandonnés cartographient les splendeurs de la ville vouée à la destruction ou, par chance, à la réhabilitation. Ce recensement nécessaire interdit l’oubli. Il impose un regain d’humanité, d’engagement en faveur de ce patrimoine à la dérive.

Au Liban, la guerre civile refait surface à chaque coin de rue. Les bâtiments révèlent les souffrances endurées. Gregory Buchakjian les capture. Les impacts de balle ornent les murs, l’artiste les embellit. Les immeubles décrépits et les façades dévastées par les 15 années de guerre racontent une histoire contemporaine de la violence. « Abandonned Dwellings : Display of systems »  ravive ce passé encore très présent dans le quotidien des Beyrouthins. Ce travail approfondi engage à un devoir de mémoire face à la disparition progressive des vestiges du passé.  Cette exposition invite à l’engagement citoyen.

 

Manon Richez
Publié le 10 février 2019, mis à jour le 11 février 2019

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