

Lancée le 3 avril dans la capitale catalane, l'application Uber se veut une alternative au taxi, et propose à ses usagers de commander via smartphone une voiture avec chauffeur. Dans la pratique, n'importe quel individu peut s'improviser pilote pour le service. En Espagne, Uber a cette semaine sérieusement fait grincer des dents les syndicats de taxis. Hier, les professionnels appelaient à manifester dans toute l'Europe, pour dénoncer l'application.
(Photo CC ukg.photographer)
Créée en 2009, Uber a connu un développement rapide, avec aujourd'hui un capital de 17 milliards de dollars, rapporte le site 01net.com. En août 2013, la participation de Google à hauteur de 258 millions de dollars dans le capital de la start-up américaine, a fait de cette dernière un nouveau géant d'Internet. Si son chiffre d'affaires n'est pas connu, la société tire cependant ses revenus d'une taxe prélevée sur chaque trajet réservé via son interface. Elle est devenue un acteur important sur le marché hyper compétitif du véhicule de tourisme avec chauffeur (VTC).
| Les promesses d'Uber : - commander un chauffeur en un simple clic et à partir de son smartphone - suivre la progression de l'approche du chauffeur en temps réel. Grâce à la fonction de géolocalisation du smartphone, l'usager peut être connecté avec son chauffeur qui vient le chercher et anticiper l'arrivée de son transport - payer en ligne - noter le chauffeur et laisser un avis sur les services qu'il prodigue pour les autres usagers |
Uber, qu'est-ce que c'est ?
Une application mobile, disponible sur Iphone et Android, qui utilise le système de géolocalisation des smartphones pour mettre en relation des chauffeurs non-professionnels et des usagers. Active sur les cinq continents, et depuis le début de l'année en Europe, elle revendique son implantation dans 36 pays à travers le monde, dans 125 villes. La recette de son succès : s'attaquer au monopole quasi mondial des taxis urbains, en offrant un service connecté flexible, rapide et à des prix abordables.
S'improviser chauffeur
Uber s'appuie sur un nombre de chauffeurs illimités : en effet n'importe quel conducteur au volant de son véhicule personnel ?âgé de 21 ans minimum, titulaire d'un permis depuis au moins 3 ans, dont la voiture est passé au contrôle technique et avec un casier judiciaire vierge? peut s'improviser chauffeur.
| Uber une application polémique en Europe La Belgique a été la première à frapper du poing sur la table, en condamnant le 15 avril dernier la start-up californienne a une cessation immédiate de son activité sur son territoire, au motif que l'offre d'Uber ne respecte pas les pratiques honnêtes et concurrentielles du marché. Cette décision s'accompagne de la possibilité de voir s'appliquer des contraventions de plus de 10.000? en cas d'infraction constatée. L'Allemagne a répondu par le biais du tribunal de grande instance de Berlin à ce nouveau service le considérant comme une pratique anti-concurentielle vis-à-vis des taxis de la capitale allemande, sans pour autant sanctionner son utilisation au moyen de contraventions. En France, les réactions ne se sont pas faites attendre : l'application Uber a été accueillie avec passion mêlant sentiments de colère et d'enthousiasme. Si les usagers sont plutôt bienveillants, les professionnels du VTC veulent s'attaquer à cette forme de "covoiturage à but lucratif". La Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF), section du ministère de l'Economie et des finances, a ouvert une enquête en février dernier à propos du "développement de services de transports sous couvert de covoiturage, susceptible de faire encourir de forts risques juridiques aux particuliers". |
Ça se passe comment pour Uber en Espagne ?
En Espagne, l'application de transport a choisi la capitale catalane pour implanter son service. Argument : Barcelone, moderniste par essence, est aussi est un smartcity, qui promeut l'innovation et la connexion aux 4 coins de la ville. Evènement phare s'il en est, elle accueille en son sein le Mobile World Congress. L'enthousiasme de la société américaine s'est cependant heurté au STAC. Le syndicat des taxis catalans évoque des "activités illégales" qui pourraient "mettre en péril plus de 100.000 emplois dans le secteur des transports, qui a déjà subi la crise économique".
En guise de réponse, Uber a publié un article via son blog, soutenant que l'application continuera à fonctionner sur Barcelone mais également que cette situation de conflit n'était ni bénéfique aux usagers, ni aux conducteurs, ni pour la ville.
De son côté, Ana Pastor, la ministre des Transports, après avoir écouté les revendications des chauffeurs de taxi, a rappelé que le transport de voyageurs est règlementé et requiert une autorisation de l'administration. Ainsi le ministère menace conducteurs et usagers de les sanctionner par des amendes. Pour les chauffeurs offrant des prestations sans détenir une autorisation délivrée par l'Etat, les contraventions pourront aller de 4.001 à 6.000?. En cas de récidive de leur part, l'amende pourra atteindre jusqu'à 18.000?. Les usagers pourraient quant à eux être sanctionnés par des contraventions comprises entre 401 et 600?.
Pour le portail de téléchargement Softonic.com, Uber aura cependant bien du mal à s'implanter en Espagne : "à la différence de Paris, prendre un taxi à Barcelone est un jeu d'enfant. Les taxis sont en effet nombreux et les prix déjà très compétitifs. Son succès paraît déjà plus compromis".
Exemple : une course du croisement de l'Avenue Diagonal avec le Passage de Gracià à la Gare de Sants est proposée à 7? sur Uber. Le prix du service comprend 3? de frais d'approche, plus 0,30 centimes d'euros la minute et 0,80? par kilomètre effectué. Pour le même trajet, le tarif en taxi ne varie pas énormément. Selon le calculateur en ligne tarifas.a-rte.es, compter 7,54? pour la même course. Renseignement pris auprès d'une centrale de réservation, il vous en coûtera 10? si vous réservez par téléphone votre taxi.
Léa JOURDAN (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 11 juin 2014
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