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LYCEE FRANÇAIS – Rencontre avec Dominique Duthel, nouveau proviseur du LFB

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 30 septembre 2015

Dominique Duthel a repris les rênes du Lycée français de Barcelone depuis un mois. Agrégé de Géographie, il a d'abord exercé comme professeur au lycée et à l'université  avant d'être Proviseur adjoint du Lycée français d'Athènes, de 2003 à 2006. Il fut ensuite nommé Proviseur du Lycée français de Toronto dans lequel il est resté 5 ans. Après un retour en France où il prit la direction de l'école hôtelière internationale de Thonon les Bains, au bord du lac Léman, il vient de faire sa première rentrée dans l'établissement emblématique de Barcelone.

Lepetitjournal.com : Vous avez plusieurs années d'expérience dans le système éducatif français à l'étranger, et vous êtes maintenant le proviseur du Lycée Français de Barcelone. Quels sont selon vous les atouts de cet établissement?

Dominique Duthel (photo lepetitjournal.com) : Cet établissement a un poids historique dans la ville. Il y a une très forte présence des anciens élèves, qui ont construit un réseau solide et important. Beaucoup d'Anciens inscrivent leurs enfants au LFB, parfois même pour la troisième génération.

Sur le plan pédagogique, le système français a une exigence académique élevée. On habitue aussi les élèves à confronter les points de vue, ce qui les prépare bien aux études supérieures. Il y a un peu moins d'un tiers des élèves environ qui partent en France pour leur cursus après le Bac. En début de parcours, ils restent souvent auprès de la famille à Barcelone, mais il est courant qu'ils partent en France ensuite pour la seconde partie du cursus universitaire pour faire un master par exemple, car ils bénéficient d'un avantage concurrentiel, avec les langues notamment.

Ici au LFB, les élèves ont la possibilité de prendre des cours supplémentaires, des modules facultatifs, dans l'optique de la "Selectividad", la procédure espagnole pour intégrer les universités. En plus du Bac français, ces modules leur apportent des points supplémentaires pour cette Selectividad. Il faut que l'élève soit intéressé par des études académiques, pour suivre ce rythme qui est très exigeant. De plus, cela les prépare bien aux études supérieures.

Comment percevez vous le plurilinguisme en Catalogne ?
L'enjeu est de maintenir cette aura qu'a le Lycée sur la ville, démontrer qu'il est à la fois ancré dans une réalité catalane et espagnole mais également ouvert à l'international. Il y a beaucoup de parcours variés chez nos élèves et leurs familles. C'est notre travail d'équilibrer à la fois le catalan et l'espagnol dans nos formations, de façon à ce que les étudiants bénéficient à la fois de l'ancrage culturel catalan et de l'ouverture à l'international que procurent l'espagnol, le français et l'anglais.

Pour les communications du Lycée, on utilise la langue dans laquelle s'est déroulé l'événement dont on parle, mais dès qu'on est sur un document officiel, on s'exprime dans les trois langues, catalan, espagnol et français.

D'autre part, je constate qu'il y a beaucoup d'élèves qui ont un niveau d'anglais relativement élevé souvent parce qu'ils ont beaucoup bougé avec leurs familles. Nous les préparons aux diplômes du Cambridge (First, Advanced?).

Quels sont vos projets pour le LFB ?
Ce qui me paraît important ici, c'est de s'inscrire dans une continuité. Il y a ce poids historique de l'établissement dans la ville à conserver et à diversifier, et il faut donner toute leur place aux Anciens et aux familles. Dans le fond, nous les proviseurs nous ne sommes que de passage, et la continuité c'est eux, les élèves. Je m'inscris totalement dans le travail fait par mon prédécesseur Joëlle Emorine ; j'ai pu faire une passation en toute tranquillité avec elle depuis le mois de février dernier lorsque j'ai été nommé ici, en prenant le temps de connaître l'ensemble des dossiers. Je crois qu'il faut garder la multiplicité d'évènements culturels qui existent déjà. Il faut poursuivre l'insertion dans le tissu local et l'approfondir. Il y a d'un côté bien sûr l'art et la culture, avec le théâtre, les arts plastiques, l'opéra mais en même temps il y a toute cette culture scientifique qu'on peut partager localement avec des institutions de haut niveau. Nous avons réussi à avoir des partenaires forts comme le ICE (Institut de Ciències de l'Educació). Nous collaborons par exemple avec les universités scientifiques qui ont comme nous des imprimantes 3D. Mais nous pouvons diversifier les parcours avec de nouveaux partenaires. Cette année, nous allons également mettre en place une initiation au pilotage d'avion ; c'est la première fois que l'on propose cette activité dans  un lycée français à l'étranger.

D'autre part, il faut que les gens se sentent bien dans le Lycée, qu'il y ait un sentiment d'appartenance des familles et des anciens à cette communauté. Dans cet esprit, nous mettons en place une newsletter hebdomadaire qui est envoyée à tous les membres de la communauté, qu'ils soient parents, membres de l'équipe pédagogique ou employés. Tous les vendredis, 6.000 abonnés reçoivent maintenant cette newsletter qui raconte ce qui s'est passé dans le Lycée durant la semaine et qui annonce les évènements à venir. Chaque semaine, il y a une multiplicité  de petits évènements qui se déroulent dans la maison, et c'est une manière de connecter et d'informer tout le monde, de la Maternelle à la Terminale.

De plus, nous allons développer le rôle de la web radio, toujours dans un souci de transparence et d'appartenance à la diversité du Lycée. La web radio existe depuis des années en podcast, et maintenant on va essayer de travailler en direct. L'idée est de faire intervenir des invités, des anciens élèves, de réaliser une émission de radio un peu structurée que tout le monde pourra suivre en ligne. L'outil pourrait devenir un moyen de communication interne incontournable. On pourra, par exemple, réaliser un débat en direct dans un cours d'éducation civique, ou encore faire profiter tout le monde de l'intervention d'un invité dans l'établissement.

La diversification linguistique est un des thèmes sur lesquels j'ai beaucoup travaillé dans mes précédents postes, mais les élèves ont des horaires lourds, car avec l'espagnol et le catalan, il faut compter 3 ou 4 heures de cours en plus. Et puis il y a aussi les modules pour la Selectividad, les activités facultatives, l'option théâtre? Il ne faut pas trop charger les élèves non plus, n'oublions pas que ce sont des jeunes qui ont besoin d'équilibre, d'où l'importance de nos associations sportives en rugby en escalade, en basket, en badminton?.

Je pense qu'il me faudra réfléchir à une manière de mettre en place cette diversification sans trop charger les enfants, en organisant par exemple des semaines à thème, en collaboration avec les consulats. Mais c'est un gros chantier que de mettre ça en place dans un lycée aussi grand que le LFB!

Vous qui avez côtoyé le système éducatif canadien, comment vous percevez les élèves à Barcelone ?
Ici il y a à la fois un climat scolaire plus détendu qu'en France, comme en Amérique du nord, et en même temps il y a une certaine tension puisque dans les grandes classes il y a maintenant un enjeu par rapport à ce que vont faire les élèves à l'avenir. On ressent que les familles et les élèves se demandent quel va être le bon choix dans leurs poursuites d'études. Sinon, les gens sont plutôt bienveillants, il y a un réel accueil des nouveaux, un souci que tout se passe bien, et une tendance à voir les choses positivement.

Je suis aussi impressionné par l'APE. Les parents sont très impliqués, ce sont presque parfois des collègues de travail ! Ils prennent part à la vie de l'école, alors qu'ils ont souvent leurs propres occupations professionnelles. Ils ne vont pas se contenter de dire ce qui ne va pas mais ils vont chercher à comprendre avec nous ce qu'il faut faire pour améliorer la situation. Les activités périscolaires de l'APE sont intéressantes et très variées. Elles jouent un rôle très important dans l'école.

La force de cette grande maison est le réseau des Anciens et des parents. Les gens sont impliqués dans cet établissement, et il faut que chacun à son tour apporte sa petite pierre ; pour ma part, ce sera en particulier les réflexions en termes de communication.

Combien d'élèves compte le lycée aujourd'hui ?
Nous comptons près de 3.000 élèves. Il faut souligner une augmentation d'effectif cette année. Je ne sais pas si c'est lié à l'amélioration économique globale, mais nous comptons de plus en plus d'élèves et beaucoup de demandes d'inscriptions. Nous avons désormais neuf classes de Sixième et neuf classes de Cinquième. Dans ce contexte, il faut savoir garder la qualité de l'enseignement et donc ne pas dépasser une trentaine d'élèves par classe. De fait, nous scolarisons en priorité les Français, les binationaux, les enfants d'Anciens, les fratries et les élèves venus d'autres écoles du réseau français à l'étranger.

Il faut également continuer la rénovation des bâtiments que nous possédons (le réfectoire, le gymnase, etc.). Le site de la rue Munner, dédié à l'école maternelle, va connaître une restructuration. L'un des bâtiments va être rasé et reconstruit. Les travaux débuteront en fin d'année scolaire, et ils dureront toute l'année prochaine. L'objectif c'est d'avoir un vrai confort moderne, un lieu fonctionnel et agréable à vivre au quotidien.

Y-a-t-il des évènements incontournables cette année ?
Cette année il n'y a pas d'événement majeur comme ont pu l'être les 50 ans du site de Pedralbes l'année dernière. Nous avons cependant un rendez-vous important à noter le 25 novembre, pour une présentation de beaucoup d'écoles post-bac françaises en collaboration avec Campus France et l'Institut français. C'est bien évidemment notre rôle de présenter quelles peuvent être les poursuites d'études en France et d'encourager les jeunes à s'y inscrire.

Propos recueillis par Perrine LAFFON (lepetitjournal.com ? Espagne) Jeudi 1er octobre 2015
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Publié le 30 septembre 2015, mis à jour le 30 septembre 2015
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