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SAINT VALENTIN – Rencontre avec Manel Fontdevila, auteur de la BD La Parejita

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 12 février 2009

La Parejita, c'est un peu un guide de comment dire « je t'aime » à l'espagnole. L'Amour, le sexe, le bonheur et la recette de la paella sont quelques uns des principaux ingrédients de cette drôle de série

Manel Fontdevila est un des dessinateurs phare de la bande dessinée contemporaine espagnole. Débutant sa carrière de dessinateur dans des fanzines tels que El Vívora ou Tótem, il commence assez rapidement à publier dans El jueves (l'équivalent de notre Fluide Glacial national). Il y dessine une page hebdomadaire de La Parejita et collabore avec Monteys sur les planches de Para ti que eres joven. Il publie parallèlement un gag quotidien dans le journal Público.
La Parejita est la série phare de l'auteur. Il y raconte les aventures et mésaventures d´un jeune couple qui décide d'habiter ensemble. L´amour, le sexe, le bonheur et la recette de la paella sont quelques uns des principaux ingrédients de cette drôle d'histoire.

Lepetitjournal : Comment est née l´histoire de La Parejita ?
Manel Fontdevila :
Ça va faire déjà 13 ans que Mauricio et Emilia mènent une vie en commun ! Dans un premier temps, l´histoire s´est construite sur le style de la littérature de m?urs, en traitant des événements quotidiens de tout un chacun : avoir la maison propre, arroser les plantes? Ces petits riens suffisaient pour conduire le scénario. L´histoire a toujours tourné autour de l´amour, de la confiance, et même du sexe?
Puis les personnages ont commencé à prendre corps et à développer des caractères propres. Mauricio est un garçon plutôt tranquille, indolent. Emilia quant à elle est une femme assez dominante? Leur couple est un peu à l'image de l´histoire de l´Espagne et de son évolution. Les petits détails de leur vie en commun reflètent les énormes changements sociaux de tout un pays.


Mauricio et Emilia viennent juste d´avoir un enfant. Ils pensent lui faire un petit frère bientôt ?
Bon, Óscar est né après dix ans de vie en couple. J´avais besoin de faire avancer un peu les personnages. Ils ne pouvaient pas avoir éternellement trente ans ! Le problème, c´est que je me suis imposé un programme beaucoup trop rigoureux. J´ai fait dans El jueves une page hebdomadaire sur la grossesse et l´accouchement? à temps réel ! Ça a été une expérience épuisante, qui ne me laissait pas beaucoup de marge de manoeuvre.
Pour l'instant, je n'envisage donc pas de donner un petit frère à Oscar? et en plus, un enfant ça coûte cher !

Ce sont des temps de crise aussi pour l´amour?
Inclure la crise n´était pas prévu, mais vu l´allure à laquelle vont les choses, j'y ferai peut être allusion dans les prochaines planches. Je pourrais dessiner sur le besoin de faire des économies, ou sur les astuces pour dépenser moins. En fait, dans La Parejita il n´y a presque pas d´allusion à leurs emplois, ni à leur vie en dehors de leur propre famille, d'ailleurs. Les seuls personnages extérieurs au couple sont Carlitos et Elvira. Ces deux personnages sont un peu leurs alter ego, ce qu'auraient été Mauricio et Emilia s'ils ne s'étaient pas rencontrés. Lui, un célibataire attardé et elle, une femme assez libérée.

En parlant de stéréotypes : peut on dire que La Parejita est un couple "cucul la praline"?
J´ai toujours essayé d´éviter les mièvreries. Emilia et Mauricio étaient peut être un peu comme ça dans les premiers temps. Maintenant ils sont passés à autre chose. Bien sûr qu´ils s´aiment, mais c´est un autre genre de complicité, ils n´ont pas le même besoin de se répéter tout le temps l´amour qu'ils sentent l´un envers l´autre. En ce moment, ils n'ont même plus besoin de se donner des surnoms ! Pour autant, l´amour entre eux ne semble pas s´évanouir.


Et votre femme, n´en a-t-elle pas un peu marre de voir ses propres défauts exposés chaque semaine aux lecteurs ?
Ha ! ha ! Non, en fait elle m´aide beaucoup. Elle m'aide dans le choix des sujets, dans la création des gags? C´est vrai que cette série tient beaucoup du réel. Je m'inspire de mon expérience ou de celle de mes amis. Une de mes plus grandes satisfactions, c´est quand les lecteurs se sentent identifiés, ou quand quelqu´un de mon entourage me dit: "Mais c'est comme si c'était moi ça !". C´est la preuve que ce que j´écris, c´est vraisemblable. C'était mon intention première lorsque j'ai crée la série.

Quel est l´avenir d'Emilia et Mauricio ?
A vrai dire je ne sais pas trop. J´improvise souvent. Je voudrais plus parler des grands-parents d'Óscar, de la vieillesse? Mais c´est un sujet délicat, qui peut être assez triste. Et je ne veux rien de triste dans La Parejita.
C´est d'ailleurs pour cette raison qu'il n´y a jamais eu d'infidélité entre eux. Oui, évidemment qu´ils y ont pensé. C´est même l´origine de plusieurs gags, mais je n´ai jamais voulu faire une bande dessinée "glauque". J´ai envie d´aborder des sujets crus, mais toujours de façon humoristique.

Votre série rappelle Le retour à la terre, de Manu Larcenet. Vous connaissez cette série ? Y a-t-il un autre dessinateur francophone qui vous intéresse ?
Oui, évidemment que je la connais. Avec Larcenet, on part de la même base. C´est à dire d'une histoire très autobiographique, à laquelle on essaye de donner une note d'humour. Le retour à la terre c'est aussi une histoire d'amour, et l´amour c´est une histoire universelle.
A part ça, j´aime beaucoup la bande dessinée française. J´ai étudié le français à l´école, donc j´ai la satisfaction de pouvoir lire les bandes dessinées en français. Je m´intéresse particulièrement à Blutch (mon «dessinateur de chevet ») à Sfar, Blain? J´espère pouvoir me rendre au prochain festival d´Angoulême pour visiter le stand de Blutch...J'en rêve!






Propos recueillis par Ana Sánchez Rodríguez (
www.lepetitjournal.com) vendredi 13 février 2009

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Publié le 13 février 2009, mis à jour le 12 février 2009
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