Français, Espagnols ou Catalans, ils habitent à BCN et ils ont accepté de nous indiquer ce que représente pour eux le 12 octobre, la fête nationale espagnole, qui sera fêtée demain dans tout le pays. Quelles valeurs véhicule pour eux le 12O ? Se sentent-ils concernés par cette fête ?
(Photo Creative Commons Antonio Tajuelo)
David, 36 ans, double nationalité franco-espagnole :
Le 12 octobre en Espagne, c'est l'équivalent du 14 juillet en France. Cette année, avec la polémique qui a lieu autour du référendum lié à l'indépendance catalane, la fête risque de se dérouler dans un contexte particulier. Il y aura un défilé sur le Paseo de Gràcia : il s'agit d'une marche populaire et civique, qui sera constituée de personnes qui se sentent à la fois espagnoles et catalanes. Il est important de bien distinguer cette marche des manifestations organisées par l'extrême droite sur la colline de Montjuic. Pour ma part, je pense que c'est l'occasion de rompre le discours unique qui a lieu en ce moment en Catalogne et qui bénéficie d'un appui institutionnel sans précédents. Le 12O est un jour de fête, j'espère qu'il se déroulera sans incident.
Emilie, 28 ans, Française :
El día de la Hispanidad ne représente pas grand chose à mes yeux, je n'y ai jamais vraiment participé. Je n'ai pas l'impression que ce soit une fête très populaire à Barcelone, et n'en ai pas vraiment entendu parler comparé à d'autres grandes fêtes comme la Mercè. Je ne suis pas au courant des événements organisés par la Ville. La plupart de mes amis catalans ne parlent pas "en bien" de cette fête.
A mon sens, les valeurs que véhicule cette fête sont la préservation des traditions et la fierté de la culture espagnole. Elle est célébrée pour transmettre ce sentiment aux jeunes générations.
Patrick, Catalan francophone :
Je ne ressens aucune hostilité envers la date du 12 octobre. Cette date commémore la découverte de l'Amérique, un fait majeur dans l'Histoire mondiale et une entreprise dans laquelle mon pays, la Catalogne, joua un rôle important. Même si le génocide qui suivit me pousse à croire qu'il faut plus commémorer que célébrer cet événement.
Mais je ne la ressens nullement comme ma fête nationale. Ma fête nationale, c'est le 11 septembre ou la Sant-Jordi. Le 12 octobre, comme le 14 juillet, sont les fêtes de deux pays voisins et amis.
Par ailleurs, même si je me sentais espagnol, je crois que j'aurais du mal avec la récupération franquiste de cette fête, qui fut longtemps le Dia de la Raza. Le 12 octobre évoque pour moi les rassemblements d'extrême-droite à Montjuic. A des années lumière du caractère civique de la Sant-Jordi. Si j'étais espagnol de coeur, je fêterais plutôt le jour de la Constitution.
Carlos, 32 ans, Catalan :
Pour moi c'est un jour comme un autre, qui ne véhicule aucune conotation particulière. C'est comme le 4 juillet, qui est la fête nationale américaine. Je ne vais rien fêter, comme la majorité de mon entourage, pour qui cela ne représente rien non plus. Le 12 octobre, en fin de comptes, on fête la découverte de l'Amérique, c'est à dire la colonisation. Je trouve ça totalement anachronique.
Pierre-Olivier, 35 ans, Français :
Evoluant dans un milieu à la fois français et catalan, constitué de personnes soit indifférentes, soit qui boudent cette fête, je dois admettre que je ne suis pas très informé sur ce qui va se passer ce jour-là et que je n'ai rien prévu de faire, contrairement à la Mercè, que j'ai fêtée.
Juan, 32 ans, Catalan :
Je ne vais pas célébrer le 12 octobre, qui est une fête qui ne représente rien ici et qui est reprise par l'extrême droite, qui défile à Montjuic. Pour moi c'est un jour comme un autre, qui n'a aucune signification particulière, ni en bien, ni en mal. Cela dit, c'est vrai que dernièrement, on sent ici un rejet croissant de cette fête.
Jour de l'Hispanidad célébré en Amérique latine depuis le XIXème siècle, c'est depuis 1958 ?et le régime franquiste? que le 12 octobre, jour de la découverte des Amériques par Colomb, est fête nationale espagnole. L'Hispanidad est l'occasion annuelle pour l'Espagne de rendre hommage à ses forces armées. C'est donc un honneur particulier, pour chaque ville d'Espagne comportant une garnison, de voir ses troupes défiler au c?ur de la capitale... Lire la suite |
Propos recueillis par Léa SURUGUE et Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Espagne) Vendredi 11 octobre 2013