Marion Suffert a fondé Vasis Conseil il y a vingt ans, pour accompagner notamment les entreprises et expatriés français installés en Catalogne. En deux décennies, les réalités sont devenues plus dures, pour les sociétés comme pour les salariés. D'où la nécessité, pas toujours si évidente, d'une bonne gestion des ressources humaines. Interview.
Comment définissez-vous Vasis Conseil ?
Marion Suffert: C'est un cabinet de ressources humaines spécialisé dans la gestion des talents et la gestion de carrière ; la première spécialité étant dédiée aux entreprises, et la seconde aux candidats à l'emploi. Nous sommes una agence "franco-hispano-canadienne", puisque nous intervenons en Espagne, et plus particulièrement en Catalogne. Nous appliquons beaucoup de méthodes éprouvées en France et au Québec, où il y a une expertise particulière des ressources humaines, notamment dans la gestion des situations difficiles. Et nous nous adressons largement à un public francophone en Catalogne, mais pas uniquement, bien sûr.
Qui sont vos clients ?
Une grande partie de notre clientèle est constituée d'entreprises qui ont du mal à trouver les salariés compétents adaptés à leurs demandes, ce qui est d'ailleurs assez fréquent aujourd'hui. C'est un peu dans le prolongement de la crise sanitaire du Covid, qui a bouleversé les habitudes, mais aussi d'une certaine manière déstabilisé les salariés, avec comme conséquence une certaine démotivation, voire une déprime. Et désormais beaucoup n'hésitent plus à quitter leur poste, ce qui laisse les entreprises souvent démunies.
D'un autre côté, nous accompagnons beaucoup d'expatriés, bien évidemment dans les problématiques d'emploi, mais dans tout ce qui va avec le changement que cela implique. Y compris parfois dans les bouleversements familiaux que cela peut comporter, notamment avec le conjoint. C'est tout ce contexte-là qu'il faut prendre en compte quand on est expatrié.
Certains débarquent en gardant cette vision trop idyllique de Barcelone, à cause de la plage, du ciel bleu et des terrasses de cafés. Mais la réalité est beaucoup plus complexe et difficile. C'est aussi ce qui justifie notre activité
Pourquoi les services de Vasis Conseil peuvent intéresser plus particulièrement les entreprises françaises ou francophones ?
Nous travaillons avec le même professionnalisme quelle que soit l'entreprise, mais il est vrai que l'approche est sans doute particulière pour les entreprises françaises installées en Catalogne, qui ont généralement une bonne vision de la gestion de carrière ou des attentes par rapport au management de leurs talents. Ces sociétés ont par exemple une culture des bilans de compétences, qui n'existent pratiquement pas en Espagne, alors qu'il s'agit pour ainsi dire d'un "service minimum" de RH en France. Nous parlons donc le même langage avec ces entreprises françaises, parce que nous avons la même culture ou une sensibilité identique sur la gestion des talents pour travailler, par exemple, sur l'intelligence collective. Plus largement, nous apportons des services qui sont bien plus riches et complets que les agences d'intérim, dont le rôle est purement technique. Nous sommes un véritable partenaire de conseil avec toute une palette de services qui vont du recrutement au changement des équipes, en passant par la prévention et la gestion du risque de démotivation ou d'épuisement, l'aide à l'orientation et les bilans de compétences.... Autant d'outils au service aussi bien des entreprises que des salariés, pour trouver de nouvelles opportunités, et éventuellement se réinventer.
Quelles sont les nouvelles problématiques d'emploi à Barcelone, et plus généralement en Catalogne ?
Le problème numéro un, mais qui n'est pas spécifique à la Catalogne, c'est que les entreprises ne parviennent pas à recruter facilement. Et c'est à peu près le même constat dans tous les secteurs. L'autre particularité à Barcelone, c'est que les boîtes sont de plus en plus petites, et les recrutements se font le plus souvent pour des projets définis. Cela change la donne par rapport à une époque où les Français arrivaient à Barcelone convaincus qu'ils allaient trouver du travail rapidement. Et c'était effectivement le cas il y a une quinzaine d'années, même si les candidats ne parlaient pas espagnol ni catalan, ce qui m'a toujours étonné, d'ailleurs. En plus, je pense que les gens s'installaient alors en Espagne avec un projet de vie plutôt optimiste, pour le côté "dolce vita". Il y avait donc aussi un autre état d'esprit, plus favorable. Mais les choses se sont compliquées ; le contexte de l'emploi est devenu plus difficile pour tout le monde, donc pour les Français aussi. Malheureusement, certains débarquent en gardant cette vision trop idyllique de Barcelone, à cause de la plage, du ciel bleu et des terrasses de cafés. Mais la réalité est beaucoup plus complexe et difficile. C'est aussi ce qui justifie notre activité.
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