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C. Piquemal, l'action d'un Consulat de France "de terrain" à Barcelone

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Cyril Piquemal entouré de l’équipe du consulat
Écrit par Francis Mateo
Publié le 16 décembre 2019, mis à jour le 16 décembre 2019

Le Consul Cyril Piquemal tire le bilan de ses deux ans de mission à Barcelone. Avec notamment la volonté de donner une réalité à l'Europe à travers des actions concrètes de partenariat. 


Quelles sont les caractéristiques de la circonscription du Consulat Français de Barcelone ?

Cyril Piquemal : La circonscription regroupe l'Aragon, les Baléares et bien sûr la Catalogne. C'est un miroir de la diversité espagnole, et la communauté française composée officiellement de 36.000 compatriotes (1) est ici à l’image de ce territoire divers ; c'est une communauté jeune, de 40 ans de moyenne d'âge, entreprenante, ce qui se traduit par un grand nombre d'entreprises françaises, entre 700 et un millier, dont beaucoup de startups. Mais de l'autre côté du spectre, je n’oublie pas les populations plus âgées ou plus fragiles, dont les jeunes qui viennent tenter leur chance à Barcelone, et que le Consulat accompagne notamment à travers les bourses scolaires, mais également en soutenant les associations parce que cette communauté entreprenante est également marquée par les valeurs de solidarité.


Pour les passeports et les cartes d’identité, nous ouvrirons nos bureaux en continu tous les jeudis à partir du mois de janvier


Quel bilan tirez-vous de votre action depuis votre de prise de fonctions à l'été 2017 ?

Au niveau de la politique consulaire, je retiens d'abord la très forte volonté de modernisation de la politique d'accueil consulaire. À commencer par la rénovation de locaux plus modernes et une plus forte volonté d'écoute. Je dis toujours à mes équipes que nous sommes là pour appliquer des normes, mais une norme ne vaut que si elle se réfère à une situation individuelle. Cela nous oblige aussi à être plus disponibles, et à ce titre, je suis fier d'annoncer que pour les passeports et les cartes d’identité, nous ouvrirons nos bureaux en continu tous les jeudis à partir du mois de janvier, de 9h00 à 18h30 sans interruption. Nous travaillons aussi sur la gestion des temps d'attente à travers l’application de la startup Affluences, qui permet aux usagers de savoir combien de temps ils vont attendre sur les différents guichets. 

 

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Le 14 juillet au Lycée français / DR


Cette modernisation passe également par une meilleure accessibilité téléphonique ; nous travaillons, là encore, avec une startup française établie à Barcelone et Perpignan, HelloMyBot, pour déployer un "Chatbot" afin de répondre directement sur Internet aux principales questions que se posent les usagers ; en attendant la mise à disposition d'un "VoiceBot", c'est-à-dire un assistant vocal intelligent pour mieux répondre au téléphone. Dans le même esprit d'accessibilité, je tiens à mentionner le dispositif Consuleo qui nous permet de nous déplacer pour établir des documents d'identité auprès des populations à mobilité réduite ou n'ayant pas les moyens de venir facilement au consulat. Et en terme d'actions enfin, je pense qu'il faut retenir notre engagement pour la coopération et les partenariats. 

 

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Goût de France à l’Estació de França / DR



Comment se traduisent ces actions ? 

L'une de nos missions, c’est de construire des partenariats et des coopérations qui donnent du sens au cadre européen dans tous les domaines : économique, scientifique, universitaire ou culturel. Pour faire de l'Europe une réalité vécue. Je vais prendre un exemple concret et d'actualité : nous avons travaillé pendant deux ans avec le rectorat de Toulouse, le département d’éducation de la Généralité de Catalogne, des lycées hôteliers à Lleida et Sitges d’un côté, Lourdes et Toulouse de l’autre, et nous venons d'organiser un premier échange d'élèves qui peut s'apparenter à un embryon d'Erasmus de l'Apprentissage. Dans ce cas présent, nous avons suscité ce partenariat entre les établissements, initié une reconnaissance mutuelle des référentiels de formation professionnelle, pour construire une confiance et permettre à des élèves qui passeront leur Bac pro de cuisine en 2020 d’élargir leurs horizons en passant un trimestre de l’autre côté des Pyrénées. Et ce n'est qu'un début. Voilà une illustration d'un partenariat qui doit permettre aux jeunes élèves de développer un sentiment d'appartenance à l'Europe, pour que l'Europe ne soit pas seulement une grande et belle idée mais une réalité concrète pour tous, de tous les territoires, de toutes les origines.


La situation politique en Catalogne a indéniablement rendu plus complexe notre action


Comment le conflit institutionnel catalan a-t-il interféré dans ces actions du Consulat ?

La situation politique en Catalogne a indéniablement rendu plus complexe notre action ; mais paradoxalement, cette instabilité nous a conduit à travailler de manière plus étroite avec la société civile de Barcelone et de Catalogne. Nous nous sommes ainsi rapprochés d'une réalité de terrain de ces territoires qui tirent aussi leur vitalité économique de la société civile. Cette situation politique nous obligeait à ouvrir de nouveaux chantiers, de nouvelles perspectives avec des fondations, des universités, des associations entreprises... C'est notamment dans ce contexte que se sont renforcés les échanges avec les recteurs de toutes les universités de Barcelone et de Catalogne dans le cadre des projets d'universités européennes. Je prends encore un exemple concret : je souhaitais que nous puissions faire venir à Barcelone des fonds de capital-risque français, à la rencontre des startups et des centres de recherche, et nous avons organisé l’événement au mois de mai dernier avec Business France ; cela n'a été possible que grâce à la mobilisation d'anciens élèves du Lycée français devenus chercheurs. 


Au-delà d'une situation politique complexe et sur laquelle la France a toujours été très claire, nous travaillons en profondeur

Vous voyez donc qu'au-delà d'une situation politique complexe et sur laquelle la France a toujours été très claire, nous travaillons en profondeur, pour construire ces partenariats transfrontaliers et européens qui sont à l’image de l’amitié qui unit la France et l’Espagne. En appelant évidemment à la stabilité en Catalogne, à la confiance, dans le respect du cadre légal et constitutionnel espagnol.

 

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Rencontre avec un chercheur à l’Idibell (Institut d'Investigació Biomedica de Bellvitge) / DR


Quel est le rôle du consulat vis-à-vis des entreprises et réseaux d'entrepreneurs français installés en Catalogne ?

C'est à la fois un rôle d'accélérateur et d'incubateur. D'abord pour faciliter la mise en relation entre les acteurs économiques, pour accompagner les entreprises qui veulent s'installer et simplifier leurs démarches, en lien très étroit avec Business France et la Chambre de Commerce. Nous avons ainsi accueilli récemment une délégation de viticulteurs du Roussillon pour les mettre en relation avec des distributeurs, des négociants, des œnologues, des sommeliers de Catalogne et de Barcelone. Pour ce qui concerne le rôle d'incubateur de projets, c'est un travail de construction de partenariats qui s'appuie aussi sur la communauté française et les réseaux d’entrepreneurs. C'est un travail de terrain méthodique, déterminé, pour faire en sorte qu'il y ait toujours plus de liens en Europe. L’Union est un projet, une ligne d’horizon mobilisatrice. À partir des milliers de fils très concrets que nous tissons entre nos pays, année après année, se fortifie quelque chose qui est comme une trame, et en fait, une authentique communauté de destin. 

(1) On multiplie généralement par deux le nombre des concitoyens inscrits pour estimer la quantité réelle de résidents, soit ici entre 70.000 et 80.000 Français, dont à peu près la moitié à Barcelone.

  

francis mateo
Publié le 16 décembre 2019, mis à jour le 16 décembre 2019

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