

Chute du lectorat, baisse des recettes publicitaires et gratuité du web. Le bon vieux canard ne fait plus recette. Pas plus que les chaines de télévision et les radios. Etat des lieux en Espagne d'un modèle économique à repenser
(En trois ans, la presse espagnole a perdu un million de lecteurs / Photo Lepetitjournal.com)
"Le journalisme aura un futur", assure Sylvie Kauffman, directrice de la publication du Monde, lors d'une conférence sur l'avenir de la presse, aux côtés des directeurs du País, du Guardian, du New York Times et du Der Spiegel, le 24 février, à Madrid. "En revanche, c'est une autre histoire pour les journalistes". Un avenir incertain qui inquiète les salariés de Prisa, éditeur d'El País et actionnaire du Monde. Hier, ils ont annoncé plusieurs journées d'action à la mi-avril pour protester contre les 2.500 suppressions de postes annoncées par la direction (soit 18% des effectifs). Accusant une perte de 72,9 millions d'euros en 2010, le groupe de presse espagnol a dû vendre sa chaîne Cuatro à sa rivale Telecinco pour éponger ses dettes.
Moins un million de lecteurs
En 2010, El País, le premier quotidien généraliste de la Péninsule s'est écoulé en moyenne à plus de 300.000 exemplaires par jour, soit une baisse de près de 6,4% ses ventes. Selon El Confidencial Digital, El Mundo (194.000), ABC (177.000) et La Razón (64.000) ont également plongé. En près de trois ans, le presse quotidienne espagnole aurait perdu plus d'un million de lecteurs (3,2 millions en 2010).
Pire, à l'échelle internationale, selon une enquête réalisée aux Etats-Unis par l'institut Harris Interactive, plus d'un habitant sur deux est convaincu que les journaux papier auront complètement disparus d'ici une décennie.
"La qualité se paiera"
"La presse traverse la pire crise de son histoire", estime l'association Asimelec qui regroupe des entreprises du secteur des nouvelles technologies de l'information et de la communication. En cause : Internet et l'arrivée des tablettes numériques type iPad. Des nouvelles technologies qui ont favorisé "un accès à l'information rapide, libre et gratuit", indique Alan Rusbridger, du quotidien britannique The Guardian. "Le futur se trouve bel et bien ici".
Aujourd'hui, selon l'Asimelec, près d'un quart des Espagnols regardent la télévision via leur ordinateur. Des parts de marché importantes pour les annonceurs et les médias. Mais "si les lecteurs veulent de la qualité, ils devront payer", garantit Sylvie Kauffman. "C'est vrai, pourquoi une revue, même en ligne, devrait être moins chère qu'un café ", ajoute l'allemand Georg Mascolo, du journal Der Spiegel.
Mathilde BAZIN (www.lepetitjournal.com ? Espagne) Mercredi 2 mars 2011







