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Liberté de la presse: L'Espagne en recul dans le classement RSF 2018

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CC0 Creative Commons
Écrit par Camille Guil
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 20 mai 2018

L'ONG Reporters Sans Frontières (RSF) a publié mercredi, son classement mondial annuel de la liberté de la presse pour l'année 2017. Depuis 2002, il permet d'établir la situation relative de 180 pays en matière de liberté d'information et s'appuie sur des critères tels que l'indépendance des médias, l'autocensure, le cadre légal, la transparence et la qualité des structures soutenant la production de l'information.

 

Chaque année, le classement mondial de la liberté de la presse évalue la situation du journalisme dans 180 pays. En 2017 (édition 2018), 27 pays ont été placés en situation "très grave", c'est un nouveau record inquiétant. Au total 9% des pays sont en "bonne situation", 17% en "situation plutôt bonne", 35% ont des "problèmes significatifs", 27% sont en "situation difficile" et 12% en "situation très grave".
Selon l'analyse publiée par l'organisation avec le classement, "cette édition 2018 témoigne de l'accroissement des sentiments haineux à l'encontre des journalistes. L'hostilité revendiquée envers les médias, encouragée par des responsables politiques et la volonté des régimes autoritaires d'exporter leur vision du journalisme menacent les démocraties".

 

La liberté de la presse en recul dans le monde

Selon Christophe Deloire, Secrétaire général de l'organisation interrogé par l'AFP, "Ce classement traduit un phénomène malheureusement manifeste, la croissance dans bon nombre de démocraties de l'expression de la haine contre les journalistes, et la libération de cette haine est vraiment dangereuse". Même aux Etats-Unis, où le premier amendement de la Constitution sacralise la liberté d'expression, la formule "ennemis du peuple" employée par Donald Trump pour parler des journalistes a fait chuter le pays à la 45e place. Quant à l'Europe, c'est ici que quatre des plus forts reculs sont enregistrés : la République Tchèque qui perd 11 places (34e), la Slovaquie qui dégringole de 10 places (27e), Malte qui chute de 18 places (65e) et enfin la Serbie qui en perd 10 (77e).

 

La France grimpe, l'Espagne chute

 

La France progesse de 6 places pour arriver à la 33e position en 2018. Selon RSF, "Si la presse est globalement libre et plutôt bien protégée par la loi, le paysage médiatique français est largement dominé par de grands groupes industriels dont les intérêts se trouvent dans d'autres secteurs. Cette situation entraîne des conflits qui font peser une menace sur l'indépendance éditoriale, et même sur la situation économique des médias". L'organisation met également en lumière le "médiabashing" qui a été très virulent pendant la dernière campagne présidentielle.

L'Espagne quant à elle chute de 2 places et se retrouve à la 31e place. Selon RSF, la liberté de la presse a beaucoup souffert de la crise catalane et "les journalistes ont été les victimes collatérales du conflit entre le gouvernement central et le gouvernement catalan". Déjà en octobre 2017, l'ONG avait publié un rapport alertant sur la situation, appelé "La liberté de la presse sous pression en Catalogne".  Ce climat d'hostilité est la raison pour laquelle l'Espagne a chuté dans le classement. RSF rappelle qu'un grand nombre de journalistes des médias indépendants ont subi des lynchages sur les réseaux sociaux, parfois conduits par des attachés de presse du gouvernement catalan. Il souligne aussi que des journalistes ont été agressés physiquement : "Plusieurs ont été physiquement attaqués lors de la couverture des événements liés au référendum, d’autres ont été intimidés dans leur travail par les forces de l’ordre. Des reporters de toutes les chaînes espagnoles et catalanes ont été empêchés de couvrir les manifestations pro-indépendantistes et anti-indépendantistes, par des foules déchaînées". Pour le quotidien de centre gauche El País, il y a quand même des bonnes nouvelles dont la réforme de la radiodiffusion publique, la RTVE, approuvée par le Parlement espagnol qui doit restaurer la pluralité et l'indépendance de la télévision publique, et la fameuse ley mordaza, "loi bâillon", qui reste bloquée, mais représente toutefois une menace pour la liberté de la presse en Espagne. 

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