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PRÉSIDENCE - Rajoy réélu à la tête du gouvernement

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 30 octobre 2016, mis à jour le 7 janvier 2018

Après dix mois de blocage politique et deux convocations d'élections, l'Espagne a enfin nommé un chef du gouvernement, le président sortant Mariano Rajoy, élu grâce au soutien des parlementaires socialistes.

(photo CC PartidoPopular) La réélection de Mariano Rajoy et du Partido Popular à la tête du pouvoir exécutif espagnol n'a pas été un chemin facile. Il y dix mois, le parti de droite enregistrait l'un de ses pires scores aux élections, bousculé par la montée de deux nouveaux partis, Ciudadanos et surtout Podemos qui s'est imposé comme troisième force politique. Mais faute d'accord entre les partis de gauche, de nouvelles élections en juin ont permis au PP de récupérer des sièges parlementaires pour tenter de former un gouvernement. Alors que son parti politique est en pleine tourmente pour des affaires de corruption, Mariano Rajoy a réussi a se refaire élire à la tête du gouvernement grâce à 170 votes en faveur (du PP et de Ciudadanos), et surtout grâce à l'abstention de 68 députés socialistes qui lui ont permis d'obtenir une majorité simple face aux 111 voix à son encontre (de Podemos, et des partis nationalistes basques et catalans).

PSOE : du "no es no" à la demission de Sanchéz
Lors de ce débat d'investiture, l'attention était davantage portée sur les parlementaires socialistes que sur le candidat à la présidence. Ce sont bien les députés du PSOE, deuxième force politique lors de ces élections, qui avaient le pouvoir de faire élire ou de bloquer la nomination de Rajoy. Dans un premier temps, la position du parti socialiste, avec Pedro Sanchéz à sa tête, était claire : "no es no". Mais face à la responsabilité de nouvelles élections, les troisièmes en un an, le comité fédéral du parti avait décidé ce mois-ci de laisser gouverner Rajoy pour débloquer la paralysie politique. Le parti socialiste a donc demandé à ses députés de s'abstenir de voter lors de la session parlementaire pour permettre l'investiture du candidat du PP. Une consigne à laquelle Pedro Sanchez, ancien secrétaire général du PS, n'a pu se conformer : il a préféré démissionner de ses fonctions de député. Quinze de ses partisans ont bravé la consigne de la direction du PS et ont tout de même voté "non" à la candidature de Mariano Rajoy. Le parti d'opposition espagnol est fracturé comme il ne l'a jamais été.

Amertume et colère dans l'opposition
Dans ce contexte, le président Rajoy va rencontrer des difficultés pour gouverner en minorité avec ses 137 députés. Si le PSOE lui a permis d'accéder au pouvoir, le parti ne semble tout de même pas être prêt à lui faciliter la tâche. Antonio Hernando, porte-parole des socialistes au parlement, a assuré dans son discours que "le PS permettra la formation d'un gouvernement, mais n'appuie ni le gouvernement du PP ni ses budgets". ?Les autres partis de gauche n'ont pas manqué de souligner la "trahison" des socialistes qui ont permis l'élection de Rajoy. Les critiques les plus fortes sont venues du porte-parole de ERC Gabriel Rufiàn. Dans un discours très piquant, le député a demandé aux socialistes s'ils n'avaient pas honte et a asuré que les fondateurs du parti "doivent se retourner dans leur tombe". Sa dernière pique fut lancée lorsqu'il a répondu "no es no" lors de son vote. Seul le parti Ciudadanos a appuyé ouvertement la candidature de Mariano Rajoy. Le leader des députés oranges Albert Rivera a expliqué lors de son discours que "ce n'est pas le gouvernement de Ciudadanos, mais il s'agit du gouvernement légitime, élu démocratiquement".
Pablo Iglesias, chef de file du parti anti-austérité Podemos, a quant à lui lancé un message à tous les électeurs "frustrés de la réélection de Rajoy". "Cette législature est un épilogue" a-t-il lancé au nouveau président avant d'ajouter que le bipartisme est bien fini en Espagne : "Aujourd'hui nous serons un parti d'opposition, mais demain nous serons prêts pour gagner les élections et gouverner au service de la nouvelle Espagne".

Les défis de la législature de Rajoy
Outre les difficultés pour trouver des alliés parlementaires pour valider ses réformes et ses budgets, le président Rajoy devra aussi faire face à des obligations externes. La semaine dernière, la commission européenne, qui avait annulé la sanction à l'Espagne pour non respect du déficit budgétaire, a envoyé une lettre au gouvernement espagnol pour lui rappeler qu'une dette de 5,5 milliards d'euros doit être rapidement réglée, et pour réclamer 11 millions de déficit structurel sur les deux années à venir. Et ce sont bien les restrictions budgétaires qui posent problème au parlement. Le président Rajoy a averti dès sa nomination ce week-end : "Je ne négocierai pas la stabilité budgétaire, ni l'unité de l'Espagne, et ne détruirai pas ce que j'ai construis". Les principales problématiques auxquelles devra répondre le leader du PP et chef du gouvernement sont le chômage, le conflit catalan, les pensions et l'éducation. Sur ce dernier point, Rajoy a accepté de dialoguer et de réaliser des retouches à la loi LOMCE contre laquelle étudiants, familles et enseignants manifestent actuellement.
La nomination de Mariano Rajoy sera officialisée par le roi Felipe VI, puis le nouveau chef du gouvernement annoncera la composition de son cabinet jeudi.

Perrine LAFFON (www.lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 31 octobre 2016
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Publié le 30 octobre 2016, mis à jour le 7 janvier 2018

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