Dès la sortie de prison, les indépendantistes catalans incarcérés pour avoir organisé le référendum illégal de 2017 ont affiché clairement leurs positions : rester fermes pour mener à bien le projet politique d'une Catalogne indépendante. On est loin d'une sortie du conflit institutionnel.
Les indépendantistes catalans graciés ont tenu leur premier meeting à la sortie de la prison de Lledoners, ce 23 juin. À la porte du centre pénitencier, ils ont été accueillis sous la pluie par leurs familles, amis et sympathisants brandissant "l'estellada", le drapeau étoilé catalan indépendantiste. Et avec des cris "d'indépendance" et de "nous le referons" (en référence au référendum illégal de 2017, qui avait abouti à ces incarcérations), dans une ambiance de joie, d'émotions et d'embrassades. L'occasion était trop belle pour ne pas en profiter politiquement : une tribune de fortune avait été dressée pour permettre aux ex-prisonniers de s'exprimer. Une libération de la parole très attendue dans le contexte de polarisation du débat, dans ce jeu à trois bandes entre la gauche, la droite et les indépendantistes.
À la faveur de cette grâce gouvernementale, les partisans de Pedro Sanchez attendent évidemment un apaisement et un dialogue constructif dans le cadre de la Constitution, alors que le PP et Vox ont durci leurs discours en affichant leur total désaccord avec les rémissions de peines.
Restait donc à connaître les positions des leaders indépendantistes incarcérés à l'orée de ce nouvel épisode institutionnel entre la Catalogne et l’État espagnol.
Rendre réel ce songe d'une république catalane
? Els presos polítics ja han sortit de Lledoners, Puig de les Basses i Wad Ras
— Òmnium Cultural (@omnium) June 23, 2021
Després de més de 3 anys i mig de presó injusta, avui surten per continuar lluitant per l'amnistia, l'autodeterminació i la República catalana! ✊ pic.twitter.com/DaITiUIQwD
Les premiers mots de Jordi Cuixart (président de Omnium Cultural) ont été destinés aux indépendantistes "exilés", à commencer par "le président Carles Puigdemont", mais aussi Marta Rovira, Toni Comin, Clara Ponsati et Anna Gabriel, "toutes celles et tous ceux qui continuent à souffrir le plus durement de la répression de l’État espagnol". Le ton était donné. Jordi Sanchez, président de l'ANC (Assemblée Nationale Catalane), prenait le relais pour affirmer : "Nous sortons (de prison) tous ensemble, dignes, unis, debouts pour gagner la liberté de ce pays, nous ne reculerons pas, nous ne concèderons aucun silence un échange de quelque pardon". "Nous continuerons à lutter pour l'indépendance contre toute forme de répression", confirmait Joaquim Forn (ex-Conseiller de l'Intérieur), avant de laisser la parole à Oriol Junqueras (ex vice-président du gouvernement catalan). S'il restait encore un doute, le président d'Esquerra Republicana de Catalunya (ERC) a définitivement ôté tout espoir à ceux qui attendaient des mots de repentance. Bien au contraire, le dirigeant indépendantiste a été très offensif : "Nous allons continuer à faire, depuis le politique, ce qui n'aurait jamais dû sortir du terrain de la politique, parce qu'il n'y a pas d'idéal plus noble et plus grand que la liberté de son pays, que de lutter pour l'indépendance, les valeurs républicaines, la justice sociale, et les libertés de chacun (…), pour rendre réel ce songe d'une république catalane. Vive la Catalogne libre !".