Le Premier ministre libanais a accusé vendredi Israël de refuser tout cessez-le-feu avec le Hezbollah, après une série de frappes aériennes sur la banlieue sud de Beyrouth, les premières depuis le début de la semaine sur ce fief du mouvement islamiste.
Le Premier ministre libanais a accusé vendredi Israël de refuser tout cessez-le-feu avec le Hezbollah, après une série de frappes aériennes sur la banlieue sud de Beyrouth, les premières cette semaine sur ce fief du mouvement islamiste.
L'aviation israélienne a mené de nouvelles frappes au Liban, dont au moins dix frappes sur la banlieue sud de la capitale qui ont provoqué de fortes explosions et transformé des immeubles entiers en amas de gravats et de cendres fumantes.
Ces frappes sont survenues quelques heures après une visite à Jérusalem de deux émissaires américains qui ont tenté de négocier une issue à la guerre opposant depuis septembre Israël au Hezbollah ainsi qu'à celle contre le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza, déclenchée il y a plus d'un an.
Le fait qu'Israël "ait de nouveau pris pour cible la banlieue sud de Beyrouth" et mené "des raids destructeurs, sont autant d'indicateurs qui confirment son refus de tous les efforts déployés pour obtenir un cessez-le-feu", a déclaré le Premier ministre libanais, Najib Mikati.
L'armée israélienne a affirmé avoir frappé des cibles du mouvement pro-iranien dans les secteurs de Beyrouth et de Nabatiyeh, dans le sud.
Des bombardements ont aussi visé la région de Baalbeck (est), faisant au moins 52 morts et 72 blessés selon les autorités libanaises, et la ville de Tyr (sud).
Dans plusieurs localités proches de Baalbeck, des hommes et des femmes circulaient parmi les ruines de bâtiments, selon des images de l'AFPTV. "C'est une zone résidentielle, il n'y a rien de militaire ici", a déploré Ghassan al-Shal, un habitant de la région.
L'agence nationale d'information libanaise (Ani) a également signalé des frappes sur les régions de Bint Jbeil (sud) et d'Aley, à l'est de Beyrouth.
- L'ONU reste au Liban -
Après des frappes répétées sur Baalbeck et Tyr, deux villes classées au patrimoine mondial par l'Unesco, une responsable de l'ONU a dit craindre que la guerre n'affecte les sites antiques du pays.
"Le patrimoine culturel du Liban ne doit pas être une autre victime" du conflit, a prévenu la coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert.
L'armée israélienne multiplie depuis le 23 septembre les frappes aériennes au Liban, accompagnées depuis le 30 septembre d'une offensive terrestre dans le sud.
Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah dans les régions frontalières pour permettre le retour de 60.000 habitants du nord de son territoire déplacés par les tirs incessants du mouvement libanais, qui a ouvert il y a plus d'un an un front contre lui en soutien au Hamas.
A quelques jours de l'élection présidentielle aux Etats-Unis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a reçu jeudi les émissaires américains Amos Hochstein et Brett McGurk.
Selon des médias israéliens citant des sources gouvernementales, les émissaires étaient porteurs d'un plan prévoyant un retrait du Hezbollah des zones frontalières du sud du Liban, ainsi que le retrait de l'armée israélienne de cette région, dont le contrôle reviendrait à l'armée libanaise et aux Casques bleus de l'ONU.
Mais des responsables israéliens ont affirmé que les soldats ne se retireraient pas du sud du Liban avant un accord qui répondrait aux exigences de sécurité d'Israël.
Le patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Jean-Pierre Lacroix, a réaffirmé vendredi que les Casques bleus restaient bien en place au Liban, soulignant qu'"abandonner" leurs positions entraînerait le risque qu'elles soient "occupées par une partie ou une autre".
Au moins 1.900 personnes ont été tuées depuis le 23 septembre à travers le Liban, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
- "Risque imminent de mourir" -
Israël poursuit en parallèle son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza. Des frappes sur des maisons ont fait neuf morts à Jabalia (nord) et à Nousseirat (centre), selon le ministère de la Santé du mouvement palestinien.
Des bombardements ont lieu "tous les jours, à midi, l'après-midi, la nuit", a assuré à l'AFP Ezzeddine Abou Chawich, un habitant de Nousseirat.
L'armée israélienne a annoncé la mort d'Ezzedine al-Kassab, un commandant local du Hamas à Rafah, dans le sud du territoire.
A Beit Lahia (nord), des hommes transportaient des corps sans vie à l'aide de couvertures, traversant des rues jonchées de détritus après une frappe, d'après des images de l'AFPTV.
L'ensemble des habitants du nord du territoire, où l'armée concentre son offensive depuis le 6 octobre en affirmant que le Hamas cherche à regrouper ses forces, courent le "risque imminent de mourir", ont alerté vendredi les responsables des grandes agences humanitaires de l'ONU.
Malgré des appels internationaux, les tentatives de mettre fin aux hostilités sont restées vaines.
Vendredi, le mouvement palestinien a dit avoir refusé d'étudier une proposition sur une courte trêve proposée par les pays médiateurs, exigeant "un cessez-le-feu complet et permanent".
La guerre à Gaza a été déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
Sur 251 personnes enlevées, 97 restent otages à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.
L'offensive menée en représailles par Israël à Gaza a fait 43.259 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.