Kosma Observatory: "Les allergies représentent la grande pandémie du XXIème siècle"

Les changements environnementaux, qu'ils soient climatiques ou autres, impactent notre santé. À partir de ce constat, Kosma Observatory vient d'organiser son premier congrès à Barcelone, avec pour ambition de placer cette thématique environnementale au cœur des préoccupations des chercheurs et médecins de part et d'autre des Pyrénées. Pour une meilleure prise en charge des risques... et des pathologies.

"Le premier congrès s'achève, mais ce n'est qu'un début", les mots de Carole Conforti disaient toute la satisfaction de cette scientifique du centre de recherche de l'hôpital du Vall d'Hebron, co-fondatrice de Kosma Observatory à Barcelone, avec la pédiatre Paula Ventura et la volcanologue française Anne Fornier. Objectif de cette initiative : fédérer la recherche sur les maladies liées aux conditions environnementales. "On parle souvent et à juste titre du changement climatique, on invoque de la même manière les conséquences néfastes de la pollution atmosphérique, mais nous n'avons aucune idée réelle de l'impact précis de ces conditions environnementales sur les maladies émergentes",  commente Anne Fornier : "Il n'y a pour l'instant que des embryons de recherche, et c'est justement ce nouveau champ scientifique que nous voulons explorer avec Kosma".

En 2050, la moitié de la population mondiale sera allergique.

Après deux ans de coordination et de préparation, la première pierre de ce nouvel observatoire a donc été posée les 26 et 27 janvier 2023 à Barcelone, avec l'organisation du premier congrès au HM-Hospital, où 115 spécialistes se sont retrouvés pendant deux jours (en ligne et dans l'amphithéâtre de cet établissement de soins) pour échanger sur ce thèmes des maladies liées à l'environnement. "Les allergies représentent la grande pandémie du XXIème siècle", a notamment prévenu l'allergologue Anna Sala en pointant le risque croissant et potentiellement mortel d'anaphylaxie (réaction sévère et généralisée à une allergie), et en rappelant les prédictions de l'OMS : en 2050, la moitié de la population mondiale sera allergique. Différents facteurs sont en cause : la pollution, bien sûr, mais aussi les modes de vie toujours plus sédentaires, les déséquilibres alimentaires, l'urbanisation.... "C'est une question de santé globale", résume le Dr. Anna Sala. D'où la satisfaction de Carole Conforti au terme du congrès : "Nous ne nous attendions pas à une telle fréquentation, qui représente un signe très positif de la prise de conscience de ces enjeux environnementaux par les spécialistes médicaux internationaux".

Notre objectif, c'est de faire en sorte que les maladies liées à l'environnement deviennent une spécialité en soi dans les hôpitaux

Faire des maladies liées à l'environnement une "spécialité en soi"

Les hôpitaux barcelonais du Vall d'Hebron et German Trias étaient associés à cet événement de Kosma Observatory, en partenariat avec HM-Hospital, qui regroupe le plus grand nombre de cliniques privées en Espagne. "Et ce n'est qu'un début", répète Carole Conforti, qui a pour ambition de fédérer d'autres établissements de soins, dans la péninsule ibérique, en France, et au delà : "Notre objectif, c'est de faire en sorte que les maladies liées à l'environnement deviennent une spécialité en soi dans les hôpitaux". Kosma Observatory veut également investir le champ de l'éducation, comme le fait depuis des années Anne Fornier avec sa Volcano Active Foundation.

L'émission du gaz radon en cas d'activité volcanique, un gaz naturel et inodore, peut provoquer énormément de cancers

En alertant, dans ce cas précis, sur les risques liés à l'activité volcanique dans le monde. La volcanologue intervient ainsi régulièrement auprès de quelque 2000 enfants dans une cinquantaine d'écoles. "L'éducation est fondamentale, mais pas seulement pour les enfants et le grand public ; le monde des volcans est un excellent exemple sur la nécessaire prise de conscience des risques de la part des spécialistes médicaux confrontés aux différentes pathologies qui découlent de cette activité volcanique", commente Anne Fornier ; "En volcanologie, cela peut concerner par exemple l'impact post-traumatique d'une éruption, mais aussi l'émission du gaz radon en cas d'activité volcanique: un gaz naturel et inodore qui peut provoquer énormément de cancers, et qui ne fait aujourd'hui l'objet que de quelques études scientifiques, hélas confidentielles". D'où l'importance de sensibiliser, sur ce thème comme sur beaucoup d'autres, les médecins, chercheurs et spécialistes. C'est désormais la mission de Kosma Observatory.