DIA DE LA HISPANIDAD - La Catalogne boude la fête nationale et prend un peu plus ses distances avec Madrid

La crise diplomatique entre le gouvernement Rajoy et son "homologue" catalan va connaître un sommet aujourd'hui. Aucun représentant de la Generalitat ne devrait assister aux festivités de la fête nationale à Madrid. Certains établissements publics resteront ouverts, zappant ce jour férié. Des dissidents catalans font entendre leur voix

(Photo Creative Commons Antonio Tajuelo)

Entre l'Espagne et la Catalogne, le divorce est consommé. Un mois après l'immense cortège de la Diada qui a conduit 1,5 million de Catalans à manifester leur opposition au pouvoir du gouvernement central de Madrid, le jour de la fête nationale (le jour de l'hispanité) devrait marquer un nouvel épisode dans l'escalade souverainiste qui s'est emparée de toute la Catalogne. Aucun membre de la Generalitat, l'organisation politique qui dirige la communauté autonome catalane, ne va se rendre aujourd'hui au défilé militaire dans les rues de Madrid, contrairement à la tradition. Ni le président Artur Mas, ni qui que ce soit d'autre. Ainsi l'a annoncé mardi Francesc Homs, porte-parole de l'exécutif catalan, au cours d'une conférence de presse : La fête nationale ? "Nous l'avons déjà célébrée", a-t-il assené, faisant référence aux festivités de la Diada, ce "jour national catalan" célébré chaque année le 11 septembre, auquel la Moncloa n'avait par ailleurs pas assisté.

Huit mairies et sept écoles catalanes ouvriront leurs portes en signe de soutien
Dans sa marche lancée vers l'indépendance, la Generalitat peut compter sur le soutien de ses administrés. Outre le mouvement de fond qui regroupe les "territoires catalans libres et indépendants", les établissements publics ne sont pas en reste. Huit mairies, sept écoles et une garderie de Catalogne ont déclaré qu'elles resteraient ouvertes aujourd'hui, accueillant leurs usagers comme si le 12 octobre n'était pas un jour férié.
A la mairie de Cervia de les Garrigues (province de Lérida) par exemple, le personnel assurera sa mission comme un jour ordinaire. De même que l'école de la commune, qui a demandé à ouvrir ses portes. Pour appuyer ce geste, le maire a exprimé sa volonté de modifier le calendrier scolaire 2013 en ajoutant le 12 octobre et le 6 décembre aux autres jours scolaires. Un choix guère surprenant, puisque Cervia de les Garrigues fut la première commune de sa province à avoir déclaré "provisoires" les lois du gouvernement espagnol, en attente de la formation d'un État catalan.
A l'IES La Llauna de Badalona (près de Barcelone), ce sont même les élèves qui ont fait circuler une pétition pour aller en cours aujourd'hui. Ils souhaitent montrer leur "cohérence" avec le sentiment séparatiste qui les anime, en ajoutant qu'ils n'ont "rien à célébrer". Dans une des rues les plus commerçantes de Barcelone, de nombreux magasins seront également accessibles aux passants. "Je n'ai rien à voir avec la célébration de cette fête", estime sur Antena 3 une vendeuse.

Des dissidents catalans organisent une marche pacifiste
Des Catalans dissidents se font malgré tout entendre. Le collectif "La Catalogne est faite de tout le monde" (Catalunya es de todos) organise une marche citoyenne regroupant des "Catalans fiers d'être Espagnols", à 12h, plaça de Catalunya à Barcelone. Parce que selon leur porte-parole, "beaucoup de Catalans ne veulent pas la sécession, et qu'ils se sentent autant Catalans qu'Espagnols".
Le prochain épisode de ce feuilleton à rebondissement pourrait être un épilogue. Le 25 novembre, des élections législatives se tiendront en Catalogne. Elles devraient largement remanier l'échiquier politique de la Generalitat, dont le principal parti, celui de l'indépendantiste Artur Mas, espère plus de marge de man?uvre.

Damien LEMAÎTRE et Arnaud ROY (www.lepetitjournal.com ? Espagne) Vendredi 12 octobre 2012