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Futuristic Ancestry: Warping Matter and Space-time(s), de Josèfa Ntjam, au Fotografiska

photo expos Josèfa Ntjamphoto expos Josèfa Ntjam
l'intérieur de l'exposition au Fotografiska © Agnès Blanc Dubreuil - LPJ Allemagne

Josèfa Ntjam est une artiste franco-camerounaise qui mélange sculpture, photomontages et vidéos. L'exposition interdisciplinaire Futuristic Ancestry: Warping Matter and Space-time(s) nous plonge dans des compositions d’images prises à différentes échelles, créant de nouvelles réalités et appelant au changement par le collectif. Nous avons pu rencontrer Carine Harmand, curatrice au Tate Modern et amie de l'artiste, qui écrit pour elle les textes introductifs de l'exposition. 

 

Grâce à des références multiples, Josèfa établit des parallèles entre différents mondes et démontre le pouvoir de la lutte collective

Adoptant une approche non-anthropocentrée, Josèfa Ntjam a suivi des résidences avec des microbiologistes. Elle utilise des vues agrandies de la micro-biologie pour faire un parallèle entre les formes de résistance de certains organismes (réseau de communication souterrain, coopération, développement de boucliers, capacité de résilience, puissance dans la collectivité) et les luttes pour la libération des peuples africains et notamment du Cameroun. Son travail comprend des amalgames entre toutes ces références politiques, culturelles et naturelles pour mettre en lumière la puissance des luttes historiques contre le colonialisme et l’oppression. 

On peut voir dans cette exposition des assemblages de photos de rituels ancestraux, de cosmogonies africaines, et des propres archives familiales en hommages à ceux qui sont morts ou ont participé aux combats. Josèfa Ntjam établit un lien entre le naturel et l’humain, mais aussi le personnel et le politique.

 

photo expo Ntjam

 

“A travers cette histoire personnelle, Josèfa interroge aussi une histoire qui a et continue de silencier les mouvements indépendantistes, les efforts de libération.” Carine Harmand.

On retrouve chez cette artiste un autre axe de réflexion, qui cherche à faire le lien entre les révolutions passées - qui ont échoué ou ont été étouffées avant même d’avoir lieu - et celles à venir. Comment prendre en compte les combats précédents ? Comment s'approprier ces mémoires, quels sont les lieux et imaginaires que les combats passés ont habité ?  “Il y a beaucoup de références afro-futuristes dans le travail de Josèfa, du fait de cette réflexion à la révolution future”, détaille Carine Harmand. L’afro-futurisme est un courant intellectuel et culturel s’illustrant dans de nombreux genres artistiques, qui s’emploie à imaginer l’avenir des peuples noirs et notamment dans leur libération de l’impérialisme et du colonialisme occidental. Ce mouvement se projette toujours dans un détachement des systèmes d'oppression historique des peuples noirs. “Je pense que l’afro-futurisme va vraiment de pair avec n’importe quel mouvement indépendantiste de la diaspora africaine. Je dirais que depuis les 1950-1960, ce mouvement s’est posé cette question, d’où est-ce qu’on projette le peuple noir dans le futur”.

 

Rappeler les mémoires du passé pour mieux avancer dans la lutte future

Plusieurs oeuvres à travers l’exposition mettent en scène avatars, personnages inventés inspirés par la mythologie de l’Afrique de l’Ouest et de personnes réelles. “Chacun de ces avatars a des pouvoirs de transformation. Ils sont tous là pour appeler à ces révoltes futures, pour penser à l’histoire de la révolte”. Marthe (inspirée par Marthe Moumié, écrivaine et militante camerounaise), Persona (inspirée de Mami Wata, divinité du panthéon africain, figure de la transformation) et Saturna (personnage de la mélancolie, appelle à la manifestation de soi et à se remémorer ces mémoires cachées) apparaissent tour à tour dans une projection d’un espace imaginaire en mouvement et prennent la parole pour nous transmettre leur message.

 

intérieur de l'exposition

 

Le titre de l’exposition, Futuristic Ancestry, prend donc tout son sens quand l’on comprend la profondeur des questionnements proposés par Josèfa Ntjam. “Il s’agit de penser au futur, et penser au futur, on ne peut que le faire qu’en ayant intégré ces histoires de la révolte et du passé, qui ont été opprimées et oubliées. Cela ne peut se faire que par la réactivation de ça. Tous les avatars appellent donc à cette nouvelle émancipation.” résume Carine Harmand.

 

Informations pratiques
24juin6oct.

Du 24 juin à 11:43

Jusqu'au 6 oct. à 19:00

Adresse

Oranienburger Str. 54
Berlin

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