Cela faisait des années que ce type de protestation violente ne s'était pas produite. Environ 500 viticulteurs français s'en sont pris à des camions espagnols qui transportaient du vin, des tomates et de la laitue, entre autres.


Alors que l'Espagne préside encore jusqu'en décembre le conseil de l'UE, la tension avec son voisin de l'autre côté des Pyrénées monte encore une fois. Cette fois, le coupable n'est autre que les importations de denrées alimentaires espagnoles et en particulier le vin qui traverse la frontière française. Bruxelles vient de demander des explications à la France.
500 viticulteurs français sur le pied de guerre
Selon l'agence de presse EFE, environ 500 viticulteurs français ont bloqué le poste frontière avec l'Espagne au Perthus pour exiger l'arrêt des importations. Ils ont brûlé des pneus au péage autoroutier du Boulou et ont ouvert plusieurs camions pour répandre le chargement qu'ils transportaient sur le macadam, notamment du cava (mousseux) de la marque Freixenet. Cette action a fait réagir les organisations agricoles et les transporteurs.
"Nous n'avions pas vu ce genre d'attaque depuis des années -s'est exclamé à EFE le porte-parole de l'Union des petits agriculteurs et éleveurs (UPA). Ces attaques contre les produits espagnols sont intolérables face à la totale passivité des forces de sécurité françaises. Nous demandons à la Commission européenne d'intervenir dans cette affaire et au gouvernement de prendre contact avec le gouvernement français pour que ce type d'action ne se reproduise plus, car il ne s'agit pas d'une protestation, mais d'une attaque qui, selon nous, mérite une réponse appropriée".
Le gouvernement espagnol veut dialoguer
Pour le moment, le gouvernement espagnol a déclaré qu'il "condamnait ces actes qui constituent une atteinte à la libre circulation des marchandises au sein de l'Union européenne et qui nuisent aux intérêts des personnes concernées. Nous sommes en contact avec les autorités françaises pour assurer le retour à la normale et éviter que ces incidents ne se répètent".
Déclarer la guerre au vin espagnol
Les manifestants cherchent à "stopper les importations espagnoles", qu'ils accusent d'être à l'origine de la faillite de nombreuses exploitations du sud de la France avec des prix bien inférieurs aux leurs. Ils visent notamment le vin. L'UPA rejette précisément ce point et assure que la situation vécue par les agriculteurs en France est la même qu'en Espagne, où la production de vin est supérieure à la consommation, qui ne s'est pas rétablie après la pandémie, ce qui a entraîné une chute des prix qui touche les deux pays de la même manière.
La France, principal acheteur de vin en vrac espagnol
Rappelons que la France est le principal acheteur de vin en vrac espagnol, représentant 32% du volume total exporté par l'Espagne et 30% du chiffre d'affaires de ces expéditions, selon les données de l'Observatoire espagnol du marché du vin (OEMV) entre juillet 2022 et 2023. Dans le détail, les achats français de vin espagnol en vrac ont légèrement diminué de 0,1 % en volume au cours de l'année qui s'est achevée en juillet de cette année, pour atteindre 368,7 millions de litres, et ont augmenté de 6,2% en valeur, pour atteindre 153,8 millions d'euros, avec une augmentation du prix moyen de 6%: 42 centimes par litre. Au cours des sept premiers mois de l'année, la France a acheté près de 218 millions de litres de vin en vrac pour une valeur de plus de 93,6 millions d'euros.