La natalité en Espagne préoccupe. Le nombre de naissances recensées n'a jamais été aussi bas depuis 1941.
C'est désormais un fait: en Espagne il y a davantage de personnes qui meurent que de nouvelles naissances. Selon les dernières données communiquées (sur l'année 2021), il y a eu exactement l'année passée 113.364 décès de plus que les naissances. Un déséquilibre continu qui préoccupe l'équilibre du pays: les spécialistes estiment que durant les 50 prochaines années, la population (autochtone) sera de plus en plus faible.
Une génération sans enfants
Selon les chiffres de l'Institut national espagnol de statistiques (INE), le taux de natalité espagnol ne cesse de baisser depuis 2010, avec une chute plus importante à partir de 2015. Les naissances sont inégalement réparties sur le territoire : les zones les plus rurales et moins habitées recensent peu de naissances, et il y a en revanche davantage de nouveau-nés le long du littoral méditerranéen.
Deux principales raisons expliquent le phénomène. Il y a d'une part une baisse de la volonté d'avoir des enfants pour toute une génération : de nombreux Espagnols autour de la trentaine expliquent ne pas ressentir le besoin de devenir parents ; ils priorisent leur carrière professionnelle mais se disent aussi satisfaits de leur vie sociale sans enfants. D'autre part, ceux qui souhaiteraient avoir des enfants deviennent parents de plus en plus tard, ou jamais, à cause du contexte économique du pays : les projets de grossesse sont reportés pour des raisons financières, par peur de l'avenir, de l'instabilité et du manque d'opportunités professionnelles.
Un problème d'équilibre national
Les données de l'INE font état de 337.380 naissances l'année dernière, soit 1,15% de moins que l'année 2020. Il s'agit du chiffre le plus bas depuis qu'il existe des registres de la natalité dans le pays. La baisse de la natalité et les progrès de la médicine transforment la population espagnole en une population vieillissante, pour laquelle des problèmes de pensions sont à venir. Le système de retraite espagnol va devoir affronter un souci de taille : plus de 30% de la population appartient à la génération dite du baby-boom. Ces travailleurs seront tous à la retraite d'ici vingt ans. Or, la génération qui devra permettre de payer leurs pensions de retraite est celle dite des millenials, qui représentent tout juste 16% de la population.
Pour le gouvernement espagnol, il s'agit d'un "problème de calcul à résoudre" pour les prochaines décennies. Le ministre de la Sécurité sociale José Luis Escrivá a expliqué que la prochaine génération, qui sera plus ajustée, "va obliger à renforcer le système de retraite durant les vingt prochaines années". Les experts estiment que le déséquilibre le plus important sera atteint en 2050, puis la situation devrait s'adoucir avec des coûts qu'il sera à nouveau possible d'assumer. Plusieurs solutions sont à l'étude pour pouvoir passer ces deux décennies compliquées, comme par exemple des modifications du système de calcul des retraites, l'augmentation des bases de cotisation, et la promotion de la retraite partielle ou de la "retraite active", entre autres.