L'Olympiade de Berlin de 1936 est sans doute l´édition la plus connue et la plus marquante des Jeux Olympiques de l'ère moderne. Disputé dans la nouvelle Allemagne nazie, cet évènement sportif servit de vitrine à Adolf Hitler qui utilisa tous les moyens de propagande possibles pour démontrer la puissance de son Reich.
Le 1er août 1936, Hitler inaugure les XIe Jeux Olympiques modernes
La désignation de Berlin
Tout a en réalité commencé en 1912 à Stockholm lorsque le comité olympique désigna Berlin comme ville hôte pour accueillir les Jeux Olympiques de 1916. Evidemment, en raison de la première guerre mondiale, cette olympiade n'a pu être organisée.
C'est ainsi, avec le sentiment d´avoir une dette morale envers la ville mais aussi par méfiance envers les Républicains espagnols que Berlin fut à nouveau choisie au détriment de Barcelone par le comité olympique le 26 avril 1931, soit presque deux ans avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir. Au moment de la désignation, il était question d'aider l'Allemagne, alors démocratique, à revenir sur la scène internationale et de célébrer l'Allemagne redevenue "normale" et pacifique.
Certains ont appelé au boycott de ces jeux, pour protester contre l'antisémitisme prôné par les dirigeants nazis. Finalement, peu de pays ont boycotté les JO de Berlin ce qui permit à Hitler de triompher. Les affiches et journaux antisémites furent d'ailleurs bannis de Berlin pour laisser croire que l'Allemagne était un pays pacifique et tranquille. Ces jeux n'ont qu'un seul but : persuader le monde entier que l'Allemagne est un pays prospère, tolérant et heureux.
Un outil de propagande
Hitler va inventer pour l'occasion de nombreux symboles de l'olympisme qui vont lui survivre comme le trajet de la flamme, et il va réussir à jouer sur la confusion entre olympisme et nazisme. La ville est parsemée de drapeaux olympiques et de drapeaux avec la croix gammée, côte à côte. Les panneaux antisémites et tous les signes de violence sont temporairement enlevés des rues.
L'événement est orchestré par le régime qui va en faire une vaste opération de propagande. L'objectif est de présenter l'Allemagne comme une nation modèle qui défend la paix et respecte les principes olympiques d'égalité et de fraternité sur la scène mondiale.
Ces JO inaugurent également le rituel olympique que l'on connait aujourd'hui : les équipes arrivent les unes après les autres, accompagnées de fanfares. Un coureur apporte la flamme olympique depuis le site d'Olympie en Grèce.
Sur cette vidéo, nous pouvons notamment voir les athlètes français effectuer le salut nazi
Le ministre de la propagande Josef Goebbels commanda également un film à la cinéaste sympathisante nazie Leni Riefenstahl, Olympia, ou Les dieux du stade en français, en 1938.
Un contexte tragique
Pas moins de 114 lois anti-juives seront édictées pendant la seule période s'étalant entre les Jeux olympiques d'hiver, à Garmisch-Partenkirchen, et ceux d'été, à Berlin, tandis que tous les athlètes juifs de l'équipe nationale allemande, et certains de tout premier plan (Erich Seelig pour la boxe ; Daniel Prenn pour le tennis ; Gretel Begmann pour le saut en hauteur), en seront systématiquement exclus.
Egalement, le 16 juillet 1936, soit deux semaines avant l'ouverture de ces JO d'été, 800 Tziganes et Roms résidant à Berlin furent arrêtés arbitrairement, lors d'une rafle orchestrée par la police allemande et enfermés dans un camp à Marzahn, dans la banlieue berlinoise.
Jesse Owens, figure et symbole
L'américain Jesse Owens est sans conteste l'athlète qui acquit la plus grande renommée avec ses quatre médailles d'or pour les épreuves du 100 mètres, du 200 mètres, du saut en longueur et du relais 4 fois 100 mètres (dont trois records du monde battus). Il est un des dix-huit athlètes noirs à avoir décidé de participer aux Jeux. Il n'a cependant pas eu beaucoup de considération dans son propre pays, les États-Unis, y subissant également de fortes pressions discriminatoires.
Les 13 premières places décrochées par des Afro-américains à Berlin ainsi que les 5 médailles d'or remportées par des Juifs ont un parfum de revanche dans une Allemagne dirigée par des théoriciens de la "suprématie de la race aryenne".
L'Allemagne nazie gagne ses Jeux
Au tableau des médailles, l'Allemagne dominera ses hôtes, avec pas moins de 89 médailles dont 33 en or.
Elle est saluée dans le monde entier par les autres participants à la fois pour son hospitalité et pour ses prouesses physiques. Les Jeux sont un succès et le monde est resté aveugle, parfois charmé ignorant des signes annonciateurs d'un funeste avenir. Les JO de 1936 sont le symbole de la confusion extrême entre sport, propagande et politique.
G.H. (www.lepetitjournal.com/berlin) - Lundi 1er août 2016
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