C'est le club dont ils rêvaient il y a 15 ans. Patricia et Emmanuel Deleau, deux entrepreneurs français installés à Barcelone depuis longtemps, ont créé La Peña Business club pour aider les expatriés à installer leurs activités. Rencontre avec ceux qui font vivre l'entrepreneuriat français à Barcelone.


Patricia est franco-espagnole. Ella a fait une école d’interprète-traducteur à Paris. Elle est ensuite embauchée à l’ambassade du Mexique à Paris où elle travaillera 10 ans. De son côté, Emmanuel est né à Paris. Après une école de commerce, il s'est spécialisé en marketing, publicité et en entrepreneuriat. Il a travaillé en agence de communication, puis en agence média.
En 2006, Patricia et Emmanuel s’installent avec leurs deux enfants à Barcelone. Patricia lance alors sa propre entreprise de décoration murale, tandis qu’Emmanuel crée la filiale d’une société avec laquelle il avait collaboré quelques années plus tôt. Après plusieurs expériences professionnelles menées chacun de leur côté, Emmanuel imagine un club destiné à soutenir les entrepreneurs de Barcelone. Ainsi naît la Peña Business Club en 2008. Bien qu’associée dès l’origine, Patricia ne rejoint pleinement l’aventure qu’en 2015, après l’acquisition de leurs bureaux actuels.
Comment est née la Peña Business Club ?
Emmanuel : Tout a commencé un peu par hasard. Les premiers amis que tu te fais, ce sont les parents des amis de tes enfants au lycée français. Et il se trouve que certains sont entrepreneurs. Donc, en 2008, on fait un premier déjeuner qui se passe très bien. À ce moment-là, nous sommes six. On faisait tous le même métier, chefs d’entreprise, la seule chose qui nous différenciait, c'était ce que l’on vendait. On avait l'impression qu'on parlait un peu la même langue. Et tous ont eu la même réflexion : comment s’entraider ? Mais à aucun moment, on s'est dit que ça allait être un business. L'objectif premier, c'était bien manger, bien boire entre amis, une fois par mois.
Je suis un entrepreneur qui veut s’installer à Barcelone. En adhérant à la Pena qu’est-ce que je gagne ?
Emmanuel : Premièrement du networking. Ça, c'est l'ADN du club. Avoir accès à un réseau d'entrepreneurs, un réseau de confiance dans lequel tu vas pouvoir tout de suite être mis en relation avec des gens de secteurs d'activités très variés qui peuvent t'aider à développer ton activité.
Il arrive le matin sans rien et il repart le soir avec une société qui existe, qui peut facturer et qui peut être facturée.
Et nous avons 250 m² de locaux ouverts depuis 2015 accessibles en fonction des niveaux d’adhésion. Alors, plus l’adhésion est élevée, plus l'offre de service est riche. Mais avec le premier niveau, ils peuvent avoir accès juste à ces espaces-là, pour prendre un café, recevoir quelqu'un, répondre aux mails. C'est ouvert du lundi au vendredi. Cela va jusqu'à avoir accès à la salle de réunion, au salon privé ou à un bureau fermé.

Après, vous gagnez surtout du temps. On propose à nos membres qui arrivent ici de leur créer leur société. En 10 jours, on crée la société tous frais compris. Elle est domiciliée ici gratuitement pendant quelques mois. Par exemple, quelqu'un basé en France qui veut qu'on lui crée sa société, on lui dit de venir dans 10 jours et tout est fait par e-mail. On s'occupe du NIE et de tout le reste. Le client fait l'aller-retour dans la journée. Il arrive le matin sans rien et il repart le soir avec une société qui existe, qui peut facturer et qui peut être facturée.
Patricia : Et puis, quand ils choisissent la ville, on les conseille sur la zone où habiter, où scolariser leurs enfants, etc. On les aide pour le pro et pour le personnel. En tout est pour tout, on estime faire gagner un an.
Personne ne peut devenir membre de la Peña sans que l'on ne l'ait au moins idéalement reçu et pris un café avec lui.
Quels sont les critères pour pouvoir adhérer au club ?
Emmanuel : On fixe trois règles. C'est être le numéro un de sa boîte ou un des associés qui a la vision globale du business et un pouvoir de décision. Avoir une activité légale et surtout être une personne sympathique. On ne s'encombre pas des gens antipathiques. La devise, c'est viens comme tu es !
Et comment vous détectez ces trois points ?
Emmanuel : Personne ne peut devenir membre de la Peña sans que l'on ne l'ait au moins idéalement reçu et pris un café avec lui. Sinon, maintenant qu'on est dans d'autres villes, c'est au moins une visio avec les ambassadeurs qui sont dans la ville où on est. En 10 ans, on a presque 3.200 personnes dans la base de données, environ 400 adhérents, principalement à Barcelone, mais on est aussi à Lisbonne, à Madrid, à Porto, à Valence, à Majorque, à Milan. Et on est aussi en France, où on a créé le même écosystème avec mes associés du French Touch Fund. Cela s'appelle les Forces Françaises de l’Industrie. C'est un écosystème sur le savoir-faire et les produits français.
On a fusionné ces deux écosystèmes. Aujourd'hui, quand un entrepreneur rentre à la Pena, il entre dans tout cet écosystème. D'ailleurs, on encourage les membres à venir aux événements dans les autres villes parce que ça permet de créer des opportunités de business au-delà de Barcelone.
À quoi servent les déjeuners que vous organisez, est-ce inclus dans l’adhésion ?
Emmanuel : Alors, tu participes à un déjeuner de la Peña, tu vas découvrir une ville comme Lisbonne, par exemple. Dans le déjeuner, tu as des gens de la Peña à table, qui te donnent des conseils, et puis, tu fais tes rendez-vous. Le dernier déjeuner, on était 25 à table et tous venaient de différentes villes. Tous étaient en découverte de Lisbonne, donc ils se sont accrochés à notre événement pour connaître du monde, se présenter, etc.
Patricia est co-fondatrice de la Peña avec moi et elle s'occupe de toute la communication, du marketing et de l'organisation des événements.
Patricia : Je m’occupe de l'animation du réseau. Je fais en sorte qu'il y ait un vrai lien entre tous les membres. Sur la péninsule ibérique, j’organise une cinquantaine d'événements par an. Il y en a pratiquement toutes les semaines.
30 % de nos membres sont des femmes. On en est très fiers parce que les clubs de business sont assez masculins.

Vous avez beaucoup de francophone parmi vos membres ?
Emmanuel : En grande partie. Seulement environ 20 % ne parlent pas français. Mais la langue officielle, c'est la langue du pays où on se trouve, parce qu'ici, on est conscient que c'est nous les étrangers. Ce n'est pas aux Espagnols qui sont membres du club de faire l'effort de parler français.
Le monde de l’entrepreneuriat est généralement assez masculin. Quelle est la place des femmes dans le club ?
Emmanuel : 30 % de nos membres sont des femmes. On en est très fiers parce que les clubs de business sont assez masculins. On a des femmes très inspirantes. C'est en grande partie lié au fait que ce soit Patricia qui gère de façon opérationnelle les événements. Le fait de voir une femme aux commandes met les femmes en confiance. Nous, on est un bon mixte homme-femmes. Par exemple, il y a une petite dizaine d'années, quand Patricia est arrivée à la Peña pour s'occuper tous les mois d’un afterwork, women only. Patricia n'organisait cet évènement qu'avec des femmes. Et il y en avait une qui était mise en avant pour présenter son business.
Patricia : On est très fiers d'avoir 30 % de nos membres femmes et le mieux, c'est à ce qu'il y en ait 50-50. Et l’idée, c'est de mettre en avant sur nos réseaux sociaux autant de femmes que d’hommes.
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