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PLAN CENTENAIRE - Préparer sa vieillesse ou celle de ses proches en Espagne : un laboratoire mis en place à BCN

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 15 décembre 2015, mis à jour le 16 décembre 2015

L'espérance de vie des Français a déjà plus que triplé, passant de 25 ans en 1750 à plus de 80 ans actuellement, et elle continue à augmenter d'environ trois mois chaque année. Il y a fort à parier que plusieurs d'entre nous atteindront 100 ans, peut-être en Espagne. Se pose la problématique du "bien vieillir", qui plus est à l'étranger. Comment envisager sa vieillesse au sud des Pyrénées ? Le "Plan centenaire", à l'initiative de l'UFE de Catalogne, Aragon et Baléares, avec la collaboration de avotresante-barcelone.com et du réseau de résidences pour personnes âgées SARquaviate, répond à la question de la vieillesse et anticipe les problèmes de dépendance qui en découlent.

(Photo Perrine Laffon / lepetitjournal.com) 

Il fallait d'abord déterminer les besoins du public concerné. Dans un premier temps, 3300 questionnaires ont été envoyés à des Français seniors vivant en Catalogne, Aragon ou Baléares, à l'initiative Pierre-Olivier Bousquet, Conseiller consulaire, et de l'UFE Catalogne. L'UFE a présenté les résultats lundi dernier dans le centre de SARquavitae "La Salut" à Barcelone, en présence de Julie Gaudel de la société avotresanté-barcelone.com et d'Olivier Cadic, Sénateur des Français établis hors de France (UDI), membre de la commission des affaires sociales du Sénat. Avec un taux de retour de 15% (492 réponses), l'âge moyen des personnes sondées est de 77 ans et 80% d'entre elles vivent en Espagne depuis plus de 10 ans.

Principales difficultés : les démarches administratives et les déplacements
Grâce à cette enquête, on constate tout d'abord que les Français interrogés sont bien intégrés dans la communauté locale. Malgré cela, la solitude et l'isolement reste un problème pour 36% d'entre eux, et la proportion monte à 53% dans le cas de personnes invalides. Les personnes sondées ont des activités et un lien social avec des tiers pour la majorité d'entre elles.
Parmi les difficultés quotidiennes rencontrées par ces personnes âgées, les démarches administratives semblent être un problème récurrent. De plus, 21% des interrogés ont du mal à se déplacer au quotidien pour faire leurs courses ou aller chez le médecin. Un tiers ont une aide à domicile : pour les tâches quotidiennes dans 60% des cas, et 15% ont une téléassistance.

Seuls 15% envisagent un retour en France en cas de dépendance
Les seniors français vivant dans la région sont satisfaits du système de santé espagnol. Les provinces de Gérone et de Tarragone obtiennent les meilleurs résultats pour l'assistance sanitaire auprès des interrogés, alors que les provinces de Barcelone et de Lerida sont moins bien notées. 75% des sondés affirment ne pas attacher d'importance à la langue de communication pour la santé. Bien que l'écrasante majorité des interrogés aient gardé contact avec leurs proches situés en France, seuls 15% d'entre eux envisagent un retour dans l'Hexagone s'ils devenaient un jour dépendants.

Proposer des solutions à domicile et des services adaptés
La majeure partie des Français vivant en Espagne est issue d'une génération non pas d'expatriés mais de personnes qui se sont installées définitivement dans la Péninsule pour y faire leur vie. Au fil des années, ils vont être confrontés à des questions de vie liées à la famille, à la vieillesse et à la dépendance : "que vais-je devenir si je suis dépendant une fois âgé ?" ; "Mes parents en France deviennent dépendants, et je ne peux pas retourner là-bas, que faire ?"... Julie Gaudel, professionnelle des soins aux personnes âgées, explique que lorsque l'état de santé se dégrade, il est parfois très difficile de gérer une personne âgée dépendante au quotidien, d'où l'importance de décider et de ne pas avoir à prendre une décision dans l'urgence lorsqu'il n'y a plus de choix possible.
Le plan centenaire a pour objectif d'anticiper ces problématiques de la vieillesse de l'autre côté de la frontière et de proposer des solutions pour permettre aux personnes concernées d'avoir le choix de rester vivre où elles le souhaitent, grâce à des services adaptés en français : services à domicile et assistance en français, accueil de jour ou accueil temporaire dans un centre SAR partenaire avec des services médicaux en français.

Favoriser le rapprochement familial
D'autre part, certaines familles sont tiraillées entre le désir de rester à Barcelone où elles ont construit leurs vies, et le souci de s'occuper de leurs parents qui prennent de l'âge et qui deviennent dépendants en France. Le plan centenaire propose à ces personnes de rapatrier leur parent en Espagne à leur côté, en leur proposant un nouveau cadre de vie où ils seront accompagnés par du personnel médical et du personnel d'assistance qui parle français, et pourront rencontrer des personnes de leur âge parlant français.

Test "laboratoire" à Barcelone
Olivier Cadic, Sénateur des Français établis hors de France, membre de la commission des Affaires sociales du Sénat, estime qu'il y a deux types de Français en Espagne : une communauté des Français jeunes qui s'installent à l'étranger pour travailler mais aussi des Français retraités qui viennent s'installer parce qu'ils veulent finir leurs jours au soleil ou récupérer un meilleur niveau de vie. Pour ces derniers, l'étape suivante peut être de se retrouver en situation de dépendance, mais les gens se projettent rarement dans cette situation. "Ils se disent qu'ils n'atteindront pas 100 ans, qu'ils mourront avant, mais il y a de plus en plus de centenaires", explique Olivier Cadic. "C'est bien, mais nous avons des problèmes avec les personnes qui n'ont pas anticipé la situation : être dans un état de dépendance, isolé et dans un autre pays, est quelque chose de terrible. Il y a certains cas dramatiques où les gens sont dépendants de personnes qui ne parlent pas du tout leur langue. Le but du projet est de définir quels sont les défis. Les politiques ne vont rien changer, c'est la société civile qui fait changer les choses. Les politiques doivent définir la problématique et étudier comment travailler avec la société civile pour répondre aux défis de demain. L'idée est de commencer un 'laboratoire' à Barcelone du premier plan centenaire pour pousser les Français à s'interroger sur leur avenir et se demander où ils seront quand ils auront 100 ans, en mobilisant des professionnels passionnés du bien-être des personnes âgées".

Projet en phase de lancement
Le "plan centenaire" vient de rentrer en phase de test à Barcelone. Une convention a été signée avec le réseau de résidences SARquaviate pour mettre en ?uvre un partenariat selon les résultats de cette enquête. SARquaviate dispose de plus d'une centaine de résidences et propose des services d'aide à domicile dans tous le pays. L'UFE va d'abord organiser des évènements dans les centres afin de réaliser des activités en français (jeux, cinéma en français...) qui attireront des seniors français dans ces résidences pour quelques heures, leur permettant ainsi de découvrir les services qui pourraient leur être offerts grâce à ce plan et également rencontrer d'autres personnes dans leur cas. Grâce à ce projet, les Français pourraient finir leur vie en Espagne, sans préoccupation de langue ou d'isolement. Développement à suivre en cours d'année.

Perrine LAFFON (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 16 décembre 2015
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Publié le 15 décembre 2015, mis à jour le 16 décembre 2015

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