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Les acteurs économiques catalans unis dans leur diversité

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Antoni Abad : un discours clivant... pour demander l'union © Francis Mateo
Écrit par Francis Mateo
Publié le 24 octobre 2019

À l'occasion de la 25e Nuit de l'Entrepreneur, organisée par le syndicat patronal catalan Cecot, les responsables des grandes organisations réclament un climat plus apaisé. Et davantage de dialogue.


Dans une salle conquise d'avance, le président de la Cecot, Antoni Abad, n'a pas tardé à mettre "les pieds dans le plat" lors de la 25e Nuit de l'Entrepreneur. Un rendez-vous traditionnellement très politique qui ne pouvait évidemment pas déroger à la règle cette année, quelques jours après une semaine agitée à Barcelone. Antoni Abad a donc été ovationné en déplorant l’absence des représentants indépendantistes emprisonnés par décision du Tribunal Suprême. À quelques mètres, le président de la Generalitat Quim Torra et le président du "Parlament de Catalunya" Roger Torrent buvaient du petit lait en écoutant le président de la Cecot : "La sentence n'a rien résolu", a poursuivi Antoni Abad, estimant même que le jugement était "préjudiciable à l'économie catalane". Dans la salle, Artur Mas et Gabriel Ruffian applaudissaient également. 

Mais le président du syndicat indépendantiste catalan a aussi durement critiqué les violences de la semaine dernière et les "dégâts" qu'elles ont provoquées, directement autant qu'en termes d'image. Avant de charger à nouveau contre le déficit d'investissements du gouvernement espagnol en Catalogne : "Si nous considérons l’investissement territorial de l’État en Catalogne au cours des quarante dernières années, nous ne trouverons pas une seule année où le pourcentage consacré aux catalans soit équivalent à notre PIB". Antoni Abad a conclu en demandant à la grande inter-syndicale patronale Foment (dont Cecot est membre) de se positionner pour davantage d’équité en matière de répartition territoriale.


Incertitudes

Un discours clivant, mais qui avait au moins l'avantage de remettre les questions économiques au cœur d'un débat trop souvent affectif (et fortement influencé par les intérêts électoraux!). Sur la scène de la 25e Nuit de l'Entrepreneur, le président de Foment, Josep Sanchez Llibre, a lui aussi appelé à davantage de dialogue (le regard tourné vers Quim Torra). Foment et Pimec (deux organisations patronales catalanes souvent antagonistes), montrent d’ailleurs l'exemple en signant ce 23 octobre un "manifeste" unitaire pour "davantage de stabilité économique, politique et sociale en Catalogne". Un appel également signé par les deux grandes centrales syndicales de salariés, CCOO et UGT. Preuve de la véritable inquiétude des effets du conflit indépendantiste sur l'économie. 

À court terme, la municipalisé de Barcelone a chiffré à 2,5 M€ les pertes liées aux destructions de la semaine dernière ; et selon l'association Barcelona Oberta, les commerçants du centre-ville déplorent un manque à gagner de 30 à 50% au cours de cette même semaine. À long terme, l'incertitude persiste. Même si Antoni Abad se dit plutôt rassurant, admettant cependant une "modération de la croissance" cette année : "Le taux de croissance annuel des entreprises catalanes est de 2% contre 1,2% pour la zone euro. Les créations d’entreprises ont augmenté de 2,85% en Catalogne, et le volume des investissements de 79% ; alors que la croissance des ventes catalanes à l'étranger jusqu'au mois de juillet atteint 2,8%".

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