Des milliers de Français ont posé leurs valises dans la capitale catalane. Pour quelques mois, quelques années ou pour toute la vie, chacun a sa raison pour s'y installer. Certains sont venus pour leurs études, d'autres pour une opportunité professionnelle. Il y a ceux qui sont là par amour, et ceux qui sont arrivés là un peu par hasard. Portrait de l'un(e) d'entre eux.
(Photo DR) Laura a 25 ans. Après ses études d'école de commerce en management international, elle a travaillé en France comme responsable commerciale dans les nouvelles technologies. Mais très vite, l'envie de réaliser un parcours à l'international l'a démangée. Après une sixième année de spécialisation en achats, elle a été embauchée par l'entreprise Alstom, aujourd'hui rachetée par General Electrics (GE), pour un volontariat international à l'étranger en Espagne à Barcelone.
Le V.I.E., un contrat français pour les jeunes à l'international
Le volontariat international en entreprise (V.I.E.) est un contrat géré par Business France, l'agence française pour le développement international des entreprises. Ce dispositif permet à un jeune français de moins de 28 ans d'effectuer une mission professionnelle dans un pays étranger pour le compte d'une entreprise française. Cette formule est un véritable tremplin pour les jeunes diplômés qui souhaitent réaliser une carrière à l'international. En plus d'acquérir une expérience professionnelle auprès d'une grande organisation française, les contrats V.I.E. développent leur expertise dans une équipe internationale et enrichissent leur maitrise d'une langue étrangère. Les jeunes envoyés en V.I.E. perçoivent une indemnisation (variable selon les pays), et leur convention est soumise au droit français et à la protection sociale française.
Sa mission : acheteuse sur plusieurs marchés
Engagée comme acheteuse régionale au service MRO (maintenance, réparations, opérations) on shore, Laura reconnaît que ses missions sont parfaitement conformes à l'annonce à laquelle elle a postulé. Elle est en charge des contrats de maintenance des éoliennes installées chez les clients de GE (EDF par exemple dans le cas de la France). Son travail s'oriente autour de trois axes : "Je suis en charge de l'achat des pièces détachées nécessaires au bon fonctionnement des machines qui ont quelques années d'utilisation", explique la jeune acheteuse. "Je dois également choisir les sous-traitants qui vont réaliser la réparation. Enfin, il me faut aussi louer les machines nécessaires pour réaliser la maintenance, comme les grues". Comme dans la majorité des contrats V.I.E., les missions de Laura sont tournées à l'international. Elle intervient donc sur le marché appelé EMEA, qui correspond à l'Europe, au Moyen-Orient, à l'Afrique et l'APAC.
Points positifs : le statut et l'expérience
En France, Laura était déterminée à acquérir une expérience qualifiée à l'étranger. "Il fallait que j'aille voir ce qui se passe ailleurs", dit-elle. Elle explique que le V.I.E. est une expérience unique, qu'elle considère comme une véritable chance pour se lancer à l'international. "Parler une autre langue, voyager seul, intégrer une équipe étrangère et savoir se débrouiller, cela est un véritable tremplin de carrière. Cela prouve que tu en veux, que tu es un battant", explique-t-elle. De plus, la couverture française de ce contrat est particulièrement avantageuse dans un pays comme l'Espagne où le revenu minimum est nettement inférieur à celui pratiqué en France.
Points négatifs : une arrivée toujours un peu difficile
Lorsque Laura retrace son parcours, elle souligne les difficultés rencontrées à son arrivée, isolée et un peu perdue dans un nouveau pays. Dès son atterrissage sur le sol espagnol, elle a du faire face aux problématiques de tout expatrié (en priorité, trouver un logement), et démarrer en même temps la prise de ses responsabilités en entreprise. Des difficultés matérielles, une maitrise de la langue encore instable et des difficultés d'intégration, voilà ce à quoi un V.I.E. peut être confronté lorsqu'il arrive dans son pays d'affectation. "Au début, j'ai trouvé qu'il était difficile de se sentir chez soi. Je me sentais isolée. J'avais l'impression qu'il y avait les Catalans d'un côté et les 'guiris' de l'autre", explique-t-elle.
Ses conseils : une motivation saine
Si son arrivée en V.I.E. sur le sol espagnol a parfois été difficile à gérer, Laura fait le bilan de son expérience dix mois plus tard, et la situation a bien changé. Aujourd'hui en pleine maitrise de son poste, elle ne veut plus revenir en France. "Il faut bien compter trois à quatre mois d'adaptation (moins si l'on maitrise parfaitement la langue) pour se sentir à l'aise et vivre pleinement l'expérience", dit-elle. "Donc il ne faut pas se démoraliser au début et s'accrocher". Ses conseils pour les jeunes intéressés par les V.I.E. : "Foncez, lancez-vous sans hésitation! Par contre il faut avoir une bonne motivation pour partir, il ne faut pas y aller parce que l'on fuit quelque chose en France". Selon Laura, le V.I.E. doit avoir "un esprit ouvert et une envie de découverte" pour que son expérience soit réussie.
L'avenir est prometteur après un V.I.E.
Selon les statistiques de Pole Emploi, 70 % des volontaires se voient proposer un poste dans l'entreprise d'accueil en fin de mission. Laura, quant à elle, ne jure plus que par une carrière à l'international. Lorsqu'on lui demande quelle sera la suite de son parcours, sa réponde est claire : "Où, je ne sais pas, mais pas en France", s'exclame-t-elle. "Cela dépend de l'entreprise, du pays. Je ne me ferme aucune porte".
Perrine LAFFON (lepetitjournal.com ? Espagne) Jeudi 3 décembre 2015
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