L'avenue Diagonal verra (enfin) ses travaux d'aménagement entre l'avenue Francesc Macia et le Passeig de Garcia se terminer dans les prochains jours. Des trottoirs élargis à 7 mètres, une avenue piétonne beaucoup plus agréable et une activité commerciale relancée? Pourtant le nouvel axe n'est pas aux goûts de tous. A commencer par les nombreux automobilistes et usagers qui sont en colère.
(Photos lepetitjournal.com) L'aspect positif des travaux importants qu'a connu l'avenue Diagonal (qui ont tout de même coûté 20 millions d'euros), ce sont les retombées économiques issues de cet aménagement. Tout d'abord en terme d'emplois pour les travaux eux-mêmes, nécessitant des ouvriers présents sur le chantier durant tous les mois d'avancement. D'autre part, comme le confie la présidente de l'association des commerçants de Diagonal Barcelona à la presse espagnole, on constate 70% de moins de locaux commerciaux vides sur l'avenue. Et effectivement, les trottoirs plus larges et les allées ombragées invitent les piétons à se promener tranquillement sur cette nouvelle avenue, au grand bonheur des commerçants. La présidente des commerçants ajoute d'ailleurs qu'une hausse du niveau de vente a déjà été constatée.
| L'histoire de l'avenue La Diagonal est l'avenue la plus longue de la capitale catalane avec près de 11kilomètres de long. Elle fut imaginée par Ildefons Cerda au milieu du XIXe siècle, s'inscrivant comme l'une des trois artères principales de la ville dans son projet. Initialement baptisée "Gran Via Diagonal", l'objectif de l'avenue était de pouvoir traverser la ville en ligne droite, et cela en respectant les constructions déjà existantes sur son chemin, sans provoquer trop de désordre. Le développement initial de l'avenue en direction de Llobregat a engendré une profonde transformation dans cette zone encore rurale. Les nombreux architectes, urbanistes et politiques qui ont travaillé sur les différents projets liés à l'évolution de l'avenue Diagonal constituent un reflet des faits historiques dont Barcelone fut scène et témoin à la fois. Les différents dirigeants qui se sont succédés on à chaque fois essayé d'y laisser leur empreinte et démolir celle de ceux qui les avaient précédés. La largeur de l'avenue en a fait, dès les années 30, le lieu où se déroulent les évènements populaires : l'accueil massif de Lluis Companys après la victoire du Front populaire en 1936, défilé de la victoire militaire franquiste de 1939, congrès eucharistique de 1952, Diada plus récemment. A partir des années 60, l'avenue a connu un développement proportionnel à l'expansion économique de la ville, et s'est dès lors convertie en centre d'affaire, avec la construction du siège social de Banco Atlantico en 1967, de la Banca Catalana en 1968, de la Caixa en 1974, et la constrcution du centre commercial diagonal Illa en 1993. Le même développement a eu lieu ces 20 dernières années à l'opposé de l'avenue, du côté de "Besos", avec la construction du centre d'affaire 22@. |
Circulation chaotique aux heures de pointe
Le problème, c'est que pour pouvoir aménager cette avenue pour les piétons, il a bien fallu réduire l'espace ailleurs. Et ce sont les automobilistes qui sortent perdants de ces changements. Car pour pouvoir élargir les trottoirs, la ville a décidé de supprimer, dans chaque sens de circulation, une des deux voies latérales. Avec cette capacité réduite, les embouteillages sont monnaie courante aux heures sensibles, comme l'explique José, l'un des chauffeurs de taxi empruntant l'avenue : "ils nous ont réduit les latéraux à une voie unique, du coup lorsque l'on doit laisser un client, on est bien obligé de s'arrêter, et on bloque tout le monde ! Et c'est la même chose pour les livreurs qui doivent décharger à la hauteur d'un magasin, puisqu'avec ces nouveaux trottoirs ils ne peuvent même pas s'arrêter aux croisements suivant. Ça fait des embouteillages monstres aux heures de pointe. Alors c'est bien beau leurs travaux pour les piétons, mais est-ce qu'ils ont pensé à ceux qui conduisent tous les jours ?"
Taxis, livreurs, autobus
Autre difficulté signalée : la difficile cohabitation avec les autobus. Désormais les voies de bus du tronc central de l'avenue sont réduites à 2,5 mètres de large seulement. Soit quelques centimètres de plus que les bus de la ville eux-mêmes ! C'est d'ailleurs quelque chose qui nous saute tout de suite au yeux, à nous les expatriés, lorsque l'on s'aventure sur la Diagonal. De ce fait, il est parfois impossible pour les voitures de s'engager entre la voie de bus et l'autre voie de circulation la plus à gauche. Les véhicules restent donc coincés derrières le bus sans pouvoir le devancer, et cela crée encore une fois de longs engorgements. Le président de l'association Promocio del Transport Public déclarait récemment que la "réforme est incomplète et antidémocratique, pensée uniquement par rapport aux trottoirs".
Des pistes cyclables mal situées
Parmi les autres modifications contestées, on soulignera l'emplacement des pistes cyclables. A la fin des travaux, la Mairie a dû revoir ses aménagements : face à la dangerosité des voies destinées au véhicules juste à côté de la piste cyclable, des séparateurs ont été installés. Mais il ne s'agit que de petites pièces de 9 centimètre de hauteur, il est donc difficile de les imaginer protéger le piéton d'un choc? 
Décidément, les travaux de l'avenue Diagonal sont contestés par tout le monde. Les piétons, qui ressortent comme les heureux gagnants de ces travaux d'urbanisme, sont eux-aussi mécontents ! La cause ? Les nouvelles dalles installées au sol pour recouvrir les nouveaux trottoirs construits depuis le Passeig de Gracia jusqu'à Francesc Macia. Près de 25.000 pièces ont été installées sur les nouveaux trottoirs de la grande artère de la ville. Ces dalles ont la particularité de représenter en relief des feuilles de platanes, arbre très présent à Barcelone. Une idée originale sur le papier, mais le relief imposé par ce nouveau dallage n'est pas agréable en pratique. En marchant dessus, on note bien le volume des ces "feuilles", qui représentent un obstacle de plus, et surtout un danger, pour les personnes âgées ou à mobilité réduite se déplaçant à l'aide d'une canne. Et les femmes portant des talons fins semblent elles aussi exposées aux dangers de la feuille de platane de l'avenue... Bref, l'avenue Diagonal n'a pas encore finit de faire parler d'elle.
Perrine LAFFON (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 11 mars 2015
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