Édition internationale

IAM – "Barcelone et sa région ont un dynamisme et une créativité énormes"

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 26 avril 2016

Akhenaton, Imhotep, Kephren, Kheops et Shurik'n. Cinq personnages qui constituent le groupe de rap français IAM, considérés comme les pionniers de ce style musical dans l'Hexagone. Auteurs de nombreux morceaux mythiques du rap français comme Petit frère, Nés sous la même étoile, ou encore Je danse le Mia, les Marseillais d'IAM rassemblent toujours autant de fans en France comme à l'étranger après 25 années de carrière. Rencontre avec Imothep, le beat-maker d'IAM, pour les lecteurs du Petitjournal.com avant le concert du groupe à Barcelone vendredi prochain.  

(Photo DR IAM) Lepetitjournal.com : Combien de fois le groupe IAM s'est-il produit à Barcelone et comment percevez-vous le public barcelonais?
Imothep :
Nous sommes déjà venus deux fois. On aime beaucoup le public espagnol parce ce sont des gens qui nous suivent depuis L'École du micro d'argent (l'album succès du groupe), ils connaissent les paroles, et ça fait encore plus plaisir quand c'est à l'international. On a l'impression d'être compris. En plus, c'est un public très chaleureux, très festif. La seule précaution à prendre quand on joue en Espagne est de ne pas commencer le concert trop tôt parce que le décalage au niveau de l'heure du repas fait que les gens n'arrivent pas au spectacle avant 22h. On s'est fait avoir une fois, depuis on s'est adaptés au rythme à l'espagnole. 

Le 29 avril, à quoi peuvent s'attendre les fans qui viendront vous voir? Vous interprèterez votre dernier album Arts martiens et son complément ?IAM?
Il y aura un petit peu de tout. Notre playlist évolue au fur et à mesure des années, mais il y a un certain nombre de titres qui reviennent et qui sont considérés comme des grands classiques d'IAM, en grande majorité des titres issus de l'album L'École du micro d'argent, mais aussi un titre comme Je danse le mia de l'album Ombre est lumière, ou même certains titres qui sont considérés comme des classiques mais qui viennent d'albums solo des membres du groupe. Il y a donc les incontournables que nous continuons à jouer au fil des années, et puis nous agrémentons le show avec des morceaux plus récents issus de nos deux derniers albums. Mais on joue aussi des titres d'album solo qui sont sorti depuis, que ce soit de Shuriken ou d'Akhenaton. On essaie de ne pas restés figés dans une playlist qui aurait quinze ans d'âge et on essaie aussi de jouer l'effet de surprise pour notre public.

Le dernier album Arts Martiens a fait un véritable carton à sa sortie (en 2013), ce qui vous a poussé à produire le bonus ?IAM, quelques mois après. L'année prochaine vous célébrerez les 20 ans de la sortie de L'École du micro d'argent. Comment fait-on pour conserver ses fans et son public après autant d'années? 
C'est une très bonne question qu'il va falloir poser à notre public. Nous le faisons sans vraiment chercher à le faire. C'est à dire que nous avons réussi, je ne sais pas par quelle magie, à garder intacte la passion et l'envie qui nous animent depuis le début pour la création de nos albums. Et c'est ce qui fait que même au-delà de l'évolution et des changements de style que l'on a pu connaître, on a toujours gardé notre moteur, notre motivation : la passion pour le rap, pour la création musicale, pour l'écriture. Notre premier public c'est nous même : il faut que l'on soit totalement en accord et en cohérence avec ce que l'on écrit. Dans le temps c'est payant car en restant fidèles à nous-même et à nos convictions artistiques, je pense que c'est comme ça que l'on a fidélisé notre public et que les gens continue à nous suivre. Après, je pense qu'il y a vraiment une alchimie de groupe qui se fait. Les individualités se complètent bien et on a de bonnes facilités pour travailler ensemble, pour créer ensemble. C'est peut être ce qui explique la longévité du groupe et le fait que le public nous suive depuis si longtemps.

Cela fait 25 ans que vous faites des textes engagés. Quel regard portez-vous sur le rap d'aujourd'hui? 
Il n'y a pas un rap mais une multitude de raps très différents, avec une grande diversité de styles, de sujets, de thèmes d'écriture. Il ne faut pas se limiter à ce que l'on entend dans les grands médias et les grandes radios, que ce soit pour le rap français ou international. Ce que l'on peut appeler le "rap commercial" actuellement n'est pas du tout représentatif de ce qui se fait dans la globalité de la création artistique du rap. Quand on cherche un peu sur internet, sur les petites radios indépendantes et alternatives, on découvre des choses vraiment très riches, très inspirées, très créatives qui se font dans le rap, et aussi en France. Nous, nous ne sommes pas partisan de la formule "le rap c'était mieux avant" : il est vrai que le rap mainstream dont je viens de parler, diffusé sur les grands médias, a peut-être tendance à paraître un peu monotone, et fait preuve de perte de sens par rapport à un autre style de rap d'une autre époque. Ce n'est pas ce qui nous intéresse le plus. En France comme à l'étranger, on essaie de chercher les artistes peu connus, diffusés sur des réseaux différents. Tous les jours je découvre de nouveaux rappeurs avec un univers très personnel, une créativité musicale énorme, un talent d'écriture magnifique. Il faut rester à l'affût : le rap aujourd'hui à tendance à être uniformisé, mais cela est dû au circuit commercial et aux modes de diffusion. Autre problème en France : on a pas de vraie radio rap qui diffuse le rap dans toute sa diversité et dans toute sa richesse, donc il faut aller chercher les talents, sur internet notamment.

Vous aviez prévu un travail (qui finalement n'aura pas lieu) avec le compositeur italien Ennio Morricone. Si l'on imaginait une collaboration avec un artiste espagnol, à qui pensez-vous?
On avait collaboré il y quelques années avec un rappeur d'Alicante qui s'appelle Nacho. Moi quelques années auparavant j'avais collaboré avec un groupe de rap qui s'appelait El club de los poetas violentos. Et on avait aussi collaboré aussi avec une jeune rappeuse qui s'appelle Ari. Donc on n'en est pas à notre première collaboration avec des artistes espagnols. Mais si on devait aujourd'hui travailler ou composer avec un artiste espagnol plus classique, je pense qu'on aurait un peu de mal. Moi j'ai beaucoup aimé un album avec le grand orchestre de tanger, une fusion entre la musique andalouse et la musique du nord du Maroc (musique du film Dingo). Peut-être que ça serait avec cette musique andalouse, à la croisée des chemins entre occident et Europe, la quintessence de la musique de la méditerranée. Je pense que l'on travaillerait avec des artistes de ce style là.

Connaissez-vous Barcelone en dehors des concerts? Que pensez vous de la ville aujourd'hui?
On connait Barcelone, pour la plupart on y est déjà venus en touristes. Moi personnellement, je suis fan de la ville. DJ Kheops, quant à lui, l'est pour le football : c'est un grand supporter du Barça! On adore cette ville, on trouve qu'elle a pris ces dernières années un véritable envol économique ; après ça ne s'est peut être pas fait sans difficultés. Barcelone et sa région ont vraiment un dynamisme et une créativité énormes. Je ne vous cacherai pas que j'y vais souvent, je trouve qu'en Espagne il y a une espèce de mouvement populaire très intéressant. Tous autant que nous sommes dans le groupe, nous aimerions bien avoir un Podemos à la française! On l'attend toujours? On trouve que l'Espagne, et particulièrement Barcelone est une ville très créative et très énergique. Parfois on se prend à rêver de déménager là-bas? Personnellement c'est l'une des villes en Europe dans laquelle je vivrais très volontiers.

 

Perrine LAFFON (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 27 avril 2016
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Publié le 26 avril 2016, mis à jour le 26 avril 2016
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