Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

CORRUPTION - Un sport national en Espagne

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 22 mai 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

L'image et le sérieux de l'Espagne sont entachés par diverses affaires de corruption qui ont éclaboussé la politique espagnole ces dernières années. Malgré une volonté affichée de désormais lutter contre ce fléaux, l'Espagne perd en crédibilité en devant faire face à de nouveaux scandales plus incroyables les uns que les autres. Résolument, la corruption semble être une pratique habituelle dans la péninsule ibérique. Voici quelques uns des cas les plus scandaleux :

(photo domaine public) Le cas Lezo
La dernière affaire en date, nommée "opération Lezo", concerne une enquête sur une supposée affaire de corruption autour de la gestion du Canal d'Isabel II, entreprise publique en charge de la gestion de l'eau dans la Communauté de Madrid. L'ancien président de la région, Ignacio González (PP), a été mis en examen pour détournement de fonds dans cette affaire ; il est accusé d'avoir reçu des commissions de la part d'autres détenus dans le cadre de l'opération Lezo. L'organisme Canal d'Isabel II aurait acquis des entreprises latino-américaines à des prix nettement supérieurs au marché, et l'entreprise publique aurait également participé au financement de la campagne politique de l'ancien président régional. Une affaire qui éclabousse d'autres membres du parti ; suite à l'arrestation de son successeur Ignacio González, l'ancienne présidente de la Communauté de Madrid Esperanza Aguirre a présenté sa démission comme porte-parole du Partido Popular (PP) à la mairie de Madrid. Aguirre, qui a ainsi du mettre fin a sa carrière politique après ces accusations de corruption, a déclaré se sentir "trahie et trompée" par son ancien second.

Les affaires Gürtel, Barcenas et Púnica?
Le cas de corruption Gürtel mis à jour en 2007 implique directement le Partido Popular (PP), parti politique au pouvoir en Espagne. L'affaire implique plusieurs communautés autonomes et de nombreux responsables politiques, parmi lesquels figurent trois ex-trésoriers du parti au pouvoir, pour des financements illégaux : Luis Bárcenas, Álvaro Lapuerta et Angel Sanchís. La tête du réseau de corruption serait l'entrepreneur Francisco Correa ("courroie" en espagnol, traduit par "Gürtel" en allemand, d'où le nom donné à l'affaire), accusé d'avoir bénéficié de favoritisme dans l'obtention de certains marchés du secteur événementiel, mais également d'avoir créé un conglomérat d'entreprises pour faciliter le détournement de fonds. L'affaire est toujours en cours de jugement, les accusés font face à des peines de prison de 732 années cumulées, et de plusieurs millions d'euros d'amendes.
Luis Barcenas a quant à lui été particulièrement poursuivi pour avoir payé des sommes d'argent importantes en noir à des hauts dirigeants du Partido Popular.
Enfin, le cas dit Púnica concerne une opération de corruption municipale et régionale à Madrid, Murcie, León et Valence. À la tête des accusés dans cette affaire, on trouve Francisco Granados, secrétaire général du PP de Madrid entre 2004 et 2011 et ancien sénateur.

Accusations à Cristina Cifuentes
Parmi les cas de corruption ayant éclaté au grand jour dernièrement, on retrouve encore un membre du Partido Popular. Cristina Cifuentes, actuelle présidente de la Communauté de Madrid, fait l'objet d'une enquête depuis peu. La Guardia Civil étudie son implication dans un cas de corruption et de perception illégale de primes dans le cadre d'un contrat lié à la construction de la cafétéria de l'Assemblée de Madrid. La présidente s'est immédiatement défendue de ces accusations : elle assure avoir agit en totale conformité avec la loi, et précise que le rapport qui l'accuse "est basé sur un jugement de valeurs mais n'a pas de fondement juridique". Son vice-conseiller régional dédié à l'Environnement a néanmoins présenté sa démission lundi dernier. Affaire à suivre.

ERE et les scandales du PSOE
?Le Partido Popular au pouvoir est au c?ur d'accusations de détournements de fonds et de financements illégaux qui entachent la crédibilité de ses représentants, dont celle du président du gouvernement espagnol. Néanmoins, les scandales de corruption semblent s'étendre à l'ensemble de la classe politique espagnole. En effet, les opposants socialistes ne sont pas en reste niveau accusations. Le plus gros scandale socialiste fut certainement celui du cas Filesa durant les années 1990, un cas de financement illégal découvert au PSOE. Le parti gonflait les contrats publics pour s'attribuer des commissions afin de financer sa campagne. Huit représentants avaient été condamnés à des peines de prison.
Plus récemment c'est le cas ERE qui a secoué le parti socialiste : c'est en Andalousie, où des milliers de personnes avaient perdu leur emploi, que les responsables politiques ont monté ce fond afin de venir en aide aux employées et entreprises les plus touchés. Le système cachait en fait une corruption généralisée au bénéfice des élus et d'intermédiaires, pour un montant estimé à 130 millions d'euros.

?Le cas Noos : corruption dans la famille royale
Cette vaste affaire de détournements de fonds publics qui implique Cristina de Borbón et son mari Iñaki Urdangarin a fait trembler l'Espagne depuis 2011. Le scandale est d'autant plus fort que le cas implique une personne de la famille royale espagnole, la fille de l'ancien roi Juan Carlos et soeur de l'actuel roi Felipe VI. Connue sous le nom du cas Nóos, cette affaire implique dix-sept personnes sur le banc des accusés, dont Urdangarin, le beau-frère du roi, en tête de liste. Les sommes détournées dans le cadre de la construction du complexe Arena de Palma aux Baléares atteignent plusieurs millions d'euros. L'infante Cristina d'Espagne a finalement était acquittée, la justice considérant ainsi qu'elle ne savait pas ce qu'elle signait. Son mari Iñaki Urdangarin en revanche, a été condamné à six ans et trois mois de prison et au paiement d'une amende de 512.553,68 euros.

Le cas Pujol : le scandale catalan
L'un des plus gros scandales de corruption de ces dernières années est celui de Jordi Pujol, ancien président charismatique de la région de Catalogne. À la tête de la Generalitat de 1980 à 2003, l'ancien président a d'abord été accusé de fraude fiscale, lorsque l'on a découvert des sommes correspondant à des millions d'euros sur des comptes appartenant à la famille dans plusieurs pays étrangers. L'enquête révèlera peu à peu une énorme fraude organisée en famille avec sa femme et certains de ses fils, impliquant des sommes considérables d'argent détourné et blanchi. L'affaire est toujours en cours d'enquête ; les derniers éléments font état du blanchiment et de l'évasion fiscale de 14 millions d'euros via des opérations financières en Argentine et en Uruguay.

Les "tarjetas blacks"
Voici l'un des plus gros scandales de corruption connu en Espagne, qui concerne cette fois-ci de hauts dirigeants d'entreprise et non pas des politiques. Au total 65 anciens conseillers et anciens dirigeants de la banque d'épargne Caja Madrid ont été condamnés pour avoir utilisé pendant des années des cartes bancaires fournies par l'entreprise pour payer leurs dépenses personnelles. Les montants dépensés (non déclarés au fisc), qui ont simplement été volé aux caisses de la banque et donc directement dans les économies des épargnants, ont été utilisées pour financer 12,5 millions d'euros de dépenses en cadeaux, restaurants et voyages entre autres. Les accusés ont été finalement condamnés à quelques mois de prison pour les conseillers et à plusieurs années pour les hauts dirigeants de la banque.

Perrine LAFFON (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mardi 23 mai 2017
Inscrivez-vous à notre newsletter gratuite !
Suivez nous sur Facebook et sur Twitter
Téléchargez notre application pour téléphone mobile via Itunes ou via Google Play

lepetitjournal.com barcelone espagne
Publié le 22 mai 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

Flash infos