Il a été nommé Président de Diálogo en juin dernier, suite au départ de José Luis Leal. José María Segovia, avocat en droit des affaires, Associé-Président du cabinet Uría Menéndez, revient dans le cadre de son élection sur les défis et sur le sens donné à l'action de l'association d'amitié franco-espagnole, après 30 ans d'existence.
Lepetitjournal.com : Nous venons de célébrer le 14 juillet et au cours de la cérémonie, il a été répété que la relation franco-espagnole est au beau fixe. Merci Diálogo ?
José María Segovia (Photo lepetitjournal.com) : La relation franco-espagnole a connu des hauts et des bas, et c'est vrai qu'aujourd'hui nos deux pays connaissent une entente quasi-parfaite. Pourvu que ça dure. Diálogo a vu le jour pour resserrer les liens entre la France et l'Espagne, à un moment où la relation n'était pas des meilleures. Avec un Comité d'Administration composé de membres proches de "l'intelligentsia", l'association a pu jouer un rôle dans le rapprochement, en établissant un certain nombre de diagnostics de la situation, notamment concernant la perception qu'avaient les Espagnols des Français, et vice-versa. Sans notre action, la relation eut-elle été pire ? Difficile à dire. Ce qui est certain c'est que sans Diálogo, la relation entre la France et l'Espagne serait grandement restée entre les mains des différents corps diplomatiques. Or un grand nombre de problèmes auxquels se sont confrontés la France et l'Espagne au cours de leur histoire commune n'étaient pas seulement d'ordre étatique, sinon aussi d'ordre culturel. Diálogo a joué un rôle dans la connaissance de l'autre et je crois qu'aujourd'hui, même si les Français connaissent certainement mieux les Espagnols que ces derniers ne connaissent leurs voisins du Nord, il y a dorénavant une bonne image de l'Hexagone et de ses habitants dans les mentalités ibères.
Dans ce contexte, quels sont les défis de Diálogo et les caps que vous souhaitez marquer pour l'association ?
Premièrement, je suis partisan de l'idée que si quelque chose fonctionne bien, il n'est pas nécessaire d'y apporter tout type de modifications. Or cette association a très bien fonctionné pendant 30 ans, comme nous l'avons vu. A cet égard, j'estime que le moins d'inventions extravagantes, le mieux.
Cela dit, il me semble néanmoins que Diálogo reste à ce jour excessivement centré sur Madrid. Cela n'a pas de sens qu'avec les liens énormes qui existent notamment entre la France et la Catalogne, nous ne soyons pas plus actifs dans cette région. Je pense que nous devons réussir à nous développer hors de la capitale et trouver de nouveaux membres sur l'ensemble du territoire espagnol. Concrètement, cela veut dire être en mesure d'offrir aux personnes établies dans d'autres régions une proximité qui n'existe pas forcément aujourd'hui : cela veut dire mettre en place des relais, des appuis, apporter un service sur place. Un de mes objectifs est ainsi d'organiser un événement sur Barcelone à l'horizon 2014.
Les défis posés par la conjoncture économique vont ils marquer la priorité de votre action ?
Il est effectivement primordial d'aider les entreprises à sortir de la crise par le biais des différentes activités que nous pouvons organiser. Attention cependant, à ne pas détourner la nature de Diálogo, qui est avant tout une association d'amitié franco-espagnole, et non une association entrepreneuriale. Cela veut dire que dans Diálogo, il n'y a pas que des entreprises membres, il y a aussi des personnes physiques -et beaucoup, même. S'il est clair que nous portons un regard attentif aux préoccupations des entreprises, nous ne devons pas pour autant négliger l'ensemble de nos actions visant à resserrer les liens entre nos deux peuples, en continuant à promouvoir les activités à caractère culturel ou au niveau du débat d'idées notamment, via les déjeuners-débat, les cycles de conférences "regards croisés" ou les événements que nous organisons, comme "la nuit musicale de Diálogo" par exemple. Nous devons continuer à développer le "Forum des femmes", dont le succès depuis 3 ans démontre l'importance que revêt l'initiative.
Et Diálogo France ?
Diálogo France se porte bien, même si les choses avancent peut être un peu plus lentement que nous ne le souhaiterions. Si nous prétendons mettre en place en France une structure équivalente à celle existant en Espagne, il faut cependant faire les choses bien, et cela veut souvent dire doucement. Nous sommes contents du travail effectué à Paris par Jean-Charles Raufast et jouissons d'un appui de grande valeur, avec l'Ambassadeur d'Espagne en France, D. Carlos Bastarreche Sagües. Si nous appuyons le développement de Diálogo en France, il est important de bien garder à l'esprit que cela reste une structure indépendante, avec laquelle nous entendons plus entretenir des liens de fraternité que des liens de filiation.
En Espagne, l'équilibre entre Français et Espagnols a-t-il basculé au profit de ces derniers ?
Je ne crois pas. Si cette impression existe, il nous faut l'analyser et comprendre ce qu'elle signifie. Diálogo est une association composée de Français et d'Espagnols. Et ces Espagnols se caractérisent par une claire vocation pour la France. Parallèlement, le nombre de Français membres du Conseil d'Administration n'a cessé de croître au cours de ces 10 dernières années. Une des conditions liée au choix de la personne en charge de la Direction Générale, était qu'elle soit de nationalité française. Nous entendons donc respecter le meilleur équilibre qui soit au sein de l'association, sans favoritisme.
Après 30 ans de présidence de José Luis Leal, quels sont à votre avis les critères qui ont penché en faveur de votre élection ?
Ma relation avec Diálogo date de 2007, date à laquelle j'ai repris au sein du Conseil d'Administration de l'association le siège de l'ancien Président du cabinet Uría Menéndez, décédé. Ancien élève du Lycée français de Madrid, j'ai toujours travaillé au sein du cabinet d'avocats de façon spécifique sur les dossiers de la clientèle française, que je connais bien. D'une certaine manière, je suis un Espagnol "francisé", un jacobin, avec toutes les connotations négatives et positives que cela sous-tend. Vice-président de l'association, je n'en ai pas moins été surpris par ma nomination, étant donné la quantité de personnes compétentes siégeant au Comité d'Administration qui auraient également été en mesure d'assumer la fonction. Je pense que le choix s'est porté sur ma personne pour ma capacité de travail, le sens commun dont je fais preuve dans les tâches qui sont les miennes à Diálogo ou à la présidence de Uría Menéndez. Je pense que le Comité d'Administration ne cherchait pas spécialement un "public relation" pour sa présidence, mais plutôt quelqu'un capable de fédérer autour de lui. En me choisissant, le Conseil d'Administration de Diálogo a élu à sa présidence une personne de consensus.
Propos recueillis par Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 22 juillet 2013
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